Lutter contre le phytophthora

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Lutter contre le mildiou Photos Lamontagne

Sous le terme générique de phytophthora, on désigne plusieurs maladies provoquées sur des cultures potagères, fruitières ou ornementales par de nombreuses espèces de ce champignon oomycète microscopique. Comment les diagnostiquer, les prévenir ou les combattre ?

Voici pas à pas comment lutter contre le phytophthora.

Zoom sur la biologie des phytophthoras

Les phytophthoras sont des champignons microscopiques qui font partie des oomycètes. Leur mycélium peut se nourrir en saprophyte de nombreuses matières organiques (en particulier débris de racines infestées) pouvant se trouver dans des substrats ou des sols. Les phytophthoras peuvent également se conserver dans ces sols, qu’ils soient humides ou secs, pendant de longues périodes selon les espèces, allant de 4 à 10 ans pour Phytophthora fragariae, grâce à leurs spores.

Ils peuvent ainsi s’inoculer à partir de diverses origines : débris végétaux, terreaux, plants infestés, cours d’eau ou étangs contaminés...

Facteurs favorables à leur développement

Quelques facteurs environnementaux favorisent le développement des phytophthoras :

  • forte densité de culture, que ce soit en pépinière ou en plein sol ;
  • excès d’apport azoté ;
  • présence excessive d’eau en temps et en quantité ;
  • sols lourds ou compactés.

Note : les températures optimales de développement varient un peu selon les espèces en cause, de 22-25 °C pour Phytophthora cryptogea à 28-32 °C pour Phytophthora parasitica.

Plantes attaquées

Les plantes susceptibles d’être attaquées sont très nombreuses :

La plupart des espèces de phytophthoras sont polyphages (elles ne sont pas assujetties à une plante en particulier).

Espèces les plus fréquentes

À retenir :

  • Phytophthora cinnamomi (champignons des sols comme de l’eau) est une des plus fréquentes. Elle s’attaque aux éricacées (argousier, myrtille, rhododendron...), aux conifères, etc.
  • Phytophthora nicotianae, la plus commune dans le mildiou des tomates au potager, s’attaque aussi aux agrumes, comme Phytophthora citrophthora.
  • Phytophthora infestans, qui n’est pas rare chez les tomates, peut envahir également des cultures de pommes de terre.
  • Phytophthora cactorum parasite volontiers les rosacées, depuis les fraisiers jusqu’aux cerisiers, pommiers ou poiriers.
  • On peut citer également Phytophthora capsici chez le poivron, Phytophthora drechsleri chez la pastèque, Phytophthora phaseoli chez le haricot, etc...

Dégâts provoqués par les phytophthoras

Ces divers phytophthoras entraînent trois grands groupes de symptômes :

  • Ils entraînent des pourritures du collet et des racines, ce qui est le cas le plus fréquent, qui causent le dépérissement des plantes attaquées. On observe alors un pourrissement au niveau du collet qui se prolonge au niveau des racines et habituellement au bas de la tige.
  • Sur certaines espèces d’arbres qui y sont sensibles, les phytophthoras finissent par envahir progressivement l’ensemble du tronc et des branches, entraînant leur mort. On observe alors un dessèchement des feuilles et une pourriture (par l’intérieur) du tronc, qui devient cassant.
  • Il peut en outre y avoir une atteinte, comme sur les tomates, des parties aériennes (feuilles et fruits). Ce sont de nombreux mildious qui affaiblissent, par diminution de la photosynthèse et jusqu’à les tuer (sans traitement), les plants attaqués.

1. Prévenez les attaques de phytophthoras

Pour prévenir les attaques de phytophthoras :

  • Tout d’abord, ne plantez ou repiquez que des plants sains.
  • Ensuite, abstenez-vous de cultiver des sols lourds humides. À défaut, drainez-les efficacement et faites-y des apports de matières organiques et/ou de sable pour les alléger.
  • Pour éviter des apports d’eau trop importants et/ou fréquents :
    • Paillez votre sol au pied de vos cultures.
    • N’arrosez pas par aspersion. Un apport d’eau par goutte-à-goutte, qui permet de maîtriser parfaitement l'arrosage, conviendra tout à fait, à condition que votre eau soit saine.
    • Préférez un arrosage matinal.

Conseil : pour cultiver des tomates en évitant une rétention d’eau à leur pied, plantez-les sur de petites buttes.

