
Les palmiers sont des arbres habituellement robustes et peu sujets aux maladies. Toutefois, ceux implantés sur le territoire français sont depuis un certain temps ravagés par deux parasites particulièrement dévastateurs : le papillon du palmier (Paysandisia archon) et le charançon rouge du palmier (Rhynchophorus ferrugineus). Non traités, les palmiers infestés sont condamnés.
La stratégie de traitement du palmier préconisée pour lutter contre ces deux parasites est d’abord préventive, même si plusieurs des traitements proposés peuvent avoir une double action, préventive et curative.
Zoom sur les parasites du palmier
Le papillon du palmier (Paysandisia archon)
Paysandisia archon est un grand papillon introduit en France en 1997 de manière accidentelle. Visible en été, il se reconnaît à ses ailes gris brun, avec des motifs orange, noirs et blancs. Il est notamment présent dans les départements du Gard et de l’Hérault. Ses chenilles creusent des galeries en haut du tronc et à la base des palmes, atteignant le bourgeon et détruisant le palmier.
- Symptômes : les palmes jaunissent et se dessèchent. De près, on distingue des perforations en ligne ou en arc de cercle dans les palmes, des paquets de sciure sur le haut du stipe ou à la base des palmes, un écoulement de gomme. Les palmes tombent, le palmier dépérit et meurt s'il n'est pas traité.
- Espèces sensibles : le palmier de Chine (Trachycarpus fortunei) est particulièrement touché, mais presque tous les palmiers y sont sensibles.
Le charançon rouge du palmier (Rhynchophorus ferrugineus)
Le charançon rouge est apparu en France en 2006. Il sévit en particulier sur le littoral des Alpes-Maritimes et du Var, mais aussi en Corse, dans la région de Perpignan et dans le Morbihan. Ses larves creusent des galeries dans tout le tronc, atteignant à terme le bourgeon.
- Symptômes : l’atteinte évolue longtemps à bas bruit, sans symptômes apparents autres que de petits monticules de débris végétaux à la base des palmes. À terme, les palmes tombent, la couronne s’affaisse, on observe un suintement brun visqueux et une forte odeur de fermentation : il est alors trop tard pour sauver l’arbre. Le palmier meurt subitement ou le tronc fragilisé se brise sous l’effet du vent.
- Espèces sensibles : Phoenix canariensis et Phoenix dactylifera sont particulièrement touchés, mais presque tous les palmiers y sont sensibles.
Important : en raison des ravages causés en France, la lutte contre le charançon rouge du palmier est obligatoire dans toute la France, pour tout propriétaire public ou privé, en vertu d’un arrêté du 21 juillet 2010. La déclaration des palmiers atteints est obligatoire auprès de la mairie ou du service du ministère de l’Agriculture en charge de la protection des végétaux sur le département (SRAL).
Option 1 : traitez un palmier avec un insecticide biologique à base de nématodes
Les nématodes utilisés (Steinernema carpocapsae) sont des vers microscopiques, livrés mélangés à de la poudre d'argile, à diluer avec de l'eau. Les nématodes entraînent la mort des larves incriminées en quelques jours en pénétrant dans leur corps.
- Objectif du traitement : lutte préventive et curative contre le papillon et le charançon rouge du palmier.
- Mode d’emploi :
- Arrosez les arbres avant le traitement.
- Diluez le sachet dans de l’eau, conformément au mode d’emploi.
- Appliquez le traitement, avec un simple arrosoir ou avec une lance pour les palmiers plus hauts, sur le haut du stipe (tronc) et la couronne des palmiers.
- Répétez cette opération une fois par mois de mars à novembre, avec interruption éventuelle en juillet-août, les nématodes étant moins efficaces par temps très chaud.
Option 2 : utilisez un piège à phéromones
Des pièges à base de phéromones attirent, contaminent et éliminent les charançons rouges adultes, évitant la reproduction, la ponte et l'apparition de nouvelles larves. Insuffisants en tant que moyen de lutte unique, ils permettent néanmoins de mesurer la présence du charançon rouge et de traiter à temps par d’autres moyens.
- Objectif du traitement : lutte préventive contre le charançon rouge.
- Mode d’emploi :
- Installez le piège conformément aux instructions (certains sont à enterrer, d’autres à installer en hauteur).
- Laissez-le en place durant toute la période de vol du charançon rouge (d'avril à novembre).
- Rechargez le piège au bout de 3 mois.
Option 3 : soignez un palmier par insecticides chimiques
Les insecticides à base d'imidaclopride, de deltaméthrine, de cyperméthrine ou de diflubenzuron sont efficaces sur les deux grands ravageurs du palmier.
- Objectifs du traitement :
- Traitement curatif contre le papillon et le charançon rouge du palmier.
- Éventuellement, dans les régions très infestées, traitement préventif de relais pendant la période (juillet-août) durant laquelle les nématodes sont moins efficaces.
Note : en dehors de ce traitement éventuel de relais, les insecticides chimiques ne sont pas recommandés pour la lutte préventive en raison de leur impact négatif sur l’environnement.
- Mode d’emploi :
- Pulvérisez le produit sur le haut du stipe et sur la couronne, en respectant strictement les doses ainsi que les restrictions et précautions d’emploi.
- Sur des palmiers qui ont déjà été infestés, appliquez le traitement au moment des premières pontes (avril) et répétez-le éventuellement pendant l’été si une attaque est découverte. Effectuez encore un traitement en octobre, après les dernières pontes.
Option 4 : faites appel à un professionnel
Traitement par endothérapie
- Objectif du traitement : l'endothérapie est un traitement récent à l'origine destiné à la lutte contre le charançon rouge, mais également efficace contre le papillon Paysandisia archon.
- Fonctionnement : il consiste à injecter à la base et dans le cœur du stipe un produit insecticide dont l'efficacité dure un an. Il présente cependant un inconvénient : les perforations répétées du stipe plusieurs années consécutives pourraient être la porte d'entrée de diverses maladies.
- Le traitement est applicable par des professionnels uniquement, pour un coût de l’ordre de 150 euros.
Utilisation d'une barrière physique
- Objectif du traitement : mise au point par l’INRA (devenu institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement - INRAE - le 1er janvier 2020) sous le nom de Biopalm, cette méthode de lutte préventive contre le papillon Paysandisia archon est également susceptible de limiter la progression du charançon rouge.
- Fonctionnement : il s’agit d’une barrière engluée entièrement bio, à laquelle se heurtent les jeunes papillons, qui abîment ainsi leurs ailes et deviennent incapables de voler. Le cycle de reproduction est alors rompu.
- Le traitement est applicable par des professionnels uniquement, pour un coût de l’ordre de 150 euros pour une efficacité d’un an.