Saints de glace

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Rose sous la neige Thinkstock

Tout jardinier, amateur ou professionnel, considère la période des Saints de glace comme une épée de Damoclès pointée au-dessus des cultures, celles-ci étant fortement à cette époque de l'année, exposées aux risques de fortes gelées.

Mais ces fameux Saints de glace sont-ils une simple légende moyenâgeuse ou un phénomène météorologique bien réel ? Le point maintenant.

Origine des Saints de glace

C'est au cours du Haut Moyen-Âge (dès l'an 476) que des constatations climatiques sont relevées en Europe, notamment par les agriculteurs. Ils étaient contrariés chaque année à la même époque par le subit retour d'une période de gel matinal parfois rude, néfaste aux cultures. Cette période climatologique de courte durée alimenta généreusement les croyances populaires au Moyen Âge.

Ces gelées subites se manifestaient dès la Saint Mamaire, et coïncidaient avec la Fête des Rogations qui, selon le calendrier liturgique catholique, se déroulait juste avant l'Ascension. Au cours de cette fête, les cultures étaient bénies et les viticulteurs et agriculteurs priaient pour une météo plus clémente et la fin des calamités naturelles.

Mais rien n'y faisait : les prières étaient inefficaces, le froid en cette période de l'année pouvait s'avérer fatal pour les cultures. Aussi finit-on par attendre le retour du beau temps pour la mise en terre des nouveaux plants, à savoir juste après les jours des trois Saints de glace :

  • Saint-Mamert, archevêque ;
  • Saint-Pancrace, jeune martyr et neveu de Saint-Denis ;
  • Saint-Servais, martyrisé sous le règne de l'empereur Néon.

À noter : l'épisode de la lune rousse précède la période des Saints de Glace. En revanche, elle n'a aucun lien de cause à effet.

Saints de glace : quand c'est ?

En 1960, de nombreux saints à l'origine de pratiques rituelles ont été supprimés du calendrier, comme nos fameux Saints de glace remplacés par :

  • Sainte-Estelle : 11 mai ;
  • Saint-Achille : 12 mai ;
  • Sainte-Rolande: 13 mai.

Mais les croyances ont la vie dure et, aujourd'hui encore, binettes et autres outils de jardinage attendent la fin des Saints de glace pour reprendre leur ballet. Pire encore, un vieux dicton semble confirmer qu'au mois de mai - tout du moins dans les régions françaises les plus au nord et à l'est - les risques de gelées peuvent perdurer jusqu'au 25 mai, jour de la Saint-Urbain.

«Mamert, Pancrace, Boniface sont les trois saints de glaces, mais saint Urbain les tient tous dans sa main. » 

Il faut donc retenir que les Saints de glace tombent les 11, 12 et 13 mai de chaque année. La fin de cette période, le 14 mai, est joliment imagée par le dicton suivant : « Le bon Saint-Boniface, Entre en brisant la glace ».

On a donc tout intérêt à ne pas se précipiter dans les régions les plus froides pour reprendre le jardinage, et notamment les plantations de végétaux délicats comme les tomates et bien d'autres. Toutefois, les jardiniers passionnés qui trépignent d'impatience ont la possibilité de planter et semer en serre ou sous abri.

Bon à savoir : dans certaines régions où le climat est relativement doux comme c'est le cas au bord de la mer Méditerranée par exemple, les risques de gelées printanières prennent généralement fin bien avant le mois de mai. On y évoque alors les Saints Cavaliers en avril, ou dans le Biterrois, les Saints vendangeurs ou Saints grêleurs que sont Saint-Georges et Saint-Marc.

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