
Le feu bactérien est une maladie infectieuse qui touche principalement les arbres, arbustes et fruitiers. Elle est redoutable pour deux raisons :
- Il n'existe pas à ce jour de traitement curatif efficace autorisé en Europe.
- Se développant et se disséminant rapidement sur des espèces sensibles, cette maladie peut tuer un arbre ou décimer un verger (ou une haie) en l'espace d'une saison.
Voici comment lutter contre le feu bactérien au jardin.
Zoom sur le feu bactérien
Cycle
La maladie du feu bactérien est due à l'infestation d'un végétal sensible par une bactérie, Erwinia amylovora. Celle-ci peut être apportée par les oiseaux, les insectes, les pluies et également par les greffons ou les outils infestés.
Elle infecte l'arbre principalement par les fleurs au printemps mais aussi à l'occasion de blessures (de grêle ou de taille par exemple).
L'infection se propage ensuite rapidement, sous l'écorce de l'arbre, au rameau entier puis aux branches fruitières et aux charpentières durant l'été, toujours en direction du tronc et des racines atteints à l'automne.
Elle se propagera aux autres végétaux à partir de l'exsudat de gouttelettes infectées qui apparaît sur les rameaux malades et à partir des chancres suintants apparus à l'automne sur l'écorce de ces arbres ou arbustes.
En hiver, les bactéries survivent dans les chancres et au printemps suivant, le cycle recommence.
Conditions favorables de développement
- Cette maladie n'évolue que si les températures sont suffisamment élevées (à partir de 18 °C) et surtout entre 21 et 30 °C.
- Un temps ensoleillé et la présence de fleurs favorisent la présence et l'activité des insectes propagateurs.
- Mais un temps pluvieux ou venteux favorise aussi la dissémination des exsudats.
Tout cela explique la grande contagiosité de cette maladie et son apparition surtout pendant les périodes de floraison pluvieuses.
Espèces touchées
- Les espèces touchées sont des fruitiers tels que les pommiers, poiriers (principalement), cognassiers, sorbiers, néfliers mais aussi des arbres et arbustes sauvages ou d'ornement, aubépines, cotonéasters, pyracanthas, stranvaesia, pommiers du Japon.
- Dans les vergers, ce sont les espèces sensibles de poirier (la passe-crassane en particulier) qui subissent les plus grosses attaques, le plus fréquemment.
1. Prévenir l'apparition du feu bactérien
Comme l'on ne dispose d'aucun traitement vraiment efficace, il est primordial lorsque l'on a planté des végétaux sensibles au feu bactérien de prendre toutes les mesures préventives possibles pour éviter l'apparition de la maladie :
- Désinfectez systématiquement vos outils de coupe à l'alcool à brûler ou à l’eau de Javel (et après travail sur un arbre infecté, n'oubliez pas de désinfecter vos mains et vos vêtements).
- Pour vos apports nutritifs, choisissez un engrais équilibré, et évitez de procéder à des arrosages excessifs, notamment par aspersion.
- Surveillez attentivement au printemps les plantes sensibles au feu bactérien que vous avez récemment introduites chez vous.
- S'il y a des chancres d'une infestation passée, supprimez-les également avec un couteau bien affûté, en parant soigneusement la plaie.
- Désinfectez les plaies de coupe à la bouillie bordelaise ou avec une pâte cuprique.
- Brûlez chaque année les déchets végétaux situés sous une espèce sensible ou qui a déjà eu des signes de maladie.
- Pour les poiriers, supprimez, si c'est faisable, les floraisons secondaires abondantes.
- Ramassez les fruits non récoltés pour éviter d'attirer les oiseaux, vecteurs éventuels de la maladie.
- Intervenez dès les tout premiers symptômes en supprimant immédiatement la partie de plante (en coupant largement en dessous des lésions apparentes 0,50 m à 1 m), ou la plante entière (à arracher), atteinte et brûlez-la sans tarder.
- Le moyen préventif plus efficace est évidemment de ne planter que des variétés plus résistantes, et, au moins, d'éviter de choisir des espèces très sensibles.
Note : aucune variété de poirier ou pommier n'est totalement résistante au feu bactérien. On parle de tolérance pour les plus résistantes (Harrow sweet et Général Leclerc pour les poires). Les plus sensibles sont la Passe-crassane et la Conférence, pour les poiriers et la Gala et l'Idared pour le pommier.
2. Diagnostiquez l'apparition du feu bactérien
Vous pourrez reconnaître le feu bactérien à des symptômes caractéristiques :
- D'abord, les fleurs et les feuilles des bouquets floraux flétrissent puis deviennent noires, comme si elles avaient brûlé. Puis, c'est la branche entière qui subit le même sort en quelques jours.
- Les feuilles de poirier brunissent alors que celles du pommier prennent une couleur rousse et ont toutes un aspect brûlé.
- En séchant, les pointes encore souples des jeunes rameaux prennent une forme courbe de crosse.
- Ensuite, contrairement à d'autres maladies, toutes les parties séchées et noircies ne tombent pas et restent attachées à l'arbre.
- Enfin, des chancres apparaissent sur l'écorce des parties atteintes (branches puis troncs). Les tissus infectés au niveau de ces chancres sont humides et rouge brun chez les poiriers. Parallèlement, surtout en période d'humidité, des gouttelettes de couleur blanchâtre à brunâtre, visqueuses, exsudent de l'écorce atteinte et des chancres.
C'est cet ensemble de signes qui est caractéristique du feu bactérien.
3. Traitez le feu bactérien
Il n'existe pas de traitement curatif autorisé permettant d'éradiquer le feu bactérien.
Si malgré toutes les précautions précédentes vous craignez, par exemple, une récidive ou la présence proche de foyers de cette maladie :
- Vous pouvez effectuer une pulvérisation préventive de décoction de prêle ou d'argile en mars-avril : cela freinerait l'apparition et la diffusion de la maladie.
- Il en est de même pour les pulvérisations de solutions cupriques, bouillie bordelaise et autres.