Lutter contre les scolytes

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Petits coléoptères se nourrissant du bois jeune situé sous l'écorce de diverses espèces d'arbres, les scolytes peuvent provoquer d'importants dégâts chez les résineux comme chez de nombreux fruitiers, allant jusqu'à tuer l'arbre. Dès les premiers symptômes, il faut réagir rapidement. Voici comment lutter contre les scolytes.

Zoom sur les scolytes

Reconnaître les scolytes

On donne le nom de scolytes à plusieurs espèces et genres différents de petits insectes noirs ou bruns qui ont en commun de se nourrir du jeune bois situé sous l'écorce (appelé cambium) de certaines espèces d'arbres. Ce sont tous de petits coléoptères (2 à 7 mm de long) qui participent habituellement, en association avec des champignons microscopiques, à la décomposition des bois morts et qui peuvent s'attaquer également, en cas de stress hydriques répétés notamment, à diverses espèces d'arbres vivants cultivés ou non. Ils peuvent alors causer des dommages très importants notamment dans des forêts de pins et d'épicéas. Mais, ils peuvent également entraîner des ravages sur les arbres fruitiers.

Parmi ces nombreuses espèces de coléoptères en cause, on peut citer :

  • Chez les conifères, pour les pins, le stnénographe du pin (Ips sexdentus) le Myelophilus piniperda et le bastophage du pin (Tomicus piniperda), pour l'épicéa le bostryche typographe de l'épicéa (Ips Typographus) ou le chalcographe (Pityogenes chalcographis), pour les sapins blancs, le scolyte curvidenté (Pityokteines curvidens), et pour les mélèzes le grand scolyte du mélèze (Ips cembrae).
  • Chez presque tous les arbres fruitiers, pour les pommiers, prunier, abricotier, cerisier, pêcher et la vigne… le bostryche disparate (Scolytus mali) et un petit scolyte (Ruguloscolytus rugulosus). Sans oublier le scolyte de l'amandier (Ruguloscolytus amygdali), ni le scolyte de l'olivier qu'on appelle aussi Neiroun.
  • Chez les autres feuillus, pour l'orme Scolytus multistriatus et Scolytus scolytus qui est également le vecteur de la graphiose (maladie décimant cette espèce végétale), pour les frênes Leperinus varius, pour les hêtres Taphrorychus bicolor, pour le bouleau Dryocoetes betulae, pour l'aulne Aliphagus aspericollis, etc.

Cycle de reproduction

  • L'essaimage commence au printemps et continue tout l'été dès que les températures sont supérieures à 18/20 °C.
  • Les scolytes adultes pénètrent en creusant un trou ou par d'autres ouvertures (plaies de coupe, crevasses…) sous l'écorce de l'arbre attaqué pour se nourrir du bois le plus récent et plus tendre situé juste en dessous. Ils peuvent avant cela parcourir en volant jusqu'à environ 1 km.
  • Pour l'accouplement, mâles et femelles creusent une petite cavité. Après accouplement les femelles pondent une centaine d'œufs chacune le long d'une galerie qu'elles ont creusée à partir de la cavité initiale.
  • Après éclosion des œufs, les larves créent de nouvelles galeries perpendiculaires à la galerie de ponte. Se nourrissant de cambium et interrompant la circulation de la sève ascendante, elles entraînent le dépérissement des branches atteintes qui sèchent et meurent rapidement. Devenues adultes, après nymphose, elles sortent à l'air libre par un petit orifice circulaire creusé dans l'écorce ou simplement après décollement de l’écorce.
  • Le cycle peut alors recommencer sur le même arbre ou sur un arbre voisin. Ce cycle qui démarre dès que les températures saisonnières sont favorables peut durer environ 6 semaines (4 seulement pendant les fortes chaleurs estivales). Il peut donc y avoir 3 à 5 cycles annuels.
  • En hiver, l'hibernation des adultes comme des larves a lieu dans le bois sous l'écorce. Les larves se nymphosent au printemps.

