
Le chancre est un problème à ne pas prendre à la légère, il affaiblit considérablement la plante hôte, et peut même la détruire entièrement tout en se propageant à l'ensemble des arbres plantés autour. En à peine plus de deux ans, vous risquez de perdre plusieurs beaux sujets si aucune mesure sanitaire n'est prise.
Qu'est-ce qu'un chancre ?
Un chancre est une ulcération nécrotique du tissu ligneux externe d'une plante causée soit par une attaque bactérienne, soit par une maladie fongique (champignon). Un chancre a une forte propension à se développer, il est très contagieux. Il touche principalement les arbres fruitiers, les conifères et rosiers.
Deux types de chancres existent : le chancre bactérien et le chancre fongique.
- Le chancre bactérien affecte principalement les arbres fruitiers. La bactérie en cause est soit un Pseudomona soit un Xanthomona. Elle apparaît surtout en automne, quand l'arbre est nu et qu'il entre en période de repos. Toutefois, elle est présente sur l'arbre au stade latent depuis le printemps ou l'été, attendant la période propice à son développement.
- Le chancre fongique est quand à lui causé par un ou plusieurs champignons, bien souvent un Coryneum ou un Nectria. Les champignons sont disséminés par les spores, véhiculés par le vent et l'eau. Ils peuvent donc facilement trouver un point d'entrée lors de la taille et n'importe où ailleurs sur l'arbre. La moindre fissure d'écorce est une porte ouverte potentielle, d'où l'intérêt d'avoir des plantes saines.
Le chancre attaque peu à peu les tissus environnant son lieu d'introduction pour s'étendre sous forme de nécroses et contaminer l'ensemble de l'arbre jusqu'à entraîner sa mort si aucune lutte n'est entreprise. Le chancre bactérien est le plus dévastateur.
Bon à savoir : bien souvent qualifié de cancer des arbres pour son développement lent et insidieux, le chancre fut malencontreusement importé de pays asiatiques au XIXe siècle et, jusqu'à présent, aucune campagne de lutte n'est arrivée à son éradication.
Causes et dégâts du chancre
La première cause d'infection par chancre est une blessure portée à une branche ou un tronc. Il suffit de tailler un arbre avec un outil sale, de ne pas mastiquer une plaie d'élagage ou tout simplement d'accrocher l'écorce avec n'importe quel objet qui puisse créer une ouverture dans le bois pour que la porte soit ouverte à l'invasion.
Bon à savoir : une infection par le chancre est aussi fréquente après de fortes précipitations, quand l'arbre reste longtemps mouillé et que le sol est gorgé d'eau.
Une ou plusieurs taches brunes apparaissent sur l'écorce du tronc ou des branches et se creusent de manière concave au fur et à mesure de son évolution. Sa croissance de forme irrégulière est très rapide, créant des crevasses profondes qui peuvent atteindre la partie dure centrale du tronc ou de la branche concernée. Sur le rebord de la crevasse se forme une boursouflure qui, la plupart du temps, laisse apparaître un écoulement de gomme jaune doré.
À partir de là, l'infection gagne très vite l'ensemble de l'arbre.
Au printemps, l'arbre touché donne moins de feuilles, d'aspect maladif, la floraison diminue, la fructification aussi. Feuilles, fleurs et fruits tombent sans raison, souvent avant ouverture ou maturité. Le peu de fruits présents sur l'arbre sont mal formés, nécrosés, les rosiers ont des boursouflures au niveau des coupes de taille et le point de greffe devient un gros amalgame bactérien qui semble éclater. Sur les conifères, les parties vertes se font de plus en plus rares, au moindre coup de vent le sol en est jonché.
À noter : dans le cas de chancre bactérien, les feuilles sont perforées de multiples petits trous et de taches rougeâtres, ce qui permet de différencier les deux types de chancre.
Quels arbres sont concernés par le chancre ?
Tous les arbres fruitiers sont concernés, principalement le pommier. Cerisier, prunier et marronnier sont aussi des proies faciles. Chez les agrumes, tous sont sensibles au chancre, le citronnier plus particulièrement.
Du côté des plantes ornementales, le rosier arrive en première place en terme de contagion, du fait des fréquentes tailles qui occasionnent des plaies. Chêne, frêne, platane, peuplier, saule, conifères, laurier, la liste est longue. Même la vigne et le colza y sont sensibles.
Prévention contre le chancre
Lutter contre le chancre une fois qu'il est établi est long, délicat et compliqué. Dès le début d'une culture, des plants sains et des gestes appropriés sont la clé d'une réussite sans problèmes. Choisissez minutieusement chaque plante lors de son achat. Utilisez des outils propres lors de la mise en terre en évitant de blesser les racines.
À chaque coupe, taille, pincement, de façon générale à chaque fois qu'une plaie doit être pratiquée, utilisez un outil très tranchant préalablement désinfecté. Appliquez immédiatement un mastic cicatrisant et ne taillez jamais sous la pluie.
Sur un chancre fongique, utilisez de la bouillie bordelaise en traitement préventif ou en l'appliquant avant le mastic cicatrisant. Si une branche est atteinte, n'hésitez pas à la couper, à mastiquer la plaie, et brûlez les déchets. Si l'arbre est totalement envahi, tronçonnez-le et brûlez-le. Pas de demi-mesures.
Soigner un arbre creux ou un arbre blessé Consulter la fiche pratique
Traitement contre le chancre
Le cuivre, donc la bouillie bordelaise ainsi que ses dérivés (zinebe, mancozebe), ont une bonne action de contact sur le chancre fongique, mais leur usage répété, en plus d'être toxique pour l'environnement, rend les champignons résistants. Il faut par conséquent alterner l'utilisation de diverses spécialités qui ont des molécules actives différentes. L'étiquette du produit doit préciser « emploi autorisé dans les jardins ».
Bon à savoir : il est possible d'utiliser le cuivre sur chancre bactérien mais son efficacité n'est pas fameuse. Une spécialité biologique existe pour lutter contre ce type de chancre, Bacillus subtilis, préparation à base de bactéries pour lutter contre… les bactéries. Ce produit, vendu sous plusieurs appellations commerciales, se trouve facilement en jardineries et commerces spécialisés.