Lutter contre le plomb parasitaire

Sommaire

public/image/307040-private/document/howto/307040/57fb753af0b96

L'apparition du plomb parasitaire, maladie cryptogamique (due à un champignon, le Chondrostérum purpureum), est fréquente sous les climats froids et humides sur de nombreuses espèces aussi bien de plantes d'ornement que d'espèces fruitières chez lesquelles il peut entraîner d'importants dégâts ou même leur perte au bout de quelques années.

Voici comment lutter contre la maladie du plomb parasitaire.

Zoom sur la maladie du plomb parasitaire

Le plomb parasitaire est une maladie qui apparaît surtout en automne sous les climats froids, lorsqu'un printemps humide avec des températures peu élevées est suivi d'un été pluvieux.

Cycle

Le Chondrostérum purpureum est un champignon basidiomycète (ses spores sont contenues dans des « sacs » appelés basides) parasitaire dont le mycélium (filaments microscopiques du champignon), dans des conditions favorables pour son développement, envahit progressivement le bois de sa plante hôte, tuant les parties atteintes.

Lorsque tout ou partie de la plante est mort, ce qui peut prendre plusieurs années pour un arbre (2 à 3 ans pour un pêcher), ce champignon émet à la surface de l’écorce du bois mort des carpophores, petits « champignons de bois », sans pied, de 0,5 à 2 centimètres de largeur en forme de lames imbriquées les unes aux autres. Le dessus de ces lames est gris-roux recouvert d'un duvet tandis que leur dessous est parfaitement lisse et de couleur rouge clair au début puis vire au violet pourpre. Ces lames porteuses de spores s'observent principalement au niveau du collet (début de la tige ou du tronc) ou à la base des branches mortes.

Les basides de ces « lames de champignon » libèrent à maturité, à l'automne, des spores qui vont être transportées par l'air sur une autre plante où, grâce à la pluie ou à une forte humidité, développeront au printemps suivant un nouveau mycélium qui pourra pénétrer dans le bois par des blessures sur l'écorce. Ce mycélium envahira la tige et tuera la zone infestée. Il produira alors en surface des carpophores qui pourront à leur tour libérer des spores.

Et le cycle recommencera.

Espèces touchées

Les espèces végétales pouvant être touchées sont très nombreuses.

Parmi les plantes ornementales :

  • des arbustes à fleur tels que rhododendron, cotonéaster, aubépine…
  • des arbres tels que bouleau, érable, peuplier, hêtre, eucalyptus

Parmi les fruitiers : cerisier, pommier, sorbier, prunier, pêcher…

1. Luttez préventivement contre l'apparition du plomb parasitaire

Ce champignon ne peut pénétrer dans le bois d'une plante hôte que par des plaies. Aussi, en cas d'infestation voisine :

  • Évitez de blesser les plantes par des travaux non nécessaires.
  • En cas de taille :
    • Choisissez un temps sec.
    • Commencez par les arbres sains avant les malades.
    • Enduisez les plaies de coupe avec du mastic cicatrisant.
    • Désinfectez régulièrement les outils.
  • En culture, évitez les excès d'azote qui stimulent le développement du bois et les surgreffages. Pratiquez des tailles courtes.
  • Protégez soigneusement d'éventuelles plaies de taille avec du mastic cicatrisant, surtout si elles mesurent plus de 1 cm.
Mastiquer les plaies des arbres Consulter la fiche pratique
  • Enlevez sans tarder, pour les brûler ensuite, les parties atteintes d'une haie d'espèces sensibles au plomb parasitaire (cotonéaster par exemple), ce qui évitera la production de spores pouvant propager la maladie.
  • Même précaution pour les branches d'un arbre atteint surtout s'il est dans un verger.
  • En période de sécheresse, faites des apports d'eau aux espèces sensibles car la sécheresse (tout comme les gelées) qui en les affaiblissant favorise le développement de cette maladie.

2. Diagnostiquez l'apparition de la maladie du plomb parasitaire

  • À l'extrémité des branches parasitées, les feuilles d'une espèce atteinte ont une couleur blanchâtre terne, laiteuse, leur donnant un aspect plombé, et sur la nervure principale des stries couleur rouille apparaissent. Puis, sur ces feuilles apparaissent des taches brunes.
  • Le tissu foliaire peut se décomposer et se détacher par endroits entraînant l'apparition de trous aux contours irréguliers. Si l'attaque prend de l'ampleur, ce sont des branches entières qui dépérissent puis meurent. Parfois, ce sera la plante entière qui sera touchée.
  • Parallèlement, on peut observer sur l'écorce des parties parasitées des nécroses, et en dessous de l’écorce le bois brunit et donne des émissions de gomme.
  • Enfin, les extrémités des rameaux se dessèchent, surtout sur les branches supérieures, sous l'effet des toxines qui montent des zones parasitées et non à cause de la présence du mycélium.
  • Sans intervention, la maladie va s'étendre progressivement à toute l'espèce végétale et contaminer des espèces voisines.
  • À la base des branches mortes et vers la base du tronc, au bout de plusieurs années, apparaissent des carpophores avec des lames en demi-cercle. À ce stade, un arbre est condamné et doit être abattu.

Bon à savoir : il est possible de confondre la maladie du plomb parasitaire avec la maladie du plomb tardif qui entraîne également un blanchiment puis le dessèchement des feuilles externes. Mais cette seconde maladie qui est due à un excès de soleil sur une plante souffrant de sécheresse n'est pas transmissible et peut être combattue facilement par des apports d'eau réguliers.

3. Traitez curativement la maladie du plomb parasitaire

Il n'existe pas de traitement vraiment efficace contre la maladie du plomb parasitaire une fois que le mycélium a pénétré dans le bois. Seules des méthodes culturales rigoureuses vous permettront d'éradiquer ou de ralentir cette maladie.

Traitements respectant l'écologie

  • Sur des arbres, élaguez aux premiers signes de maladie toutes les branches mortes, vers juillet-août période d'apparition des premiers symptômes, en prenant la précaution de couper largement en dessous dans le bois encore sain.
  • Si la maladie s'est déjà propagée à la base du végétal et que l'on peut observer des carpophores, n'hésitez pas à le sacrifier entièrement en enlevant également les racines.
  • Brûlez rapidement tout le bois ainsi éliminé.
  • Lors des tailles vous pouvez appliquer une solution de culture d'un champignon antagoniste Trichoderma viridae ou Trichoderma harzanium qui empêche le développement d'autres champignons tels que Chondrostérum purpureum.

Autres traitements

Certains conseillent de faire un apport d'engrais contenant du fer et de l'urée dès le début des premiers symptômes.

Par contre, évitez tout traitement cuprique (comme avec la bouillie bordelaise) qui sont non seulement inefficaces mais, en plus, favorisent le développement de cette maladie en perturbant l’écosystème des plantes traitées.

Ces pros peuvent vous aider