
Le criocère du lis, originaire d’Asie, est apparu en Europe à partir de 2002. Se reproduisant rapidement, il s’y est depuis largement propagé. Il s’attaque de préférence aux lis dont il dévore les fleurs et les feuilles.
Voici comment lutter contre le criocère du lis.
Zoom sur le criocère du lis
Description
Le criocère du lis est un tout petit coléoptère rouge d’environ 8 mm de long. Il a les pattes, les antennes et le dessous de l’abdomen noirs. Les mâles émettent des stridulations comme les cigales (mais beaucoup plus discrètes, à peine audibles) pour attirer les femelles ou lorsqu’ils détectent une présence. Cet insecte vole de jour, stimulé par le soleil. Son apparition se fait au début du printemps.
Les œufs minuscules, rouge-orangé, se trouvent par petits lots plus ou moins alignés, sur la face inférieure des feuilles.
Les larves qu’ils donnent sont petites et gluantes, de couleurs orange et noire (tête). Elles se protègent de l’environnement en se cachant sous leurs déjections qui forment des paquets visqueux noirs.
Les cocons grisâtres confectionnés pour la nymphose, souples mais résistants, sont peu visibles car enrobés de terre.
Cycle
Abrités dans le sol pendant l’hiver, les criocères adultes en sortent au début du printemps, dès les premiers réchauffements du sol, pour s’alimenter.
Deux semaines après l’accouplement, les femelles pondent 200 à 300 œufs sous les feuilles. Ceux-ci donnent des larves qui croissent pendant 2 semaines puis se transforment en nymphes dans le sol. Trois semaines plus tard, les imagos (dernier stade des nymphes) se transforment en insectes adultes. Selon les conditions climatiques, un nouvel insecte adulte peut apparaître dès le mois d’août, il donnera alors un second cycle annuel. Cependant, il n’y a en général qu’un seul cycle et les adultes s’abritent dans le sol pour y passer l’hiver en hibernant dès le mois de juillet.
1. Reconnaissez le criocère du lis
Diagnostic
Le diagnostic est assez simple. Il se fait par l’observation de sa présence sur les boutons floraux et sur les feuilles, ainsi que par l’écoute des stridulations des mâles qui sont caractéristiques.
Dégâts
Les boutons floraux et les feuilles étant dévorés, les plants attaqués ne fleurissent pas (ou avec des fleurs déformées) et s’affaiblissent.
Si l’attaque est importante, les plants meurent, totalement dévorés.
Si l’attaque est plus modérée, on observe de profondes cavités dans les bourgeons floraux, de nombreuses perforations des feuilles et de petits amas noirs de déjections de larves à leur surface. Mais le plant qui est perdu pour cette saison pourra repartir plus ou moins vigoureusement au printemps suivant grâce à son bulbe.
Plantes attaquées
Le criocère du lis s’attaque principalement aux lis. La plupart des espèces des genres Lilium et une espèce de Cardiocrinum (le lis géant de l’Himalaya) de la famille des Liliacées, ainsi que leurs hybrides, peuvent être touchées. Mais ce ravageur peut également dévorer quelques espèces de fritillaires ou couronnes impériales (du genre Fritillaria). D’autres espèces, comme Lilium canadense, ne sont pas touchées pour le moment.
2. Prévenez les attaques de criocère du lis
Plusieurs méthodes permettent de dissuader ou de limiter les attaques de criocères du lis, mais la longueur de la période d’apparition possible, de mars à fin juillet (et parfois jusqu’à fin septembre), rend la tâche compliquée. Elles découlent de l’observation de l’attrait olfactif des femelles de ce coléoptère pour l’odeur des lis (et particulièrement de ceux déjà attaqués) :
- Plantez à proximité de vos lis des plantes qui ont une odeur forte et qui repoussent les insectes, telles que la tanaisie ou l’absinthe.
- Pulvérisez régulièrement, en période d’observation de vols de ces coléoptères rouges, des purins préparés à partir de ces deux mêmes plantes (pulvérisations à renouveler après une pluie).
- En plantant non loin de vos lis un petit carré de fritillaires, vous pouvez espérer y attirer la plupart des criocères du lis présents dans le voisinage.
- Enfin, choisissez de préférence les variétés américaines, qui attirent moins ce ravageur que les variétés asiatiques et surtout européennes.
3. Luttez contre le criocère du lis
Le criocère du lis résiste à la plupart des insecticides chimiques dont l’emploi est par ailleurs réglementé, surtout en période de floraisons printanières. Les quelques insecticides autorisés ne le sont soit que pour des cultures sous serre, soit en dehors des périodes de floraison (pour plus d'informations, reportez-vous au site Internet gouvernemental dédié). Leur usage est donc à éviter par un jardinier amateur.
La lutte consistera donc en un ensemble de méthodes naturelles et complémentaires :
- Dès la constatation de la présence de ces ravageurs sur vos lis, supprimez manuellement le maximum de larves, œufs et insectes adultes que vous pourrez voir sur les plants. Au sol, les insectes qui se mettent sur le dos sans bouger ou les cocons des nymphes sont quasiment impossibles à repérer. Détruisez-les en les écrasant soigneusement ou en les brûlant. Inspectez ensuite régulièrement vos plants de façon à répéter l’opération dès toute nouvelle détection de présence.
- Pulvérisez ensuite soigneusement sur l’ensemble des plants une solution à 2 % d’huile de colza pour tuer les œufs et les larves qui ont pu échapper à votre première action. Pour cela, versez 20 ml d’huile de colza + 10 ml d’huile de vaisselle (pour l’émulsionner) dans 1 L d’eau (de préférence non calcaire) puis agitez vigoureusement pendant 1 à 2 min (ou remplacez cette solution par une autre à base de savon noir liquide).
- Vous pouvez également pulvériser en alternance un purin de tanaisie pour son action répulsive sur les insectes adultes, méthode couramment employée par les jardiniers pratiquant des cultures biologiques, mais à l’efficacité non reconnue scientifiquement à ce jour.