Lutter contre la cercosporiose

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potager plante vegetal nature woodleywonderworks CC BY 2.0 / Flickr

Très répandue en zone tropicale où elle affecte notamment la culture de bananiers (par Mycosphaerella fijiensis), la cercosporiose est présente en France dans les parties humides de régions telles que le Nord, la Picardie, la Lorraine, la Bourgogne, les vallées de la Marne, de la Seine, de l’Aisne, et les zones de production betteravières en général.

Cette maladie fongique peut causer d’importants dégâts en provoquant, lors d’une forte attaque, la disparition complète du feuillage. Pour les betteraves, cela entraîne par exemple une diminution de leur taille et une baisse de leur taux de sucre.

Voici comment lutter contre la cercosporiose.

Zoom sur la cercosporiose

La cercosporiose (ou cercosporose) est une maladie cryptogamique provoquée par des champignons ascomycètes microscopiques appartenant aux genres Cercospora et Mycosphaerella qui comptent plus d’une trentaine d’espèces pouvant parasiter spécifiquement diverses plantes de culture courante.

Cycle biologique

Ces champignons survivent sur des débris de récoltes auparavant infestées (collet des tiges, feuilles…), sur des semences, ou encore sur diverses plantes adventices telles que les luzernes ou les plantains, grâce à leurs conidies (sorte de spores permettant une reproduction asexuée).

Lors d’une période humide et chaude, habituellement en juillet-août, une seule conidie présente sur une feuille peut se multiplier pour donner naissance à un filament mycélien. Celui-ci pénètre dans les tissus de la feuille par un stomate et va se développer dans toute la plante en disséminant sur la face externe des feuilles des colonies de conidiophores (sortes de petits asques remplis de spores ou conidies). Lors d’un contact avec de l’eau (éclaboussures dues à la pluie ou à un arrosage), ces nouvelles conidies vont migrer plus loin, permettant ainsi au cycle de se renouveler par une nouvelle contamination. L’expansion de la maladie ne se fait dans un premier temps que dans un proche rayon (quelques mètres) du premier foyer infectieux. Un cycle dure environ 15 jours.

Plantes susceptibles d’être attaquées

Ces nombreuses espèces sont spécifiques des plantes attaquées :

Facteurs favorisants

Une fort taux d’humidité (supérieur à 90 %) ou de fortes précipitations pendant le développement de la végétation déclenchent la germination des conidies. Tandis que des températures comprises entre 17 et 27 °C favorisent le développement du mycélium.

1. Diagnostiquez la cercosporiose

Selon les espèces attaquées et la région géographique, les premiers symptômes apparaissent en juillet ou en août. Ils sont à peu près similaires pour toutes les espèces végétales attaquées. Par exemple :

  • Chez les betteraves, Cercospora beticola se manifeste par l’apparition sur la face supérieure des feuilles extérieures d’un grand nombre de petites taches grisâtres, déprimées au centre et plutôt arrondies, avec des bordures brunes à rougeâtres. En se multipliant et en s’étalant, ces taches finissent par se rejoindre, ce qui entraîne le dessèchement de tout le limbe de la feuille attaquée. Si l’attaque est importante, l’ensemble de la culture offre l’aspect d’une surface brûlée. Cette disparition complète des feuilles peut être suivie par une vigoureuse repousse, mais les plants demeurent très amoindris et la récolte qui suit est nettement diminuée (jusqu’à 30 %).
  • Sur les carottes, les attaques sont le plus souvent localisées à quelques plants. Il apparaît également des taches circulaires grisâtres au centre et bordées de brun rougeâtre sur les folioles et parfois sur les pétioles. En revanche, cette maladie disparaît spontanément en septembre, remplacée souvent par de l’alternariose.
  • Sur des laitues, les tâches s’étendent et forment des plages brunes limitées par les nervures. Elles se nécrosent ensuite progressivement. On observe ainsi des portions de vieilles feuilles entièrement nécrosées. Parfois, ces zones nécrosées se couvrent d’un duvet grisâtre à brunâtre. De même on peut quelque fois observer ces taches sur la nervure principale des feuilles.

2. Prévenez la cercosporiose

Vous pouvez prévenir la cercosporiose de plusieurs manières :

  • Tout d’abord, n’utilisez que des semences issues de plantes saines ou traitées.
  • Évitez les excès de fertilisation ou d’apport d’eau et les cultures en sol mal drainé.
  • En cas de cercosporiose dans les environs immédiats, utilisez si possible des variétés résistantes.
  • En cas d’atteinte antérieure, appliquez la rotation des cultures sur vos différentes planches de culture. Vous pouvez également faire une ou deux pulvérisations de bouillie bordelaise en juillet.
Rotation des cultures au potager Lire l'article

3. Traitez la cercosporiose

Si vos plants sont déjà infestés, procédez de la manière suivante :

  • En cas de début d’attaque, le mieux est d’arracher les quelques plants atteints et de les brûler, cette maladie cryptogamique étant difficile à combattre une fois qu’elle est installée.
  • Si ce n’est pas suffisant, que les conditions météorologiques sont particulièrement favorables au développement de la maladie et que vous ne souhaitez pas sacrifier vos cultures, vous pouvez pratiquer des traitements à base de soufre micronisé (environ 80 %) qui sont homologués et utilisables en agriculture biologique (marques Thiovit Jet et Kolthior). Pour cela, intervenez dès le début de l’attaque, avant son expansion, et respectez scrupuleusement les conditions d’emploi indiquées sur l’emballage.

Bon à savoir : ces traitements permettent de combattre d’autres maladies cryptogamiques telles que l’oïdium ou l’alternariose qui peuvent apparaître simultanément ou successivement.

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