
Les tétranyques tisserands sont des acariens microscopiques ravageurs très polyphages qui s’attaquent tout autant aux plantes d’intérieur qu’à celles d’extérieur (ornementales ou du potager).
Cette fiche pratique vous explique comment lutter contre le tétranyque tisserand.
Zoom sur le tétranyque tisserand
Ces acariens appartiennent à la famille des Tétranychidées. L’espèce la plus polyphage, Tetranychus urticae est un ravageur redoutable. Tetranichus cinnabarinus, très présente également, n’en serait qu’une souche différente.
Description des tétranyques tisserands
On rencontre les tétranyques tisserands soit sous forme jaune verdâtre, soit sous forme rouge brique soit, en automne, sous forme orangée (forme hivernante). Microscopiques, les femelles mesurent environ 0,5 mm de long et les mâles (plus petits) environ 0,3 mm.
Les œufs encore plus minuscules, 0,1 mm de diamètre au maximum, et sont donc quasiment invisibles à l’œil nu. D’abord translucides, il deviennent ensuite jaune laqué ou rose mauve avant l’éclosion.
Enfin, les nymphes ressemblent beaucoup aux femelles dont elles se distinguent difficilement.
Cycle biologique des tétranyques tisserands
Les femelles hivernent en diapause sous divers abris en extérieur ou dans des vérandas ou des serres. En extérieur toujours, elles migrent en début de printemps sur des plantes herbacées où elles pondent une première génération d’œufs après s’y être nourries. Elles vivent de 14 à 30 jours et pondent en moyenne une centaine d’œufs par paquets de 10 par jour.
Les larves se développent en 5 stades qui durent 16 jours à 20 °C (alors qu’elles ne mettent que 10 jours à 25 °C et 6 à 35 °C). Les nouveaux adultes migrent sur leur hôte définitif où ils tissent des toiles sur la face inférieure des feuilles qui les protègent du vent, des prédateurs et des traitements.
Les adultes se nourrissent en piquant les feuilles pour sucer le suc des cellules. Une femelle vit entre 15 et 30 jours environ, durée pendant laquelle elle pond, permettant le démarrage d’un nouveau cycle. Il peut ainsi se produire de 6 à 7 générations au cours d’un été, ce qui rend possible une pullulation rapide de tétranyques. D’autant plus qu’à cette reproduction sexuée s’ajoute une possibilité de reproduction parthénogénétique des femelles (sans intervention de mâles).
Lorsque les conditions environnementales deviennent défavorables, en automne, les femelles de la dernière génération s’abritent pour passer l’hiver et entrent en diapause jusqu’au printemps suivant.
Dans une véranda ou une serre chauffée, la diapause n’a pas lieu.
Dégâts provoqués par les tétranyques tisserands
Les nombreuses piqûres qu'ils pratiquent pour se nourrir entraînent le brunissement puis le dessèchement et la chute des feuilles attaquées. En cas de pullulation, c’est tout un rameau qui se dessèche, et éventuellement toute la plante qui meurt. Les toiles soyeuses, lorsqu’elles sont nombreuses, concourent à ce dépérissement de la plante.
Espèces végétales attaquées par les tétranyques tisserands
Les tétranyques tisserands peuvent s’attaquer à plus de 200 espèces végétales :
- au potager : haricot, aubergine, concombre, houblon… ;
- au jardin d’agrément : tournesol, laurier-rose, oranger du Mexique, rosier, tilleul, sureau… ;
- aux arbres fruitiers : sorbier, agrumes (en intérieur comme en plein air)… ;
- à de nombreuses plantes d’intérieur.
Article
Facteurs favorisants les tétranyques tisserands
Le développement des tétranyques tisserands est conditionné par la température environnante (entre 20 et 35 °C, température idéale pour son développement) et une faible humidité relative de l’atmosphère (inférieure à 50 %). C’est ce qui se passe lors d’un été chaud et sec.
La proximité d’une source de chaleur sèche en hiver (radiateur) est une cause bien connue de leur apparition en intérieur à cette saison.
D’autre part, un faible éloignement des plants entre eux facilite leur passage, soit directement, en particulier si elles ont des points de contact, soit indirectement par le sol.
