Lutter contre les mineuses

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Portrait d'une mouche Thinkstock

Les mineuses sont des larves de mouches ou de papillons qui causent des dégâts chez certains végétaux en creusant des galeries sous la surface des feuilles. C'est un des fléaux des jardins et des potagers.

Beaucoup de végétaux peuvent en être victimes au verger comme au potager. Les dégâts très spectaculaires ne sont heureusement que rarement graves pour la plante attaquée.

Voici comment lutter contre les mineuses.

Zoom sur les mineuses

Sous le vocable générique de mineuse, on désigne divers parasites comme les asticots ou les petites chenilles qui se nourrissent en creusant des galeries bien visibles dans l'épaisseur des feuilles (le limbe), entre les deux épidermes. Ces mines sont de forme et de taille variables selon les espèces d'insectes concernées.

Cycle

Appartenant à des espèces d'insectes très différentes (lépidoptères, diptères, hyménoptères), les mineuses ont des cycles de vie variables.

Ces cycles présentent cependant des points communs. La ponte des œufs sur les feuilles débute au printemps par temps doux.

À l'éclosion, ils donnent des larves qui pénètrent sous l'épiderme des feuilles du végétal attaqué et passe ensuite tout ou partie de leur vie larvaire à se nourrir dans le limbe de ces feuilles.

Ensuite, elles se transforment en nymphe puis en insecte adulte qui va à son tour pouvoir pondre des œufs sur d'autres feuilles. Selon les cas, un nombre plus ou moins important de générations de mineuses peut se succéder entre le printemps et l'automne, la deuxième étant celle qui produit le plus de dégâts.

À l'automne, lors de l'arrivée du froid et de la chute des feuilles, les mineuses se protègent des températures hivernales selon des méthodes variables :

  • Les adultes se protègent en prenant la forme résistante d'une pupe (exemple de la mineuse du poireau).
  • Les larves tombent avec les feuilles mortes au sol où elles demeurent tout l'hiver (exemple de la mineuse du marronnier).
  • Les larves tombées au sol avec les feuilles s'y enterrent (exemple de la mineuse des citrus).

Au printemps suivant, ces larves ou pupes donnent un adulte pouvant pondre et le cycle redémarre.

Espèces touchées

Chaque espèce de mineuse ne s'attaque qu'à une espèce de plante (ou une famille de plante) en particulier. Mais nombreuses sont les plantes susceptibles d'être attaquées :

1. Prévenez l'apparition des mineuses

  • Au potager ou au jardin d'agrément, pratiquez chaque année la rotation des cultures.
  • Éliminez régulièrement les mauvaises herbes (laiteron, séneçon, etc.) qui peuvent héberger les femelles pondeuses.
  • Surveillez régulièrement vos cultures et plantes d'ornement de façon à supprimer le plus tôt possible après l'apparition des premiers signes d'infestation les feuilles, tiges (tomates) ou boutons floraux (pélargoniums) atteints et brûlez-les.
  • Pour les plantes d'ornement, en cas de repérage de la présence des papillons ou autres insectes volants en cause, vous pouvez protéger les plants indemnes avec des voiles anti-insectes.
  • Pour de grands arbres et au verger, vous pouvez installer des pièges à phéromones pour attirer et éliminer les insectes mâles, ce qui limitera la production d’œufs avant que l'infestation soit trop importante.
  • Pour certaines espèces de mineuses qui parasitent des arbres ou arbustes à feuilles caduques et dont les larves demeurent dans les feuilles en hiver (celles des marronniers), ramassez soigneusement les feuilles mortes et brûlez-les sans tarder.
  • Enfin, assurez-vous que les plants achetés ne présentent pas de signes d'infestation.

2. Diagnostiquez l'apparition des mineuses

Le signe caractéristique d'une attaque de mineuse est l'observation sur les feuilles de stries de différentes sortes qui correspondent aux galeries creusées par les larves.

Ces mines de couleur blanche ou gris-brun clair s'élargissent au cours de l'avancement de la larve qui grossit et qu'on peut apercevoir sous l'épiderme de la feuille. Elles ont une forme assez caractéristique selon les espèces de parasites en cause et sont reconnaissables par un jardinier qui en a eu l'expérience. Elles peuvent être linéaires simples ou ramifiées, mais aussi tortueuses, en forme de spirale, ou ovales, etc.

Les feuilles atteintes peuvent s'enrouler sur elles-mêmes, brunissent puis sèchent et tombent. Cela affaiblit la plante par diminution de la photosynthèse et elle devient plus sensible à l'attaque d'autres parasites ou maladies cryptogamiques principalement.

Chez les fruitiers ou légumes, la récolte diminue ou avorte totalement. Quant aux plantes d'ornement, la dégradation esthétique s'ajoute au dépérissement.

