
La désinfection d’un sol a pour objectif de diminuer le taux d’un inoculum, cryptogamique, bactérien ou de nématodes, dans un terrain particulièrement contaminé, le plus souvent par la répétition de cultures identiques au fil des années. La présence de cet inoculum peut hypothéquer les récoltes futures.
Cette fiche pratique vous explique comment désinfecter la terre d'un jardin.
1. Luttez contre l'inoculum avec des traitements biologiques
Tout d’abord, cherchez des méthodes alternatives à la désinfection pour lutter contre la présence d’un fort inoculum dans votre sol. Vous pouvez essayer :
- de changer de variété ou d’espèce à cultiver ou d’allonger la rotation de vos cultures ;
- lorsqu’ils existent, des traitements biologiques tels que l’application de suspension de spores de Coniothyrium minitans, qui parasitent d’autres champignons pathogènes tels que certains Sclerotinia ou Trichoderma.
C’est lorsque qu’il n’y a pas de traitements alternatifs de votre inoculum ou bien qu’ils ne sont pas efficaces que vous devrez envisager une désinfection pour ne pas hypothéquer vos futures récoltes.
2. Désinfectez la terre de votre jardin
Les méthodes utilisant la vapeur ou des produits chimiques sont trop difficiles à mettre en œuvre et onéreuses pour un jardinier amateur. De plus, leur toxicité pour les applicateurs comme pour l’environnement fait qu’elles sont de plus en plus réglementées et, par le fait, réservées à des professionnels spécialisés agréés.
Heureusement, il existe pour les jardiniers occasionnels des alternatives à l’emploi de ces produits chimiques potentiellement dangereux. Il s’agit d’une part de la solarisation et, d’autre part, d’un traitement à la chaux vive associée à de la soude caustique.
Méthode 1 : désinfectez la terre de votre jardin par solarisation en plein champ
Description de la méthode
Cette technique de désinfection des sols utilise le rayonnement solaire pour augmenter à plus de 40 °C la température d’une couche superficielle du sol (jusqu’à environ 30 cm de profondeur) pendant une durée suffisante (au moins égale à 5 semaines de beau temps) et détruire ainsi la plupart des champignons pathogènes ainsi que de nombreuses bactéries également pathogènes ou pouvant le devenir dans certaines conditions défavorables. Elle permet par la même occasion de réduire efficacement le nombre de graines d’adventices qui s’y trouvent ainsi que certains ravageurs tels que des nématodes. Un film polyéthylène transparent capte l’énergie solaire en surface et l’humidité du sol en dessous transmet la chaleur en profondeur.
Mise en œuvre
Cette méthode n’est pas difficile à mettre en œuvre par un jardinier amateur. Elle nécessite en revanche un emplacement très ensoleillé et le climat du Sud lui convient particulièrement.
- Commencez par préparer le sol en le nettoyant soigneusement en surface et en le débarrassant de tous débris végétaux récents.
- Arrosez-le abondamment (mais en plusieurs fois pour éviter un compactage) de façon à l’hydrater en profondeur et travaillez-le sur une épaisseur de 30 cm environ.
Bon à savoir : l’ajout de fumier décomposé semblerait augmenter l’efficacité de la technique.
- Étalez soigneusement une bâche transparente de polyéthylène en recouvrant ses bords d’une bonne couche de terre sur 30 à 40 cm de largeur de façon à n’offrir aucune prise au vent. Évitez également la formation de poches d’air propices à la germination de graines.
- Pour éviter que votre sol ne sèche trop rapidement, installez quelques rangs de goutteurs. Utilisez-les sans excès et uniquement si votre sol perd de sa fraîcheur au bout de quelques temps (dans un sol sableux léger par exemple).
- Laissez l’ensemble en place pendant 5 semaines au minimum durant les mois d’été les plus ensoleillés et chauds.
Important : l’épaisseur de sol « solarisée » n’étant que d’une trentaine de centimètres, si vous prévoyez de faire des buttes ou des sillons un peu importants pour vos futures cultures, matérialisez-les avant de traiter votre terrain. D'une façon plus générale, ne retravaillez pas en profondeur un sol désinfecté par solarisation car vous risqueriez de faire remonter des contaminants enfouis profondément.
Conseil : veillez à ce que ces espaces à désinfecter soient libres de culture aux périodes favorables aux traitements (juin-juillet-août) ainsi prévoyez une remise en culture uniquement après un temps de repos assez long.
Méthode 2 : utilisez une combinaison de chaux vive et de soude caustique
Description de la méthode
Si, pour une raison quelconque (climatique par exemple), vous ne pouvez pratiquer la méthode de solarisation, vous pouvez, à défaut, essayer de vous rabattre sur un traitement chimique traditionnel sans grand impact sur l’environnement. Toutefois, pensez dans ce cas à bien vous protéger (gants, chaussures, vêtements épais, lunettes…) et manipulez le produit avec soin pour éviter tout contact par éclaboussures.
La chaux vive est un excellent antiseptique qui détruit en les brûlant aussi bien les bactéries que les cryptogames ou les insectes ravageurs. Mais elle ne pénètre pas dans le sol, ce qui réduit son activité assainissante à la surface en contact. C’est pourquoi il faut compléter son action par l’emploi de soude caustique liquide qui, elle, possède un bon pouvoir de pénétration, surtout associée à des mouillants, et qui « brûle » ces germes ou parasites en profondeur.
Mise en œuvre
- Commencez par préparer votre sol en le nettoyant soigneusement en surface, puis en le travaillant sur environ 20 à 30 cm de profondeur pour le décompacter.
- Après avoir égalisé la surface au râteau, répartissez à l’aide d’un pulvérisateur une solution de soude caustique potentialisée à l’hydroxyde de potassium (potasse) et contenant si possible des adjuvants de pénétration (dans le commerce). Pour cela, pour 10 m² environ de surface à traiter, dissolvez lentement 0,5 kg de soude caustique dans 5 l d’eau. Ajoutez ensuite la potasse et les adjuvants de pénétration.
- Laissez agir 12 heures environ par temps sec ou 24 heures par temps humide.
- Ensuite, répandez à l’aide d’une passoire 5 kg de chaux vive.
- Arrosez cette chaux pulvérisée avec 3 à 10 l d’eau (selon l’humidité du sol) au moyen d’un pulvérisateur ou d’un arrosoir muni d’une paume. Laissez agir.