Lutter contre les cochenilles

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Pas faciles à éliminer, les cochenilles, parasites fréquents au jardin et au verger ou sur les plantes d'ornement, sont de minuscules insectes piqueurs-suceurs de sève. Ils pompent la sève pour s'en nourrir et sécrètent un miellat qui bloque la photosynthèse et donc le développement des plantes atteintes. Atteignant notamment oliviers, lauriers-roses et agrumes, ils marquent souvent leur présence par de petits amas blancs cotonneux ou des agrégations de boucliers cireux.

Voici nos astuces pour lutter contre les cochenilles.

Zoom sur les cochenilles

Ces minuscules insectes parasites sont étranges autant par leur forme que par leur biologie. Ils font partie d'une vaste famille comptant plus de 5 000 espèces avec environ 180 en France, dont une quinzaine provoque des dégâts culturaux.

Petits insectes discrets, mais redoutables, les cochenilles ont colonisé toutes les régions du monde sous tous les climats et se sont adaptées à tous les milieux. Dans les végétaux, on peut en trouver partout : feuilles, racines, rameaux, troncs, fruits, arbres des forêts comme plantes intérieures d'ornement. En France, elles affectionnent particulièrement l'olivier, le laurier rose et les agrumes.

Certaines sont bisexuées avec une grande différence morphologique entre femelles et mâles (seuls ceux-ci peuvent voler), d'autres sont hermaphrodites. Mais toutes ont une grande faculté de reproduction, soit sexuée, soit par parthénogenèse qui leur permet d'envahir rapidement une plante ou un arbre, en passant par la ponte d’œufs, puis un état larvaire comprenant plus ou moins de stades (jusqu'à 5) selon les sexes.

De même, leurs caractères morphologiques sont très variables :

  • Elles mesurent de 0,4 mm pour les diaspines à 35 mm pour Aspidoproctus maximus (une géante !).
  • Certaines ont un tégument mou, d'autres un tégument rigide ou une combinaison des deux, mais toutes sont protégées (adultes et larves) par des sécrétions laquées ou cireuses contre toutes solutions aqueuses. D'où la difficulté pour s'en débarrasser.
  • Certaines de ces sécrétions peuvent prendre un aspect cotonneux blanc caractéristique.

On les classe en trois grands groupes :

  • cochenilles farineuses (cochenille farineuse des serres) ;
  • à carapace (cochenille de l'olivier, pou des Hespérides, etc.) ;
  • ou à bouclier (pou de San José, cochenille du fusain, etc.).

Par leur appareil piqueur-suceur ventral, elles percent les téguments des végétaux pour pomper ensuite la sève et s'en nourrir. Parallèlement, elles provoquent la sécrétion de miellat qui s'écoule sur les feuilles et les fruits, bloquant la photosynthèse.

Cependant, depuis plus de 2 000 ans, ces cochenilles sont également pour les hommes une source de colorants, médicaments, additifs alimentaires par leur exploitation d'abord artisanale puis industrielle.

Par exemple, les kermès ou graines écarlates vivant sur les chênes du même nom sont longtemps restés des sources de colorant de l'Antiquité pour teindre la laine ou la soie. De même jusqu'au XVIIIe siècle, le kermès entra dans la composition de nombreux médicaments et on l’emploie encore de nos jours en Italie pour fabriquer une boisson : l'alkermès.

Une autre cochenille vivant sur les cactus, la grana fina d'abord utilisée par les Aztèques en Amérique centrale comme source de colorant, a été reprise ensuite industriellement par les Espagnols au XIXe siècle en Andalousie. Cette activité persiste au Pérou où ce colorant entre dans la fabrication de sirops, bonbons, rouges à lèvres et remplace l'usage de l'aniline.

On trouve de même en Chine ou en Inde l'usage ancestral d'autres cochenilles pour fabriquer ce vernis très dur permettant de laquer objets communs et meubles.

