
Plusieurs variétés de pucerons peuvent s'attaquer au pommier, mais le puceron cendré est un de ceux qui entraînent le plus de dégâts. Apprenez à le reconnaître et lutter contre le puceron cendré du pommier.
Le puceron cendré du pommier (Dysaphis plantaginea) fait partie de la famille des aphidoïdés qui comprend environ 900 espèces et du genre dysaphis avec une centaine d'autres variétés de ces insectes parasites piqueurs-suceurs.
Leurs caractéristiques (forme, couleurs, cycle biologique, etc.) sont très variées, mais tous ont en commun de :
- se nourrir de la sève de leur plante hôte ;
- se multiplier très rapidement ;
- pouvoir se déplacer facilement sur tout l'arbre ou de passer d'une plante à l'autre en risquant de leur transmettre diverses maladies.
Le puceron cendré du pommier est avec le puceron lanigère celui qui est le plus dangereux pour le pommier. Il peut se développer du printemps à l'automne surtout en mai-juin par temps chaud.
Zoom sur le puceron cendré
Le puceron cendré adulte est un gros puceron globuleux de couleur vert olive ou rose vineux, recouvert d'une poudre blanchâtre ou grise qui le caractérise. Long de 2,5 mm environ, l'adulte n'a pas d'ailes et porte 2 longues antennes sur le devant. Les femelles sexuées, qui ont des ailes, sont de couleur vert foncé.
La reproduction très spéciale du puceron
Les œufs pondus en automne sur le pommier par les femelles ailées après fécondation sont situés sous l'écorce ou à la base des bourgeons et résistent au froid de l'hiver.
Lors du gonflement des bourgeons, au printemps, ils éclosent et donnent naissance à des larves fondatrices. Celles-ci donnent des adultes qui peuvent se reproduire par parthénogenèse (sans intervention des mâles) ce qui donne naissance uniquement à d'autres femelles parthénogénétiques en passant seulement par un stade larvaire plus court (la ponte d’œufs n'étant plus nécessaire).
Chacune de ces femelles parthénogénétiques pouvant engendrer environ 70 larves et le processus pouvant donner naissance de 6 à 9 générations par an, cela entraîne une pullulation de pucerons qui explique l'extension très rapide de l'infestation.
Dès le mois de juin, une migration de la population de pucerons se produit vers un hôte secondaire intermédiaire (plantain le plus souvent, mais aussi cerfeuil, rumex, choux, etc.) où les adultes en surnombre s'adaptent en reprenant la reproduction de formes sexuées.
En automne, les femelles parthénogénétiques donnent en effet naissance à des femelles sexuées et à des mâles qui s'accouplent. Les femelles ailées ainsi fécondées pondent des œufs résistants au froid sur les pommiers voisins où ils passent l'hiver.
Au printemps suivant, lorsque la température croit suffisamment, les œufs éclosent, et donnent naissance à des femelles parthénogénétiques et le cycle recommence !
L'appareil piqueur-suceur du puceron
Ce système buccal très sophistiqué leur permet d’accéder par piqûre aux vaisseaux du végétal qui véhiculent la sève produite par les feuilles et de la prélever pour s'en nourrir. La piqûre s'accompagne de sécrétion de salive qui peut transmettre des virus.
1. Prévenez l'apparition de pucerons cendrés
Choix de variétés de pommier résistantes
- Si votre jardin ou votre verger est sujet aux pucerons, plantez de préférence des variétés de pommier résistantes telles que : 'Florina' ou 'Goldrush'.
- Évitez les variétés particulièrement sensibles au puceron cendré : 'Topaz', 'Idared', 'Granny Smith' ou 'Baujade'.
Soins préventifs contre les pucerons cendrés du pommier
- Évitez les excès d’engrais azotés qui en développant la végétation favorisent son apparition. Préférez l'emploi de compost ou d’engrais organiques décomposés.
- Supprimez les gourmands qui les attirent plus particulièrement.
Sur une plante où il y a pucerons, il y a fourmis. Celles-ci transportent même les pucerons aux extrémités des rameaux afin qu'ils y produisent le miellat dont elles sont gourmandes. Aussi :
- Pour éradiquer naturellement les fourmis d'un arbre ou d'un arbuste, la meilleure méthode est d'engluer les troncs avant le départ des premières branches sur une largeur de 10 cm minimum.
- Surveillez bien vos bandes de glu, car lorsqu’elles sont nombreuses, les fourmis en se collant sur la glu peuvent finir par former de véritables ponts de cadavres de fourmis. Il faut donc réengluer régulièrement dans ces cas-là.
Note : la glu se trouve dans le commerce en pots à étaler avec une spatule ou en bandes imprégnées toutes prêtes à appliquer.
- Parallèlement, favorisez la présence d'insectes auxiliaires (larves de syrphes, coccinelles, chrysopes) en laissant se développer des haies (si vous le pouvez) et en espaçant le fauchage de l’enherbement spontané.
- Vous pouvez également traiter préventivement avec une huile blanche ou une huile de pétrole, au printemps dès l'ouverture des bourgeons si la température extérieure dépasse 10 °C. Cela éliminera les œufs et les larves fondatrices.
- Traitez à nouveau en rajoutant un insecticide peu toxique (à base de pyrèthre) au moment où les feuilles se développent pour tuer les fondatrices plus âgées.
- Faites un dernier traitement à l'automne après la chute des feuilles.
2. Diagnostiquez la présence du puceron cendré
Le puceron cendré peut apparaître dès le mois d'avril. De toute petite taille (2,5 mm environ), il n'est pas toujours facilement visible en début d'infestation :
- De couleur gris-brun, ce puceron reconnaissable à la cire poudreuse qui le recouvre s'attaque essentiellement aux pommiers et aux plantains.
