
Le perceur de l’iris est un petit papillon de nuit qui peut apparaître dès le début du printemps et dont les chenilles peuvent détruire complètement une plantation d’iris si vous n’intervenez pas rapidement, dès l’apparition des premiers signes d’une attaque. Comment pouvez-vous vous en prévenir, ou le combattre une fois repéré ?
Voici pas à pas comment lutter contre le perceur de l'iris.
Zoom sur le perceur de l’iris
Description
Macronoctua onusta, couramment appelé perceur de l’iris, est une mite (petit papillon nocturne de la famille des noctuidés rattachée à l’ordre des lépidoptères). Au repos, ailes repliées, il est de couleur brune à reflets argentés.
Cycle biologique
Assez répandu en Amérique du Nord-Est, dont certaines provinces du Canada, le perceur de l'iris connaît un cycle qui se déroule ainsi :
- Ses premiers vols apparaissent au printemps, à l’époque où les nouvelles feuilles d’iris atteignent environ 15 cm de longueur. C’est donc vers mars-avril que les femelles commencent à pondre des œufs au début de ces feuilles.
- Ces mites et donc leurs femelles disparaissent aux premières gelées. Les chenilles se transforment alors en pupes marron-rouge qui peuvent survivre durant l’hiver dans les feuilles et les tiges florales de l’iris attaqué ou dans leurs débris végétaux au sol jusqu’au printemps suivant.
- Les œufs donnent après éclosion des chenilles d’un blanc plus ou moins transparent (avec des touches rougeâtres), avec une tête rougeâtre, plus foncée.
- Ce sont ces chenilles, d’environ 0,8 à 1,5 cm de long, qui creusent des galeries, d’abord à la base des feuilles et des tiges florales, au niveau du collet, puis dans les rhizomes.
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Espèces susceptibles d’être attaquées
Ces ravageurs ne s’attaquent qu’aux iris, et particulièrement aux iris barbus rhizomateux (Iris germanica et hybrides, iris des jardins, Iris pumila ou iris nain des jardins...). D’autres variétés, comme les iris non barbus et bulbeux, leur sont résistants.
Dégâts du perceur de l'iris
Ce sont les larves (chenilles) de ce noctuidé qui ravagent certains iris en creusant des galeries pour se nourrir à l’intérieur de leurs tissus. Mais leur action dévastatrice est complétée par l’introduction d’une bactérie, Erwinia carotovora, dont elles sont les vecteurs, qui provoque le pourrissement des rhizomes.
Les symptômes sont les suivants :
- Cela commence par un brunissement des pointes des feuilles.
- Puis les feuilles qui sont attaquées se fanent en s’affaissant, ainsi que les tiges florales.
- Tout l’iris est affaibli et sa croissance comme sa floraison diminuent.
- Enfin, le rhizome (la tige souterraine) se met à pourrir.
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1. Prévenez les attaques du perceur de l'iris
Quelques pratiques culturales simples à mettre en œuvre vous permettent soit de prévenir des attaques soit d’éviter de les reproduire l’année suivante :
- Plantez vos iris à un emplacement bien drainé et ensoleillé.
- Éliminez les feuilles d’iris restantes ou mortes en automne et brûlez-les.
- Divisez régulièrement vos plants par leurs rhizomes tous les 3 ans environ en supprimant ceux qui montrent des traces de parasitage ou de pourriture, puis en les détruisant soigneusement.
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- D’autre part, un bêchage profond de 15 cm environ pratiqué en août vous permet d’éliminer pupes et larves qui pourraient se terrer dans le sol en prévision de l’hiver.
- Enfin, en cas de présence de ce ravageur dans les environs, choisissez pour vos plantations d’iris uniquement des variétés résistantes. Par exemple des iris de Sibérie, des iris pâles ou versicolor, etc.
2. Diagnostiquez une attaque du perceur de l’iris
Vous pouvez diagnostiquer une attaque de perceur de l’iris par l’apparition de plusieurs signes simultanés ou successifs :
- D’abord, vous pouvez observer (difficilement) de petits trous vers le bas des feuilles d’où s’écoule un peu de sève.