1. Diagnostiquez la présence de cochenilles

En agriculture, nombreuses sont les plantes susceptibles d'être attaquées par les cochenilles, les arbres fruitiers comme les plantes d'intérieur (et sous serre), les arbres ou arbustes d'ornement ou encore les plantes grasses sont souvent touchés :

  • Le premier signe, et le plus visible, est la présence d'amas cotonneux, farineux ou gras, sur divers organes des plantes, ainsi que de petites taches brunâtres et de gouttelettes collantes sur les feuilles.
  • Une observation plus fine permet souvent de repérer les petites ou minuscules cochenilles en forme de demi-boule sur la face inférieure des feuilles et le long de leurs nervures.
  • Mais toutes les cochenilles ne produisent pas forcément ces amas cotonneux. D'autres s'abritent sous de petits boucliers cireux collés au végétal et moins visibles que les amas cotonneux.
  • D'autre part la plante attaquée se couvre d'un miellat poisseux entraînant plus tard l'apparition de fumagine noire, qui bloque la photosynthèse.

Les rameaux sont tout d'abord touchés, puis l'ensemble de la plante s'affaiblit. Il est rare qu'une infestation de cochenilles tue la plante hôte, mais elle peut y provoquer des dégâts très importants, autant au niveau esthétique qu'au niveau de la production pour les potagers ou vergers :

  • La présence de cochenilles peut provoquer la décoloration des feuilles (sur le figuier), l’arrêt de la floraison, le dépérissement des rameaux.
  • Sur les troncs, l'accumulation de boucliers peut entraîner un dessèchement progressif et l'éclatement de l'écorce. Ce phénomène en s'étendant peut provoquer la perte de branches charpentières entières. C'est le cas notamment avec la cochenille du pommier, du poirier et du pou de San José en forêts.
  • Sur les plantes ornementales d'intérieur ou en serre, les organes jaunissent, se ternissent et ces plantes peuvent en mourir si l'infestation se développe trop.
  • Enfin les cochenilles, par leurs piqûres, sont susceptibles de transmettre de nombreuses maladies. Une espèce d'origine américaine, le pou de San José possède une salive toxique redoutable pour les arbres fruitiers.

Note : ces symptômes ne sont pas spécifiques aux cochenilles, tous les insectes piqueurs (pucerons, etc.) peuvent les provoquer. D'autre part, la constatation de la totale inefficacité de tout traitement insecticide classique peut confirmer vos doutes.

2. Prévenez l'apparition des cochenilles

Exercez une surveillance attentive et régulière de vos cultures de façon à pouvoir intervenir dès les premiers signes d'infestation.

En cas d'infestation récente ou dans le proche voisinage, effectuez un traitement préventif contre les cochenilles avec de l'huile blanche :

  • en hiver après la chute des feuilles ;
  • éventuellement au printemps avant le débourrement des bourgeons.

Utilisez pour cela un pulvériseur à pression, de taille plus ou moins importante et porté à dos pour les plus gros.

Traitez vos arbres et arbustes par temps sec, hors période de gel et en absence de vent. Mouillez bien l'ensemble de l'arbre, en insistant sur l'écorce, pour agir sur les parasites cachés dans ses anfractuosités.

3. Solution 1 : Employez des solutions maison

Des gestes simples permettent de lutter contre les cochenilles :

  • Pulvérisez sur les parties infectées :
    • un mélange d'huile végétale et de liquide vaisselle à parts égales, dilués à proportion d'une cuillerée à café (= 5 ml) pour 150 ml d'eau ;
    • ou une solution d'une cuillerée à café de savon noir liquide dans 1,5 l d'eau qui passe à travers la cuticule protectrice de ces parasites.
  • Si les surfaces à traiter sont petites, pour une petite plante ornementale par exemple : essuyez avec un chiffon imprégné d'un de ces mélanges ou badigeonnez à l'aide d'un pinceau.
  • Pour les végétaux peu fragiles (arbres fruitiers ou autres) : limitez la progression des cochenilles en les aspergeant à l'aide un jet d’eau puissant.
  • Enfin, coupez et brûlez rapidement les branches d'arbres ou d'arbustes trop infectées.

