Il est des traditions ancestrales qui perdurent, souvent à raison, parfois à tort. Tel est le cas du bêchage préalable aux travaux de jardinage. À de rares exceptions près, ce travail de la terre, éprouvant et fastidieux, n’est finalement pas une obligation, et s’en passer présenterait même de nombreux avantages…
Jardiner sans bêcher : le bêchage, une technique révolue
Mettez votre bêche au rebut !
Le jardinier courbé sur sa bêche retournant les mottes, le cheval tractant sa charrue pour retourner la terre… les images ne manquent pas depuis des siècles pour illustrer le travail pénible des sols, garantie de réussite des parcelles cultivées.
Pourtant, ces époques, et surtout cette technique de bêchage, présente de nombreux inconvénients. En effet, bêcher :
- occasionne souvent des maux de dos ;
- détruit l’écosystème naturel ;
- diminue la fertilité du sol ;
- rend la terre plus sensible à la pluie et au gel.
Un sol non travaillé est plus fertile
Les forêts, les terrains en friches, les prairies naturellement fleuries sont parmi les terrains végétalisés les plus fertiles et les plus riches. Or, nul bêchage n’y a précédé la croissance des différents végétaux et nul amendement artificiel ne vient y doper les plantes et arbustes.
Le secret de ces espaces prolifiques résiderait justement dans la qualité de leur sol non travaillé.
À noter : le jardinage sans bêchage présente tout de même deux exceptions. Dans les terres trop argileuses, il est indispensable de briser les mottes compactes à la bêche avant toute mise en culture. De même, la transformation d’une terre de remblais ou d’une ancienne pelouse en terre cultivable impose le recours au bêchage la première année.
Avantages d'un sol non bêché
Ne pas bêcher le sol présente plusieurs avantages :
- les matières organiques se désagrègent au contact de l’air et de la terre qu’elles viennent fertiliser naturellement ;
- les micro-organismes et les vers de terre contribuent à aérer et donc à ameublir la terre en vue des prochaines cultures ;
- l’équilibre de l’écosystème mis en place n’est pas interrompu et il enrichit le sol sur la durée.
Il devient alors inutile d’amender la terre en produits chimiques.Jardiner sans bêcher : alternatives pour un sol non bêchéFaire un paillage Un paillage épais, d’environ 4 à 5 centimètres, et composé de résidus de tontes de gazon, végétaux broyés, paille, feuilles mortes évite la repousse des mauvaises herbes.
Bon à savoir : en se désagrégeant, le paillis va former une fine couche de matière organique, riche en nutriments pour améliorer la qualité des sols. Étalé au début du printemps, il doit rester en place pendant toute la période de culture.
Pour planter des végétaux, il faut dégager l'espace nécessaire à l’installation des jeunes plants puis de recouvrir les pieds avec le paillis.
Ce dernier permet en outre de maintenir la fraîcheur sur le sol pendant les fortes chaleurs et favorise le travail d’aération du sol par les vers de terre.
À noter : pour les parcelles de potager, le paillis peut être complété par du compost fait maison (aux feuilles mortes et tontes de gazon sont ajoutés des épluchures de légumes, du marc de café, des coquilles d’œuf finement broyées, etc.).
Pratiquer la culture permanente
Chaque parcelle, au jardin d’ornement comme au potager, doit accueillir des espèces cultivées tout au long de l’année :
- plantes à floraison tardive, bruyères, jasmins d’hiver… prendront le relais des vivaces ou annuelles pour ne jamais laisser les parcelles à nu ;
- au potager, les artichauts, oignons, choux, aux et autres légumes à récolte tardive permettent l’entretien de la parcelle au détriment des mauvaises herbes.
Rotation des cultures
La rotation des cultures est surtout valable pour le potager. Pour éviter que le sol ne s’épuise et ne perde d’année en année ses éléments nutritifs, mieux vaut alterner les espèces cultivées.
Il s’agira d’alterner, d’une année sur l’autre et sur une même parcelle, la culture de légumineuses (haricots, petits pois…) avec celle des légumes racines (carottes, pommes de terre…), puis de poursuivre et d'achever le cycle avec la culture de légumes feuilles (blettes, laitues, cardons…).
Jardiner sans bêcher : les engrais verts
Améliorer la qualité du sol
Le semis d’engrais verts est de loin la plus efficace des méthodes pour améliorer la qualité du sol.
Il nourrit le sol, brise les mottes d’argile les plus tenaces et libère, par enfouissement, des nutriments essentiels aux espèces cultivées par la suite.
Bon à savoir : de plus, il attire au jardin et au potager les auxiliaires de cultures, insectes pollinisateurs utiles, et il évite la pousse de mauvaises herbes.
Moutarde, sarrasin, phacélie… gracieuses et efficaces
Plusieurs plantes présentent un grand intérêt :
- Les racines de la moutarde sont très puissantes et aèrent efficacement le sol. Elles peuvent en outre briser les mottes les plus compactes. Elles concentrent une forte teneur en azote, phosphore et potassium, éléments indispensables à bon nombre de plantes cultivées ensuite.
- Le sarrasin est l’un des engrais verts le plus répandu grâce à sa facilité d’enfouissement. Il empêche la pousse d’adventices et s’avère très riche en azote (utiles à plusieurs plantes potagères, légumes feuilles notamment).
- La phacélie, délicate et très aérienne, allie esthétisme et efficacité. Elle attire les insectes pollinisateurs et asphyxie les mauvaises herbes. En revanche, elle apporte moins de nutriments que la moutarde et le sarrasin.
Bon à savoir : les engrais verts peuvent être utilisés en paillis, disposés sur le sol ou enfouis dans la terre. L’enfouissement nécessite un travail de la terre en surface que ne justifie pas la réalisation d’un paillis.
Semer, couper, enfouir : les clés de la réussite
Une fois les cultures florales ou potagères terminées, semez à la volée, sans attendre, sur la parcelle débarrassée des herbes sèches-.
Les engrais verts poussent très rapidement, sans soin particulier. Leur coupe et/ou leur enfouissement est réalisée au printemps et au début de l’automne.
À noter : la période de coupe la plus propice coïncide avec la floraison des engrais verts. C’est à ce moment précis qu’ils sont le plus chargés en éléments minéraux. Une fois la floraison terminée, les engrais verts deviennent alors plus riches en matière organique.
Pour en savoir plus :
- Faut-il retourner la terre ? Une question que se pose le jardinier et sur laquelle les réponses évoluent avec les progrès des méthodes écologiques.
- Quelques conseils pour répondre à la hantise de tout jardinier : comment jardiner en préservant son dos ?
- Grâce à notre fiche pratique, préparez votre jardin d'ornement pour l'hiver.