Récolter ses propres graines de fleurs ou de plantes potagères est intéressant afin d’avoir le plaisir d’être en complète autonomie et de minimiser les coûts. Cela n’est toutefois pas toujours possible. Certains légumes comme la tomate ou le haricot produisent des graines qui reflètent les caractères du pied-mère, d’autres en revanche ont une descendance qui diffère…
Cette fiche pratique vous explique en détail la bonne méthode de conservation des graines.
Zoom sur la reproduction des plantes
Les plantes autofertiles
Les graines les plus simples à produire sont celles des plantes annuelles et bisannuelles choisies parmi des plantes autofertiles. La pureté variétale est en effet préservée car ces dernières se reproduisent grâce à leur propre pollen de façon préférentielle, souvent même avant l’ouverture de la fleur. Parmi les légumes, on trouve le haricot, la fève, la laitue, la tomate, le pois, l’aubergine. Parmi les fleurs, citons la violette, la pensée, le pois de senteur et le zinnia.
Bon à savoir : les hybrides F1 produisent des graines dont les gènes ne sont pas fixés, il n’est donc pas très intéressant de récupérer leurs semences car les caractères de la descendance sont aléatoires.
Les plantes à pollinisation croisée
La majorité des végétaux pratiquent une pollinisation croisée entre l’ovule d’une fleur et le pollen d’une autre fleur, voire d’une autre plante grâce au vent, au travail des insectes pollinisateurs ou autres. Parmi ces légumes, on trouve le poireau, le chou, la courge, le radis, l'oignon, le poivron etc.
Pour produire des semences, il convient de planter une seule espèce ou variété pour obtenir des graines à peu près homogènes, même si le pollen venu de jardins avoisinants n'est pas exclu. Un sac de tulle ou un lien installé sur des fleurs non écloses suivi d’une pollinisation manuelle est alors un moyen de préserver la variété.
À noter : dans le cas des cucurbitacées comme la courgette, le pâtisson, le concombre, le cornichon, le melon, prenez la précaution de ne cultiver qu'une seule espèce et variété. Par exemple, choisissez entre la courgette et le pâtisson, toutes deux appartenant à l'espèce Cucurbita pepo ou entre le cornichon et le concombre (Cucumis sativus). En revanche, vous pouvez cultiver une courgette (Cucurbita pepo) et une butternut (Cucurbita moschata) ensemble car les risques de croisement entre les deux sont nuls.
La pollinisation croisée est obligatoire lorsque les plantes sont dioïques comme chez l’épinard ou la blette, car les fleurs mâles et femelles se trouvent sur des sujets différents. Dans tous les cas, il suffit souvent de cultiver une seule variété, relativement protégée des autres jardins, pour obtenir une descendance homogène (gare toutefois aux carottes et poireaux sauvages !).
Bon à savoir : lorsque les fleurs mâles et femelles sont distinctes sur un même plant avec une maturité du pollen et des ovules non synchrones, comme chez le noisetier, il devient difficile d’obtenir des graines de la même variété. La nature a ainsi tendance à favoriser les croisements entre individus et donc une certaine diversité au sein des populations.
1. Choisissez les plants-mères en cours de culture
Choisir le plant-mère des plantes autofertiles (haricot, laitue, aubergine...)
- Choisissez les plants les plus vigoureux et sains ayant les caractères désirés (lenteur à monter pour la salade, goût et texture sur la tomate etc.). La coloration rougeâtre des tiges est en général un signe de vigueur.
- Plantez un piquet pour repérer les plants qui vous ont paru intéressants en cours de culture et qui bénéficient d’un bon ensoleillement car la conservation des graines sera meilleure.
Bon à savoir : il est bon de récolter les graines sur plusieurs plantes pour maintenir la diversité génétique (des mutations peuvent en effet intervenir conduisant à la perte de la variété à terme). Comme certaines maladies se transmettent par la graine, choisissez toujours des pieds sains. Dans le cas d’une pollinisation croisée, éliminez les plants qui diffèrent du lot avant leur floraison.
- Évitez l’excès d’eau et d’engrais sur les pieds-mères car cela fragilise la plante. Cependant, un manque d’eau empêche la formation des graines : arrosez suffisamment une fois par semaine.
- Désherbez la parcelle et tuteurez éventuellement les épis pour éviter que les tiges ne ploient jusqu’au sol.
Choisir le plant-mère des plantes à pollinisation croisée comme la courgette
Le plus simple est encore de protéger d’un filet ou de maintenir la corolle encore fermée des fleurs femelle et mâle avant leur éclosion (la femelle se reconnaît au renflement du pédoncule sous les pétales) :
- Liez l'extrémité des corolles avec un élastique ou du raphia la veille de leur ouverture.
- Le lendemain matin, détachez la fleur mâle, découpez ses pétales et appliquez ses étamines sur le pistil de la fleur femelle.
- Liez aussitôt cette dernière avec un raphia pour éviter toute fécondation ultérieure avec un autre pollen.
2. Récoltez les graines
Récoltez les graines des fruits charnus (tomate, melon, concombre…)
- Récoltez le fruit à maturité ou un peu après (pour les cucurbitacées notamment).
- Séparez la pulpe des graines.
- Étalez les graines sur une feuille de papier journal ou du tulle et laissez sécher dans un endroit aéré mais sombre.
Cas particulier de la tomate
Une fermentation est souhaitable pour ôter la gélatine anti-germinative dans laquelle baignent les pépins de tomate :
- Coupez la tomate en deux et faites l’extraction des pépins avec du jus à l’aide de la pointe d’un couteau.
- Laissez les graines pendant 2-3 jours dans un bocal avec un peu d’eau. Une moisissure apparaît en surface, les graines tombent au fond.
- Filtrez et lavez avec de l’eau claire plusieurs fois.
- Étalez les graines sur un torchon, puis raclez avec un couteau lorsqu’elles sont sèches ou posez-les en lignes sur du papier absorbant. Vous pourrez ainsi étaler le papier humidifié directement sur votre planche de culture lors du semis.
Important : ne faites pas sécher brutalement les graines au soleil !
Récoltez les graines des fruits secs
- Les graines de haricots et de pois sont prélevées lorsque la gousse s’entrouvre.
- Récoltez les autres plantes avant maturation complète si la fin de saison est pluvieuse et pour éviter que les graines ne soient libérées dans la nature.
- Suspendez-les à l’envers (poireau, nigelle, pavot, etc.) dans un lieu sec et aéré avec une bâche sur le sol pour récupérer les graines.
- Pour les salades, récoltez les plants entiers et mettez-les en caissette en attendant leur maturation.
Bon à savoir : les racines de bisannuelles comme les carottes et les betteraves sont sorties de terre à l’automne, triées selon l’aspect puis remisées dans un silo rempli de sable humide. Les plants bien fournis en pousses au niveau du collet sont remis en terre au printemps pour récolter les graines en fin d’été. L’oignon est également sorti de terre à l’automne et replanté au printemps pour éviter le mildiou.
3. Stockez et conservez les graines
- Stockez les graines dans un lieu sec, dans un bocal non fermé hermétiquement ou dans une enveloppe à l’abri des fourmis et des souris !
- Contrôlez l'absence de moisissures sur les graines de temps en temps.
Astuce : avant leur mise en bocal, mettez les graines de haricot, fève, pois au congélateur pendant 48 heures pour éliminer le charançon.
- Écrivez le nom de la variété et l’année de récolte sur un papier glissé à l'intérieur du sachet ou du bocal.
Bon à savoir : pour obtenir une bonne levée des graines, il est préférable de les semer au maximum 2 ans après la récolte (1 an seulement pour le poireau).