Attention : les solutions préparées ne se conservent pas. Ne préparez que la quantité nécessaire et renouvelez-les à chaque application. S'il en reste un peu, ne les jetez pas à l'égout, mais versez-les par terre dans un coin du jardin réservé à cet usage, puis mettez un peu de terre par dessus.

3. Solution 2 : Traitez les cochenilles avec de l'huile blanche

Commercialisées sous le nom d'anti-cochenilles, de traitement d'hiver ou d'huile insecticide, les huiles blanches sont à 95 % de l'huile de paraffine. Utilisées en traitement d'hiver sur les arbres et arbustes, elles sont tolérées en agriculture biologique car peu toxiques pour l'environnement. Elles sont recommandées pour les arbres et arbustes d'ornement, les agrumes et tous arbres fruitiers chez qui elles tuent adultes, larves et œufs.

  • Appliquez l'huile blanche en hiver. En effet, son mode d'action physique a un effet insecticide et acaricide qui n'est pas sélectif des cochenilles, mais en hiver, son impact sur les insectes utiles est insignifiant.
  • Pulvérisez-la après dilution dans de l'eau en proportion de 25 ml pour 1 l.
  • Le délai avant récolte est de 5 jours.

3. Solution 3 : Servez-vous des insectes prédateurs

Vous pouvez également lutter contre les cochenilles biologiquement en utilisant des coccinelles en vente dans le commerce, mais uniquement contre certaines espèces de cochenilles qu'elles dévorent ainsi que leurs larves.

On trouve ainsi dans le commerce plusieurs variétés de coccinelles, telles que Chilicorus renipustulatus, Chilicorus nigritus et Cryptolaemus montrouzieri (contre les cochenilles farineuses). Capables de voler, ces coccinelles peuvent facilement se déplacer de plante en plante et ainsi accéder aux différents foyers de cochenilles. De plus, chaque femelle pond une cinquantaine de larves, elles-mêmes, friandes de cochenilles, de leurs larves et de leurs œufs.

Ouvrez le sachet reçu par poste et accrochez-le sur la plante colonisée. Par exemple, les coccinelles des saules sont regroupées à 20 coccinelles par sachet et sont capables de dévorer 2 000 cochenilles par jour. Un sachet coûte 15 € (port compris).

De même, certaines minuscules guêpes, comme Leptomastidea abnormis ou Microterys falvus, pondent leurs œufs dans les larves et les cochenilles adultes et les détruisent. Toutefois, elles sont peu adaptées pour traiter des plantes d'intérieur ou en plein air. Réservez-les plutôt à des cultures sous serre. Notez que ces guêpes ne sont pas des prédateurs spécifiques des cochenilles.

3. Solution 4 : Utilisez des insecticides

En dernier recours, des insecticides peuvent vous aider à combattre une invasion de cochenilles :

  • Les produits huileux associés à un insecticide du commerce sont habituellement efficaces. Les huiles détruisent les œufs et aident l'insecticide à passer la cuticule protectrice imperméable aux solutions aqueuses des autres formes larvaires et adultes pour les tuer. Ces préparations commerciales sont efficaces en une seule application.
  • Certains insecticides sont à base de pyrèthre (à privilégier), d'autres contiennent des pesticides chimiques.

Conseil : n'utilisez pas de produits huileux sur les cactées et les succulentes, car les huiles dissolvent leur couche protectrice épidermique. Évitez de les utiliser également sur des plantes portant des fruits ou des plantes comestibles.

Enfin, évitez les produits systémiques et longue durée sur des plantes à fleurs qui risquent d'empoisonner d'autres insectes utiles comme les butineurs. Si malgré tout vous décidez de les employer :

  • Lisez bien et respectez scrupuleusement les instructions d'utilisation de ces produits toxiques (port de masque, gants, lunettes…) comme les délais avant récolte.
  • Rincez soigneusement votre pulvérisateur si vous devez l'utiliser pour pulvériser d'autres produits. Mais le mieux est de le réserver à cet usage uniquement.

Ces pros peuvent vous aider