La chenille du carpocapse, improprement appelée « ver », creuse des galeries dans les pommes et les poires, causant ainsi des dommages considérables aux récoltes du verger. S'il est difficile de lutter biologiquement à 100 % contre cet intrus, on obtient néanmoins de très bons résultats en combinant plusieurs méthodes entre elles.
Cette fiche pratique vous expose les différentes façons de lutter contre le carpocapse au verger. À vous de choisir celles qui vous conviennent le mieux.
Zoom sur le carpocapse du verger
Si vous cultivez des arbres fruitiers, il vous est sans doute déjà arrivé de voir un petit trou brun, le plus souvent sur la peau de vos pommes et de vos poires, parfois des coings, prunes, pêches, abricots et des châtaignes, parfois sur la coque des noix : c’est l’entrée d’une galerie creusée en spirale jusqu’au cœur du fruit par la chenille du carpocapse. Une fois bien nourrie, la chenille sort du fruit et se transforme en papillon. Les fruits atteints tombent souvent de façon précoce ou se conservent mal, outre leur aspect intérieur peu appétissant.
Le carpocapse adulte est un papillon prolifique. La femelle pond 30 à 50 œufs qu’elle dépose, à partir de fin avril, sur les feuilles des arbres concernés, ou encore sur les tiges ou sur l’œil des fleurs fécondées. Les chenilles naissantes ont vite fait de pénétrer dans les fruits, de se métamorphoser en papillon et le cycle recommence. Deux générations de chenilles de carpocapses s'en prennent ainsi à vos fruits en une seule saison : en mai-juin, puis en juillet-août.
Plusieurs moyens de lutte biologique permettent de lutter contre le carpocapse et de sauver une grande partie de votre récolte. Il est souhaitable de combiner plusieurs de ces techniques, aucune n’étant efficace à 100 % sauf l’ensachage des fruits.
Solution 1 : Ensachez les fruits
Méthode ancestrale, l’ensachage individuel des fruits dans des sachets de papier kraft fermés par un élastique est un moyen radical de lutte contre le carpocapse, mais aussi conte les insectes piqueurs (guêpes, frelons) et d’éventuelles maladies, dont la tavelure.
Solution 2 : Ramassez les fruits tombés avant maturité
La lutte contre le carpocapse commence par le ramassage et l’élimination des fruits véreux, tombés au sol avant maturité : vous interromprez ainsi le cycle de reproduction en éliminant la chenille avant qu’elle ne sorte du fruit.
Solution 3 : Posez des bandes de carton ondulé autour des troncs
Des bandes de carton ondulé posées autour des troncs permettent de capturer les larves de carpocapses : en effet elles cherchent un abri en vue de leur métamorphose et en trouveront un très confortable dans le carton ondulé.
En pratique :
- Utilisez soit du carton ondulé de récupération, maintenues à l'aide de trombones, soit des bandes-pièges prévues spécifiquement.
- Posez à 20 cm du sol des bandes de carton ondulé faisant tout le tour de l’arbre et mesurant 15 à 20 cm de large.
- Posez les premières bandes début juin.
- Mi-juin, lorsque les bandes sont couvertes de larves, enlevez-les et brûlez le carton.
- Répétez l’opération chaque mois jusqu’à la récolte.
Solution 4 : Posez des pièges à phéromones
Pour attirer le mâle, la plupart des femelles animales émettent des substances sexuelles appelées phéromones. Dans le cas des carpocapses, un piège à phéromones a pour but :
- d’attirer les adultes mâles et de les piéger afin de limiter le nombre de fécondations ;
- de permettre la comptabilisation des papillons englués dans le piège, ce qui vous permet de savoir si vous avez besoin de recourir à une pulvérisation généralisée d'insecticide.
En pratique :
- Achetez en jardinerie :
- un piège adapté, par exemple un piège « delta » (en forme de triangle) ;
- et des appâts de recharge (plaques engluées et capsules de phéromones) : certains pièges sont livrés sans capsules ou avec seulement 2 capsules, ce qui est insuffisant pour toute la saison.
- Le piège étant ouvert, posez une capsule au centre de la plaque engluée.
- Repliez le piège en forme de delta.
- À l’aide du crochet prévu sur le piège, suspendez ce dernier mi-avril à l’un de vos arbres susceptibles d’être attaqués.
- Comptez un piège pour 2 arbres.
- Renouvelez la plaque engluée et la capsule de phéromone toutes les 5 à 6 semaines jusqu’en août compris.
- Comptabilisez le nombre de carpocapses mâles piégés en 15 jours : s'il y en a plus de 5, attendez 10 jours puis traitez avec un insecticide bio (voir étape suivante).
À savoir : lavez-vous soigneusement les mains après avoir manipulé le piège et la capsule.
Solution 5 : Pulvérisez un insecticide biologique
Dans le cas où vos pièges à phéromones vous ont alerté sur la nécessité d’un traitement insecticide, recourez à un produit à base de granulose, qui est un virus spécifique du carpocapse, ne présentant aucun danger pour la faune auxiliaire. Ce produit se trouve en jardinerie sous le nom commercial de Carpovirusine.
En pratique :
- Attendez 10 jours à partir du moment où vos pièges à phéromones vous ont indiqué la nécessité de traiter.
- Diluez le produit dans l’eau selon les instructions du fabricant et remplissez la cuve d’un pulvérisateur pression avec la solution.
- Pulvérisez vos fruitiers le soir.
- Refaites un traitement tous les 8 à 12 jours, en continuant jusqu'après la récolte des fruits.
Solution 6 : Pulvérisez du sucre
Des travaux de l’INRA (devenu institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement - INRAE - le 1er janvier 2020) ont montré que des pulvérisations préventives de sucre, par exemple de fructose à très faible dose, réduisent considérablement les dégâts dus au carpocapse. Encore expérimental, ce traitement a un coût minime et ne présente aucun danger. Même si la fréquence optimale du traitement n'est pas encore déterminée, pourquoi ne pas l'essayer ?
En pratique :
- Diluez du fructose à raison de 1 g pour 20 litres d’eau.
- Remplissez la cuve d’un vaporisateur pression et pulvérisez la solution sur vos fruitiers mi-avril.
- Dans le doute, en l'attente de prochaines publications, répétez l'opération chaque mois jusqu'en août.
Solution 7 : Attirez des oiseaux et chauves-souris dans votre jardin
Les chauves-souris (oreillards et pipistrelles) et certains oiseaux, en particulier la mésange bleue et la mésange charbonnière, sont des prédateurs du carpocapse.
Plusieurs tactiques peuvent vous permettre de les attirer dans votre jardin :
- Prévoyez un point d’eau (mare, bassin) et des arbres feuillus dans le jardin : le bouleau attire tout particulièrement les mésanges.
- Disposez des nichoirs adaptés aux mésanges (avec un trou de 30 mm) ou fabriquez-les vous-même.
- Disposez une maison à chauves-souris, à au moins 2,50 m du sol, contre un mur ou un poteau. Vous pouvez l'acheter ou la fabriquer vous-même.
- Allumez une lumière la nuit (lampe solaire) : elle attirera les insectes nocturnes, dont les chauves-souris viendront se régaler.