Quelques cas particuliers

Mineuse américaine de la tomate :

  • Les minuscules chenilles d'un petit papillonlépidoptère (Tuta absoluta) creusent leurs galeries chez diverses solanées (poivrons, pommes de terre, etc.) et particulièrement la tomate.
  • Sur les feuilles, les mines ont un tracé étoilé. Les tiges et les fruits verts sont également parasités.
  • Les plants prennent un aspect fané et se dessèchent.
  • Depuis 4 à 5 ans, ce fléau est devenu fréquent dans les cultures maraîchères du sud de la France.
  • Les dégâts deviennent vite importants, car ce lépidoptère peut générer 10 cycles par an.

Mineuse des tiges du géranium :

  • Elle est due à un autre papillon de couleur brune : le brun du géranium (Cacyreus marshalli) qui s'attaque aux pélargoniums lierres et aux pélargoniums zonaux. Les géraniums authentiques de nos régions sont épargnés.
  • Sa minuscule chenille est verdâtre. Apparaissant sur les boutons floraux, elle migre vers les tiges où elle creuse ses galeries. Les tiges attaquées se dessèchent complètement.
  • Il y a 3 cycles de reproduction successifs par an. Ce sont surtout les régions du sud de la France qui sont atteintes.

Mineuse des feuilles du marronnier :

  • C'est encore un papillon (Cameraria ohridella) qui attaque les marronniers d'Inde à fleurs blanches comme ceux à fleurs rouges, en pondant ses œufs sur leurs feuilles.
  • Les mines circulaires nombreuses se rejoignent. La feuille sèche et tombe en début d'été. L'arbre peut être entièrement défolié chaque année sans en mourir, mais son développement ralentit.
  • Toutes les régions de France sont touchées.

3. Traitez une attaque de mineuses

Lorsque ce sont des arbres de taille importante qui sont parasités, il n'est pas commode de se débarrasser de ces ravageurs.

Pour les plantes du potager, les arbustes du jardin d'agrément ou les plantes d'ornement, l'application de traitements est plus aisée à mettre en œuvre.

En début d'infestation, vous pouvez toujours essayer de la stopper simplement en supprimant quelques organes parasités et en mettant en place des pièges à phéromones.

En cas d'attaque importante, plusieurs solutions s'offrent à vous, mais aucune méthode n'a une efficacité totale.

Traitements contre les mineuses respectant l'écologie

  • Pulvérisez une décoction de tanaisie, une infusion de rhubarbe ou une solution à base d'huile de Neem, et ceci aussi longtemps que tous les parasites n'ont pas disparu.
  • Depuis une époque assez récente, le jardinier amateur peut effectuer des traitements biologiques par pulvérisation de Bacillus thuringiensis qui élimine les noctuelles (mais pas les mineuses protégées par l’épiderme des feuilles).
    • Il existe plusieurs souches de B. thuringiensis adaptées aux différentes espèces de noctuelles. Pour le pélargonium, par exemple, pulvérisez toutes les semaines ou 3 fois par mois pendant la saison de végétation.
    • Vous pouvez acheter ces insecticides biologiques en jardineries ou rayons spécialisés de grandes surfaces, sous forme de poudre mouillable à diluer dans l'eau. Le traitement se renouvelle tous les 8 à 10 jours plusieurs fois de suite.
    • L'élimination du produit se fait au bout de quelques heures et n'a donc que peu d'impact sur l’environnement. Évitez toutefois de traiter en pleine floraison lorsque les fleurs sont visitées par les insectes butineurs.
  • Contre la mineuse des tomates, aubergines, gerberas, etc., vous pouvez également traiter biologiquement en utilisant une punaise prédatrice Macrolophus caliginosus (ou pygmaeus). Vous pouvez vous les faire livrer par voie postale en boîtes ou flacons de nymphes sur vermiculite ou d'adultes, les plus petits conditionnements permettant de traiter environ 25 m². Pour traiter efficacement, il faut que la température soit au minimum de 15 °C et les libérer par tas d'individus ce qui facilitera le développement de leur population.

Note : ces traitements biologiques sont assez onéreux, pensez à comparer les prix des divers fournisseurs et marques.

Traitements à base de produits chimiques

Les mineuses étant protégées par l'épiderme des feuilles, seul un insecticide systémique sera actif. Ce genre de traitement est toutefois à exclure au potager ou au verger. La mise en œuvre de ces traitements en respectant les bonnes conditions d'emploi indiquées par le fabricant est compliquée (respect des délais d'attente notamment) et leur absence finale de nocivité est aléatoire.

Ailleurs, l’usage de ces insecticides n'est pas conseillé non plus car ils sont rémanents dans le sol et détruisent également les insectes auxiliaires utiles (y compris les prédateurs des mineuses) et les insectes butineurs. D'autre part, leur emploi entraîne l'apparition de résistances chez les mineuses.

Note : l'insecticide utilisé contre la mineuse des rosiers, des agrumes ou de la tomate est l'abamectine.

Ces pros peuvent vous aider