- La présence de fourmis doit vous inciter à regarder de plus près et notamment sur la face inférieure à l’intérieur des feuilles enroulées.
- D'une façon générale, on observe des déformations des feuilles qui s'enroulent, jaunissent puis se dessèchent et tombent, et également des boursouflures et craquelures de l'écorce des rameaux qui sont atteints.
- Les fleurs atteintes avortent et tombent.
- Enfin, les pommes restent petites et présentent des boursouflures qui gâtent leur aspect, mais ne les rendent pas impropres à votre consommation.
- Parallèlement, le rejet de miellat qui donne un toucher poisseux entraîne l'apparition de fumagine en plus des fourmis.
3. Traitez vos fruitiers en cas d’invasion de pucerons
Mise en garde : évitez tout traitement insecticide après l'apparition des fleurs sauf en cas d'infestation massive sur de jeunes arbres qui risquent d'en pâtir durablement. Préférez des traitements naturels et écologiques aux chimiques.
Cas 1 : Traitez avec des solutions écolos
Pour être efficaces, les traitements naturels sont à appliquer au plus tôt, avant que l'attaque de pucerons ne se développe trop. Ces traitements ont tous une certaine efficacité dans la lutte contre les pucerons. Si l’un d’entre eux n'est pas suffisant, vous pouvez l'associer à d'autres ainsi qu'à l'usage de plantes répulsives pour additionner les effets.
Rappelez-vous que ce qui est naturel n'est pas forcément inoffensif. L'exemple de l'interdiction de l'usage de la roténone (insecticide extrait de plantes tropicales, mais très toxique pour tous les animaux à sang froid) est là pour nous le rappeler.
Voici les différentes solutions écologiques possibles dans la lutte contre les pucerons.
- Utilisez des solutions d'insecticides maison classiques, à faire soi-même ou à acheter dans le commerce, tels que :
- purin d'ortie ;
- purin de rue ;
- décoction de tanaisie.
- Pour de petites surfaces infestées à traiter, vous pouvez effectuer une pulvérisation d'eau savonneuse, dilution de savon noir (additionné ou non d'huile végétale) dans de l'eau tiède.
- Autre méthode de traitement biologique : introduisez des coccinelles ou encore mieux leurs larves dans les colonies de pucerons après avoir éliminé les fourmis. On en trouve maintenant assez facilement en vente dans le commerce, car cette méthode est très utilisée par les professionnels entretenant les espaces verts.
- Enfin, la bactospéïne (plusieurs marques et présentations) est un produit commercialisé autorisé en agriculture biologique qui associe 2 insecticides peu toxiques : le piperonyl butoxide et des pyréthrines avec une souche de Bacillus thuringiensis (var. kurstaki ABTS-351). Cette dernière est une bactérie active contre les pucerons cendrés du pommier. Il est relativement naturel et relativement peu néfaste pour l'environnement si vous respectez ses conditions d'emploi.
Cas 2 : l'emploi de produits toxiques
Si toutefois vous décidez d'utiliser des traitements plus radicaux, respectez ces règles de base :
- Limitez au maximum, dans l'espace et dans la durée, l'utilisation de produits chimiques qui détruisent l'écosystème indispensable à la lutte naturelle contre les maladies ou les parasites.
- Ne l'utilisez pas en période de floraison de la plante sous peine de tuer les abeilles et autres insectes mellifères.
- Toxiques également pour l'homme, ils sont le plus souvent rémanents : c’est-à-dire qu'ils mettent longtemps pour s'éliminer.
- Choisissez un insecticide de contact si les pucerons sont bien visibles.
- S'ils sont, comme souvent, cachés dans des replis ou des enroulements de feuilles, recourez à un insecticide systémique qui, véhiculé par la sève, empoisonne ainsi le puceron où qu’il se trouve lorsqu'il se nourrit.
- Dans tous les cas, lisez bien les précautions et les restrictions d'emploi avant de les utiliser.
Attention : certains produits commercialisés associent les 2 modes d'activité. Évitez l'usage des insecticides polyvalents qui associent un produit à effet choc (immédiat) et un autre à action prolongée dans le temps. Leur usage prolonge d'autant leur effet néfaste sur l'environnement.
Pulvérisation sur fruitiers : mode d’emploi
- Pour pulvériser vos solutions de traitement sur les pommiers, utilisez un pulvériseur à pression entretenue (sulfateuse) ou un pulvérisateur thermique que vous pouvez louer, porté à dos.
- Traitez vos arbres par temps sec, hors période de gel et en absence de vent. Mouillez bien l'ensemble de l'arbre en insistant sur l'écorce pour agir sur les parasites cachés dans ses anfractuosités.
- Si vous devez pulvériser des solutions à base de produits chimiques, consultez d'abord les précautions d'emploi indiquées sur l’emballage : port éventuel de masque et/ou de gants.
- Rincez-les soigneusement si vous devez les utiliser pour pulvériser d'autres produits. Mais le mieux est de les réserver à cet usage uniquement.
Si les solutions utilisées, une fois préparées, ne se conservent pas, ne préparez que la quantité nécessaire et renouvelez-les à chaque application. S'il en reste un peu, ne les jetez pas à l'égout, mais versez-les au sol dans un coin du jardin réservé à cet usage, puis mettez un peu de terre par-dessus.
Attention : s'il s'agissait de quantités importantes, préparées par erreur, d'un produit signalé comme dangereux, apportez-le dans une déchetterie.