Note : si la plupart des espèces de scolytes ayant besoin d'une épaisseur suffisante d'écorce ne s'attaquent qu'aux troncs et grosses branches de diamètre supérieur à 20 cm pour les pins par exemple, d'autres plus petits peuvent coloniser des branches plus petites comme de jeunes tiges ou celles situées à la cime des arbres.

Facteurs favorisants

Les principaux facteurs de leur développement sont :

  • l'état d'affaiblissement de certains arbres dus à de multiples causes telle que des sécheresses répétées ;
  • la succession, ces dernières années, d'étés chauds et secs et d'hivers relativement doux a favorisé leur expansion ;
  • la pullulation de ces ravageurs sur certains arbres atteints, ou certains bois coupés restés sur place, qui va submerger les défenses naturelles des arbres sains alentours (défense telle que la sécrétion de résine par les pins).

À savoir : les arbres affaiblis ou blessés émettent des phytohormones qui attirent les scolytes. Il en est de même pour les odeurs de bois venant d'être coupé ainsi que pour celles de bois mort.

Espèces touchées

Comme nous l'avons vu au premier paragraphe ci-dessus de nombreuses espèces d'arbres, presque tous les fruitiers, autres feuillus ou conifères peuvent être attaqués.

1. Prévenez l'apparition des scolytes

Il n'existe pas de traitement efficace autorisé sur les arbres cultivés par les jardiniers contre les attaques de scolytes. Seul le maintien en bonne santé de vos arbres dans un sol correctement entretenu et fertilisé ainsi que l'apport régulier d'eau en cas de sécheresses prolongée ou répétitive pourront avoir un certain effet préventif.

De même l'élimination complète des branches ou des arbres atteints suivie rapidement de leur incinération pourra freiner ou stopper la propagation de ces ravageurs.

Dans certains cas, l'installation de pièges à phéromones pour éliminer les scolytes adultes peut être efficace en diminuant sensiblement la population de ravageurs.

2. Diagnostiquez l'apparition les scolytes

Le premier symptôme apparent, mais il n’est pas spécifique, est le dessèchement de branches entières sur lesquelles l’écorce peut se soulever. Un examen plus attentif des troncs ou des branches des arbres atteints met en évidence la présence de nombreux petits trous ronds de 2 mm environ (entourés de sciure s'ils sont récents, ou de résine sur les pins).

En soulevant l'écorce, vous pourrez observer des scolytes adultes associés ou non à des larves et des « dessins caractéristiques » et réguliers que forment les galeries si l'infestation n'est pas trop récente.

Les dégâts limités au départ à une ou plusieurs branches peuvent se propager plus ou moins rapidement à l'ensemble de l'arbre et le tuer s'il n'y a pas d'intervention rapide de votre part.

Outre ces dégâts directs dus au blocage de la circulation de sève montante, les scolytes peuvent provoquer des dommages indirects en étant les vecteurs de diverses maladies telles que la graphiose et leurs galeries, la porte d'entrée de nombreuses maladies cryptogamiques.

3. Traitez curativement les scolytes

En sylviculture, il existe des traitements très réglementés sur les bois coupés comme dans les forêts de pins des Landes, et dans certaines cultures fruitières comme pour les pommiers également. Ces traitements très réglementés, toxiques pour l'homme et l'environnement sont trop délicats à mettre en œuvre pour un jardinier amateur.

Les seuls traitements possibles seront donc :

  • d'une part préventifs de façon à maintenir des arbres vigoureux sans stress hydrique ;
  • et d'autre part, l’élimination totale des arbres ou parties d'arbres atteints dès le printemps suivie de leur incinération rapide.

Cas particulier du « neïroun » de l'olivier : apparaissant sur des branches d'arbres affaiblis, il les condamne si vous ne supprimez pas ces branches dès les premiers symptômes.

Ces pros peuvent vous aider