Comment pratiquer la culture sur butte Consulter la fiche pratique
  • Faites des apports d’engrais équilibrés : des fumiers bien décomposés conviennent parfaitement.

À noter : tout stress prolongé (sol trop sec ou trop pauvre) favorise l’apparition de nombreuses maladies dont celles dues aux phytophthoras.

  • Si votre terrain a subi une attaque par le sol :
    • Enlevez soigneusement pendant et en fin de culture toutes les racines et débris végétaux.
    • Puis détruisez-les par le feu.
  • Enfin, pratiquez ensuite une rotation de vos cultures, de 3 ans minimum, avec des plantes peu sensibles aux phytophthoras, telles que des graminées fourragères.

Conseil : nettoyez bien tous vos outils avant de les réutiliser dans d’autres parcelles de terrain encore saines.

Rotation des cultures au potager Lire l'article

2. Diagnostiquez une attaque de phytophthora

Pour diagnostiquer une attaque de phytophthora :

  • En cas de mildiou, les feuilles commencent à se couvrir de petites taches couleur rouille et plus ou moins circulaires. Ces taches, en se développant, finissent par confluer, entraînant le dessèchement puis la chute prématurée des feuilles parasitées.
  • En cas de pourriture du collet et des racines, c’est toute la partie basse du plan atteint qui finit par pourrir et par flétrir. À l’arrachage du plant atteint, les signes d’atteinte sont parfaitement visibles et sans équivoque.
  • Enfin, pour les arbres atteints, les branches brunissent et sèchent et le centre des troncs (lorsqu’on les tronçonne ou qu’ils cassent) apparaît pourri.

3. Traitez les attaques du phytophthora

Attaques foliaires

Lors de cultures en plein champ, en cas d’attaques foliaires, employez un traitement anti-mildiou classique tel qu’une pulvérisation de solution cuprique. Cela devrait être suffisant pour venir à bout de ces attaques.

Lutter contre le mildiou Consulter la fiche pratique

Attaques par le sol des racines et du tronc

Il est difficile de se débarrasser du phytophthora dans le sol ou dans un substrat. Parmi les diverses méthodes possibles de lutte on peut en distinguer deux groupes :

  • Il y a les méthodes de culture : outre les méthodes préventives, vous pouvez essayer une désinfection de votre substrat par la vapeur.
  • Il y a également les méthodes chimiques :
    • La désinfection du sol à l’aide de quelques fongicides chimiques autorisés selon les cultures n’est pas commode à mettre en œuvre et nécessite beaucoup de précautions pour protéger l’applicateur. Elle est plutôt destinée à des professionnels.
    • Un phosphonate, le fosétyl-A1 connu sous le nom d’Aliette, est couramment employé en pulvérisation de solutions diluées, en préventif (après la taille d’une haie de cyprès par exemple) comme en curatif (contre les attaques de Phytophthora cinnamoni ou de Pythium).
    • Le dimétomorphe est également autorisé pour les arbustes ou arbres d’ornement et les cultures florales. Il a également une action préventive et curative par son effet anti-sporulant sur les phytophthoras ainsi que d’autres oomycètes fréquents comme les pythiums.

Note : pour minimiser les risques de résistance, il est conseillé d’alterner l’application de ces deux produits phytosanitaires.

  • D’autres antifongiques chimiques sont couramment utilisés tels que le mancozèbe (souvent associé au myclobutanil) pour traiter les plantes ornementales. Peu toxique, persistant, il se dégrade rapidement dans l’environnement. Son emploi est indiqué aussi bien dans les nombreuses maladies du feuillage entraînées par divers champignons microscopiques dont les phytophthoras, que préventivement dans les cultures de légumes, fruitiers et bien sûr toute plante d’ornement.
  • Enfin, dans le cadre de la lutte contre la fonte des semis ou la pourriture des racines, le chlorure de propamocarbe (un carbamate) est commercialisé sous le nom de Prévicur N. En présence de chancres sur le collet, il est souhaitable, après leur curetage soigneux, d’ajouter un badigeonnage avec une solution cuprique (bouillie bordelaise ou équivalent).
Faire et utiliser de la bouillie bordelaise Consulter la fiche pratique

Important : vous trouvez dans les jardineries ou rayons spécialisés de grandes surfaces de nombreuses spécialités phytosanitaires contenant ces divers principes actifs, seuls ou associés, présentés sous forme de poudres ou solutions à diluer avant utilisation. Lisez attentivement et respectez scrupuleusement les conditions d’emploi préconisées par les fabricants.

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