Lutter contre la pourriture du collet

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On appelle habituellement pourriture du collet un ensemble d’infections cryptogamiques dues à des champignons divers qui apparaissent d’abord au collet de plantes à racines ou à bulbes. Ces maladies peuvent être très préjudiciables à diverses cultures potagères et s’installer durablement dans votre sol si vous ne les combattez pas. Diverses mesures préventives peuvent vous permettre de les éviter totalement ou en partie.

Voici comment lutter contre la pourriture du collet.

Zoom sur la pourriture du collet

Plusieurs espèces appartenant à plusieurs genres de champignons peuvent entraîner la pourriture du collet, principalement dans des sols trop humides. Les genres Phytophthora, Sclerotinia, Athelia (ex Sclerotium) et Botrytis sont les principaux.

Cycle de vie et conditions de développement

Ces champignons peuvent passer l’hiver dans un sol infesté ou dans des débits végétaux sous forme de filaments mycéliens ou de spores. Leur déplacement/expansion est favorisé dans des sols humides mal drainés vers les racines des plantes sensibles.

  • Le développement de la sclérotiniose, également appelée pourriture blanche, est favorisé par des températures douces accompagnées d’un fort taux d’humidité.
  • Une température du sol supérieure à 18 °C accompagnée d’une chaleur ambiante entre 24 et 29 °C et de pluies prolongées feront flamber les Phytophthora.
  • Une autre espèce de champignon microscopique, Sclerotium (ou Athelia) rolfsii, se propage rapidement dans des sols humides entre 27 et 33 °C.
  • Quant aux botrytis, c’est à une température de 22 à 23 °C qu’ils se développent le plus.

Notons également que des nématodes minuscules peuvent s’attaquer de façon concomitante aux collets.

Enfin, pour tous, des pluies prolongées ou un arrosage excessif sur une terre compacte à la sortie de l’hiver sont des facteurs déclencheurs.

À noter : ces champignons peuvent rester plusieurs années dans la terre.

Cultures concernées

  • Les Phytophthora s’attaquent aux collets de sureau, de cornouiller, de lilas… et même de fraisiers.
  • Les Sclerotinia, eux, menacent potentiellement le plus grand nombre d’espèces végétales, qu’elles soient ornementales (nombreuses plantes à rhizomes et à bulbes : tulipes, narcisses…) ou potagères (carottes, cucurbitacées, pois ou haricots, tomates, oignons ou ail et même salades ou persil…).
  • Athelia rolfsii, ou Sclerotium rolfsii, provoque les pourritures à Sclerotium, assez rare en métropole (surtout sur la Côte d’Azur, le pays basque ou le Roussillon), mais courante dans les D.O.M.-T.O.M. Chez les tomates, ces attaques commencent au collet.
  • Enfin les botrytis peuvent s’attaquer également à l'ail, aux oignons, aux échalotes

D’une façon générale, toute plante qui ne supporte pas un sol mal drainé devenu trop humide peut être concernée par une pourriture du collet.

1. Reconnaissez la pourriture du collet

Le diagnostic de la pourriture du collet ne peut se faire avec certitude qu’en laboratoire. Toutefois, les symptômes visibles dès le début de ces maladies sont très semblables et suffisamment caractéristiques d’une attaque cryptogamique pour vous permettre de les soupçonner et de lutter contre eux par des mesures préventives ou curatives qui sont communes à toutes ces affections du collet.

  • L’aspect du collet atteint peut varier du noir au rougeâtre (pour les fraisiers par exemple), au blanc le plus souvent (chez les sclérotinioses).
  • On observe habituellement des taches moisies colorées (brunes à noires) et translucides, d’abord sur le collet puis sur les racines. Un épais mycélium blanc à jaunâtre peut recouvrir des feuilles et portions de tiges proches du sol. Sur les bulbes, ce sont les écailles qui sont progressivement envahies. Enfin, la plante flétrit rapidement.
  • Lorsque des fruits proches du sol sont atteints, ils montrent des lésions jaunâtres puis pourrissent avec une pourriture humide.
  • De même, l’écorce interne et le bois au bas du tronc, lorsqu’il y en a, peuvent changer de couleur et montrer des nécroses striées, d’un brun plus ou moins foncé, nettement différenciées des tissus sains.
  • Quant aux bulbes, ils finissent par pourrir entièrement. Malheureusement, sur les oignons, la maladie n’est souvent détectable qu’en cours de conservation, contrairement aux échalotes, où cela est visible en début de culture car les feuilles deviennent très fines et peu vigoureuses.

