
La chenille du cossus gâte-bois se développe en creusant des galeries de gros diamètre dans le tronc de nombreux arbres feuillus (fruitiers et autres), provoquant leur mort quand il s'agit de jeunes spécimens ou les rendant cassants aux vents au fil des années quand ils sont plus anciens et plus grands.
Voici comment diagnostiquer les attaques de ses larves et lutter contre le cossus gâte-bois.
Zoom sur le cossus gâte-bois
Le cossus gâte-bois est un grand papillon de nuit, de l'ordre des lépidoptères, qui mesure de 7 à 8 cm, au corps massif et velu, de couleur grisâtre.
Cycle biologique du cossus gâte-bois
Le cycle biologique du cossus gâte-bois peut durer 2 ou 3 ans. Les premiers papillons adultes apparaissent de la fin juin jusque vers la mi-août, et volent dès que vient le crépuscule. Les femelles pondent dans les anfractuosités d’écorce des arbres environ 500 œufs, qui au bout de 12 à 15 jours éclosent.
Bon à savoir : les œufs de forme ovale, brun rougeâtre avec des stries plus foncées, mesurent environ 1,2 mm de large et 1,7 mm de long.
Les larves qui en sortent sont de grandes chenilles atteignant jusqu’à 10 cm de long, rose vif lorsqu’elles sont jeunes et qui foncent ensuite avec le temps. Elles possèdent une tête noire munie de mandibules puissantes et un abdomen jaune, et sécrètent en se nourrissant une substance à forte odeur de vinasse. Ce sont elles qui font des ravages, en creusant des galeries sous l'écorce pour se nourrir.
Au printemps suivant, les jeunes chenilles pénètrent carrément dans le bois en creusant de nouvelles galeries plus grosses et légèrement ascendantes jusqu’à l’hiver suivant où elles arrêtent de se nourrir. Après avoir rampé vers la sortie de leur galerie, elles se transforment en chrysalides de 5 à 6 cm munies de plusieurs couronnes de petites pointes acérées. Elles peuvent également se nymphoser dans le sol, durant 1 mois environ, après avoir fabriqué un cocon formé de soie et particules de bois. Lorsque revient le printemps, l'adulte sort une fois sa mue effectuée.
Bon à savoir : on observe alors souvent l’exuvie (enveloppe vide de la larve) accrochée au trou de sortie.
Espèces attaquées
La chenille du cossus gâte-bois s’attaque au tronc de divers arbres fruitiers : pommier, poirier, prunier, cerisier… voire olivier.
Elle puise également sa nourriture dans le tronc de nombreux autres feuillus d’ornement ou sauvages tels que orme, chêne, peuplier, érable, marronnier… ou encore d’arbres producteurs (tilleul, châtaignier).
Les dégâts provoqués par la chenille du cossus gâte-bois
Cet insecte xylophage affectionne souvent les arbres âgés et affaiblis ou blessés. Il est également fréquent dans les terrains en bordure de cours d’eau, peut-être parce qu’y poussent de nombreux arbres qui l’attirent habituellement.
Ce sont plusieurs chenilles qui s’attaquent à un même tronc en y creusant plusieurs galeries profondes, parfois jusqu’au cœur du bois. Foré par plusieurs générations de chenilles, l'arbre dépérit et finit par mourir.
De plus, ces galeries sont souvent la porte d’entrée à d’autres maladies qui viennent s’ajouter à ce parasitisme. Le grand nombre de galeries rend aussi les arbres atteints particulièrement sujets à la casse du tronc sous l’effet du vent.
Bon à savoir : les fruitiers tels que le pommier ou le cerisier sont ainsi très sensibles aux attaques du cossus gâte-bois et meurent rapidement, alors que l’orme, par exemple, est plus résistant.
1. Prévenez une attaque de cossus gâte-bois
Plusieurs méthodes, culturales ou autres, permettent de limiter plus ou moins efficacement les attaques des cossus gâte-bois.
Méthodes culturales classiques ou radicales
Les terrains mal entretenus, enherbés, attirent les cossus gâte-bois. Aussi procédez à un désherbage soigneux du terrain susceptible de subir une attaque de cossus.
De même, le bon entretien et le traitement des arbres – ou l’élimination préventive des spécimens malades ou fragilisés – les rend moins attractifs.
Conseil : en cas d’infestation grave et ancienne, pour éviter de nouvelles attaques et la propagation sur des arbres voisins, il est nécessaire de supprimer les sujets parasités ; abattez-les puis brûlez leur bois.
Méthodes physiques moins radicales mais moins efficaces
Il est également possible de poser des pièges à phéromones spécifiques pour les adultes. Cela permet d’éliminer une partie des mâles et donc de diminuer la ponte des femelles : installez-les dès début juin et en juillet.
Bon à savoir : vous aurez par la même occasion une estimation de la population environnante de cossus gâte-bois.
2. Diagnostiquez la présence de cossus gâte-bois
Vous pouvez diagnostiquer une attaque de cossus gâte-bois si vous observez :
- la présence de trous d'un diamètre important (jusqu’à 1,5 cm) dans la partie basse d'un tronc d'arbre ;
- une sciure de couleur lie-de-vin sortant de ces orifices et s’accumulant au sol au pied de l'arbre, ainsi qu'une forte odeur de vinasse ;
- éventuellement des écoulements de sève le long du tronc.
À la suite d’une cassure vous pouvez apercevoir une ou plusieurs de ces grosses chenilles rose lie-de-vin, à tête noire, qui ne peuvent pas être confondues avec d’autres.
Bon à savoir : les gros papillons adultes, gris-brun argenté, sont difficiles à observer car ils volent de nuit et le jour, ailes repliées, se confondent avec l’écorce ; les chenilles d’autres grands papillons tel Cerambyx cerbo, le grand capricorne du chêne, creusent aussi de grandes galeries mais elles n’ont pas la même couleur, et la fine sciure qu’elles rejettent est jaunâtre et non odorante.
3. Luttez contre une attaque de cossus gâte-bois
Sous l’écorce et dans le bois, les œufs, chenilles et chrysalides du cossus gâte-bois sont à l'abri des traitements phytosanitaires qui ne peuvent les détruire. Dans le cadre d’un début d’attaque sur un nombre limité d’arbres, vous pouvez essayer diverses actions pour éliminer mécaniquement les chenilles et retarder ainsi leur multiplication.
- Outre la mise en place de pièges à phéromones, utilisez un fil de fer pour explorer les galeries et tuer les chenilles présentes.
Bon à savoir : le résultat est aléatoire, notamment pour les galeries profondes.
- Enlevez l'écorce qui recouvre les premières galeries périphériques superficielles, peu profondes, à la base des arbres. Pour les repérer, cherchez les endroits où l’écorce « sonne creux » : vous mettrez au jour des groupes de chenilles de première année et pourrez les éliminer mécaniquement.
Bon à savoir : ce traitement étant rarement exhaustif, son efficacité reste relative.
Conseil : pensez ensuite à mastiquer les plaies ainsi créées.
- Enfin, toujours pour tenter de stopper de nouvelles attaques, badigeonnez dès le mois de mai le collet et la base des troncs une peinture horticole préalablement additionnée de pyréthrinoïdes autorisé pour l’espèce de fruitier menacé : cela empêchera la pénétration des nouvelles jeunes larves.
Bon à savoir : en cas d’attaque ancienne et étendue, malheureusement, seule l’élimination radicale de tous les arbres atteints et la destruction soigneuse de leur bois par le feu pourra garantir la disparition de cossus gâte-bois de votre plantation… mais pas d’une possible ré-infestation ultérieurement.