- Au pied du plant attaqué s’accumulent des débris végétaux ressemblant à une fine sciure.
- Si vous coupez alors une feuille vous pouvez y apercevoir des galeries au tracé irrégulier avec à l’intérieur une ou plusieurs petites larves blanches (des chenilles et non des asticots).
- Ensuite, les feuilles parasitées brunissent en commençant par leur extrémité. Puis l’ensemble des tiges et feuilles se flétrissent.
- Enfin, au dernier stade, les rhizomes pourrissent, exhalant une odeur caractéristique très désagréable, semblable à celle de pommes de terre pourries.
Note : les perceurs de l'iris sont difficiles à observer directement de nuit, même avec une lampe, car ils sont difficiles à distinguer au milieu de nombreux autres insectes volants. Seuls des insectes posés au repos peuvent bien être reconnus.
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3. Luttez contre le perceur de l’iris
Important : intervenez sans perdre de temps, dès l’observation des premiers symptômes ou des premières chenilles.
Lutte mécanique
Tout simplement :
- Éliminez manuellement les chenilles visibles en les écrasant soigneusement.
- Si vous pensez que certains de vos iris ont pu être infestés par le perceur de l’iris :
- Coupez feuilles et tiges de tous vos plants à ras du rhizome, de suite après les premières gelées.
- Puis détruisez-les en les brûlant.
Lutte biologique
Plusieurs solutions de lutte biologique s’offrent à vous, avec chacune ses avantages et ses inconvénients :
- Vous trouvez dans le commerce, jardineries, sites Internet, etc., des poudres mouillables de cultures de souches spécifiques de Bacillus thuringiensis, mais à défaut la plupart des autres souches sont également actives sur les chenilles de Macronoctua onusta (mais pas sur leurs œufs) :
- Pulvérisez les solutions aqueuses reconstituées sur l’ensemble des feuillages et des tiges à traiter en cas d’infestation avérée car elles n’agissent que par contact avec les chenilles.
- Renouvelez le traitement une semaine à 10 jours après et si nécessaire jusqu’à ce que tous les œufs aient éclos en chenilles.
À noter : la toxine biologique produite par ce micro-organisme a peu d’impact sur l’environnement car sous l’action du soleil elle perd son efficacité au bout de quelques heures seulement. (Évitez tout de même de traiter en plein soleil au moment de la floraison.)
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- Vous pouvez également vous procurer par commande Internet des solutions contenant des nématodes (petits vers) microscopiques, Steinernema carpocapsae semblant avoir une grande efficacité sur ces chenilles également :
- Incorporez-les au sol en avril lorsque la température de ce dernier atteint au moins 10 °C (température optimale entre 14 et 33 °C).
- Maintenez ensuite le sol légèrement humide pendant au moins 15 jours.
- Enfin, un insecticide d’origine biologique, le spinosad (toléré en agriculture biologique), est actif mais nécessite des précautions d’emploi car il est très toxique pour les abeilles. Il pénètre les feuilles d’iris dans lesquelles il reste actif pendant 10 jours environ. Mais il n’est pas véhiculé par la sève jusqu’aux racines comme un véritable produit systémique. Attention :
- Pulvérisez-le impérativement avant que les chenilles ne migrent sous terre pour nymphoser, c’est-à-dire dès que les nouvelles feuilles apparaissent au printemps.
- Ne le vaporisez pas sur les fleurs ou à proximité de colonies d’abeilles. Ailleurs que dans le tissu des feuilles, il se dégraderait assez rapidement au bout d’environ 3 h, au bout desquelles il perdrait sa grande toxicité. Mais certains affirment que des effets nocifs pour les abeilles domestiques comme pour les bourdons pourraient persister quelques jours après son application.
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Lutte chimique
Faites attention :
- Les spécialités à base d’imidaclopride (comme le fameux Gaucho) sont à éviter du fait de leur grande toxicité pour les abeilles.
- Quant aux organophosphorés comme diméthoate ou chlorpyriphos, ou aux cyperméthrines, leur emploi serait également dommageable pour l’environnement en général, même en ne les utilisant que pour le sol et en arrosant après leur application.
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