1. Diagnostiquez une attaque de tétranyques tisserands
Une observation attentive permet de voir les toiles soyeuses sur la face inférieure des feuilles après pulvérisation d’un peu d’eau.
Ensuite, grâce à une loupe ou une binoculaire, vous pourrez observer les adultes avec 4 paires de pattes et 2 taches sombres caractéristiques sur le dos.
2. Prévenez les attaques de tétranyques tisserands
Quelques mesures simples et faciles à mettre en œuvre peuvent vous éviter des attaques de tétranyques tisserands :
- Évitez de placer les plantes d’intérieur cultivées en pots près d’une source de chaleur sèche telle qu’un radiateur. Veillez également à ce que l’atmosphère baignant leurs feuilles soit suffisamment humide en vaporisant de l'eau dessus (c’est possible également en plein air) ou en les bassinant régulièrement.
- Espacez suffisamment les plantes cultivées en plein air comme en intérieur de façon à éviter une éventuelle propagation par une trop grande proximité.
- N’utilisez pas d’insecticides polyvalents qui élimineraient également les pollinisateurs et prédateurs naturels possibles des tétranyques. Au contraire, en plein air, favorisez la venue de ces auxiliaires naturels bénéfiques en conservant des zones naturelles refuges dans votre jardin.
- Enfin, comme pour tous les parasites piqueurs-suceurs, n’oubliez pas qu’un excès de fertilisation azotée qui « dope » la croissance de la végétation, provoquant l’apparition de nouveaux jeunes rameaux plus tendres, les attire et favorise leur multiplication.
3. Traitez une attaque de tétranyques tisserands
Dans tous les cas, intervenez sans attendre dès l’apparition des premiers symptômes d’attaque, car, comme indiqué précédemment, ces parasites peuvent pulluler très rapidement lorsque les conditions de température et de sécheresse leur sont favorables.
Méthodes de lutte respectant l’environnement
- Si l’attaque ne fait que commencer et qu’elle est encore très localisée, commencez par couper puis brûler les parties de rameaux atteintes. Vaporisez ensuite régulièrement de l'eau sur l’ensemble de la plante attaquée (les feuilles et les tiges) plusieurs fois par jour. Cela peut suffire à enrayer un début d’attaque.
- Si l’attaque est plus importante, vous pouvez utiliser une pulvérisations de soufre mouillable, à renouveler une semaine à quinze jours après par fortes chaleurs.
- Vous pouvez également lâcher divers organismes prédateurs de ces acariens : des punaises (Macrolophus pygmaeus), des chrysopes, des cécidomyies (Feltiella acarisuga) ou d’autres acariens (Phytoseiulus persimilis), mais ils sont onéreux et exigent des conditions de mise en œuvre complexes qui ne sont pas toujours à la portée d’un jardinier amateur.
Autres méthodes de lutte
- En cas d’infestation massive, les pulvérisations d’huile de colza ou d’huile de paraffine, qui sont à la fois acaricides et insecticides, sont autorisées en agriculture biologique. Mais leur emploi élimine également les auxiliaires prédateurs naturels, ce qui risque dans un deuxième temps de favoriser une réinfestation.
- Les insecticides chimiques polyvalents, outre leur effet néfaste pour l’environnement, sont le plus souvent inefficaces car les tétranyques leur sont devenus résistants. Si vous n’avez pas d’autre solution que de recourir à l’usage d’un traitement avec pesticide chimique, par exemple en cas d’atteinte d’un arbre fruitier de taille importante ou de nombreuses plantes, choisissez un acaricide spécifique dont l’usage est autorisé, tel que le Tébufenpyrad. Il est uniquement vendu dans les commerces spécialisées étant donné les précautions d’emploi nécessaires pour protéger votre entourage, l’environnement et vous même.
Important : avant toute utilisation, lisez bien la notice d’information et les précautions d’emploi de ce produit.
À noter : le Dicofol, un acaricide organo-phosphoré semblable au DDT, est aujourd’hui interdit en Europe et le Cyhexatin ne peut également plus être utilisé.