Dans tous les cas, la base de la plante exhale une odeur très désagréable.

Bon à savoir : d’autres maladies cryptogamiques dues à d’autres champignons du sol peuvent provoquer au début de leur infestation des symptômes similaires (pourridié des racines, armillaire…).

2. Prévenez la pourriture du collet

  • Tout d’abord de bonnes conditions de culture dans un sol qui convient aux plantes évite le plus souvent cette maladie. Une bonne aération des semis ou des plantations permet de limiter l’expansion de la maladie. Évitez de faire des apports trop riches en engrais azotés.
  • Si vous ne possédez qu’un sol lourd pour vos plantations, créez au préalable un système de drainage efficace.
  • D’autre part, veillez à toujours maintenir votre matériel de jardinage propre et à le désinfecter à l’alcool à brûler ou à la Javel si vous l’avez utilisé au préalable pour des plantes ou dans un sol contaminés.
  • Évitez de replanter dans un sol que vous savez contaminé avant plusieurs années ou sans l’avoir désinfecté au préalable. D’une façon générale, pratiquez toujours la rotation des cultures qui préviendra également d’autres ré-infestations.
  • Éliminez soigneusement tous les débris végétaux en phase de décomposition.
  • Évitez toujours d’endommager mécaniquement le collet de vos plants de cornouillers, lilas, sureaux, etc.
  • Veillez à ne planter que des plants, des bulbes ou des rhizomes parfaitement sains et sans traces de blessures.

3. Traitez la pourriture du collet

Moyens de lutte mécaniques

N’hésitez pas à améliorer le drainage de votre sol. Pour un sol trop contaminé, une solution peut consister à le remplacer sur une vingtaine de centimètres d’épaisseur par de la terre saine.

Méthodes culturales

Si vous n’avez qu’un plant (ou peu de plants) fortement atteint, la meilleure solution de lutte consiste à l'arracher et à le brûler. Ne replantez rien à cet emplacement ou traitez d’abord le sol. S’il s’agissait d’une potée, débarrassez-vous également du substrat ou traitez-le. Vous pouvez récupérer le pot après l’avoir traité à l’eau de Javel.

Traitements phytosanitaires non spécifiques

Il n’existe pas à ce jour de produits écologiques pour traiter les pourritures du collet, hormis celles dues à des botrytis.

Cependant, divers fongicides autorisés (voir le site officiel e-phy.agriculture.gouv.fr) vous permettront, si vous n’y arrivez pas autrement, de traiter votre sol ou le substrat de vos potées contre la présence de ces champignons. De même, il existe des spécialités phytosanitaires autorisées pour traiter une plante d’ornement atteinte par la pourriture du collet par pulvérisation sur ses feuilles :

  • Le propamocarbe est un fongicide autorisé dans de nombreuses cultures potagères dont les salades, endives, céleris, concombres, choux, oignons… pour éradiquer ces champignons dans le sol.
  • D’autres spécialités phytosanitaires contenant du chloronitrobenzène seront efficaces pour éradiquer la pourriture du collet de vos plantes avant de les mettre en terre. Elles peuvent également être incorporés au sol (ou au substrat d’un pot) sous forme de granulés à utiliser au moment de la plantation.
  • Enfin, vous pourrez traiter une plante d’ornement avec un fongicide foliaire à base de flutolanil en pulvérisation sur son feuillage qui l’absorbera vers la sève.

À noter : certains amateurs d’orchidées traitent la pourriture du collet de ces plants en appliquant de l’eau oxygénée au moyen de cotons-tiges un jour sur deux jusqu’à disparition de la formation d’un peu de mousse gazeuse sur les parties visiblement atteintes.

Ces pros peuvent vous aider