Diverses espèces de pucerons se nourrissent de la sève des pommiers qu’ils sucent grâce à leurs rostres. Ils causent ainsi des dommages importants s’ils ne sont pas rapidement éradiqués. Parmi toutes les espèces, le puceron lanigère du pommier est, avec le puceron cendré du pommier, celui qui peut entraîner le plus de dégâts.
Comment le reconnaître et s'en débarrasser ? Voici pas à pas comment lutter contre le puceron lanigère du pommier.
Zoom sur le puceron lanigère du pommier
Appartenant à la pléthorique famille des aphidoïdés (plus de 900 espèces), le puceron lanigère du pommier (Eriosoma lanigerum) fait partie du genre Eriosoma, qui compte en Europe une dizaine d’espèces de parasites piqueurs-suceurs se recouvrant d’une toison cireuse blanche ressemblant à du coton.
Description
La plupart des pucerons lanigères du pommier ne sont pas ailés. Leur couleur est noir violacé, cachée par la cire blanche et filamenteuse qui les recouvre et les masque. Les quelques-uns qui sont pourvus d’ailes sont bruns, recouverts d’un « lainage » plus léger lorsqu’ils ne volent pas.
Tous sont tout petits (2 mm de long maximum) et se nourrissent, en traversant l’écorce grâce à leur appareil piqueur-suceur, de la sève du plant qu’ils attaquent. Ils se regroupent en colonies sur les zones où l’écorce est fragilisée par une blessure (cassure, plaie de taille, etc.) ou bien sur les jeunes pousses où l'écorce est plus fine et plus tendre (mais les feuilles en sont toujours indemnes). Ils y forment des amas blanchâtres de filaments de cire d’apparence cotonneuse, bien visibles et plus ou moins importants.
Les larves ressemblent aux pucerons adultes mais en plus petit.
Cycle
Durant l’hiver, les femelles de pucerons lanigères du pommier ou leurs larves se protègent en se cachant dans diverses anfractuosités du tronc des pommiers, en particulier au niveau des chancres (nécroses de l'écorce), ou sur les portions de racines proches du collet (base du tronc).
Au printemps, dès mars-avril, dès que les températures moyennes dépassent 5 à 7 °C, elles sortent de leur hivernation et reprennent leurs activités de nourrissement. Ces femelles commencent également à se reproduire de façon non sexuée (sans être fécondées par un mâle ni pondre des œufs) en engendrant directement plus de 100 larves chacune. C’est ce qu’on nomme la parthénogenèse.
Et comme 10 à 12 générations de femelles (selon le climat environnant) vont se succéder jusqu’à l’hivernation d’automne, le pouvoir de multiplication des pucerons lanigères du pommier est très important et la pullulation qu’il entraîne donne d’importantes colonies laineuses.
C’est en mai-juin, lorsque les températures s'élèvent, qu’ils se multiplient le plus.
En juillet apparaissent d’autres pucerons lanigères du pommier qui sont, eux, dotés d’ailes qui leur permettent de voler vers d’autres arbres voisins pour y disperser de nouvelles colonies.
Espèces attaquées
En plus du pommier, on peut observer en Europe des attaques de puceron lanigère du pommier également sur des cognassiers et des poiriers (beaucoup plus rarement).
Dégâts provoqués
Alors que les prélèvements de sève sont négligeables pour un pommier, l’irritation provoquée lors des piqûres de pucerons à travers l’écorce provoque la formation de gales et surtout de chancres plus ou moins importants :
- Les chancres, en grossissant, gênent la circulation de la sève dans les rameaux parasités, ce qui affaiblit le pommier.
- D’autre part, ils sont une porte d’entrée pour d’autres maladies, bactériennes, virales ou cryptogamiques. Ils peuvent évoluer en une maladie à part entière qui est le chancre du pommier.
- Sur de jeunes arbres, ces chancres entraînent des déformations lors de sa croissance.
Article
Enfin, le pommier est sensible à la sécrétion de miellat (liquide excrété par le puceron), qui favorise lui-même l’apparition de fumagine qui affaiblit également l’arbre.
Important : la production de fruits d’un pommier attaqué et non traité sera bien sûr diminuée.
1. Diagnostiquez la présence du puceron lanigère dans votre pommier
Repérez les signes de la présence du puceron lanigère sur votre pommier :
- Les plaques blanches cotonneuses sont bien visibles sur les jeunes rameaux et sont très caractéristiques.
- Chez les sujets jeunes, elles se trouvent plutôt sur les racines près du collet.
- En enlevant cette cire blanche, vous faites apparaître les pucerons.
Bon à savoir : ne les confondez pas avec des cochenilles farineuses qui nécessitent d’autres moyens de lutte. En grattant la « farine », vous ferez apparaître des cochenilles, qui sont des insectes très différents morphologiquement des pucerons.
2. Prévenez les attaques du puceron lanigère du pommier
Pour prévenir des attaques de pucerons lanigères du pommier :
- Évitez d’abord de planter les variétés qui y sont les plus sensibles, telles que la Starking, la Reine des reinettes ou la Calville...
- Privilégiez au contraire la plantation de variétés greffées sur des porte-greffes résistants (renseignez-vous lors de vos achats).
- Évitez les excès d’apports azotés qui stimulent la production de sève et la pousse de nouveaux rameaux ou de gourmands, très appréciés des pucerons lanigères.
- Favorisez la présence de tous les prédateurs naturels des pucerons : perce-oreilles, coccinelles, syrphes, chrysopes, punaises, etc., en maintenant suffisamment de végétation florifère aux alentours, ainsi que des mésanges, en leur installant quelques abris nichoirs.
3. Luttez contre les attaques du puceron lanigère du pommier
Traitements respectant l’environnement
L’élimination de ce ravageur est plus difficile que celle des autres pucerons, car il est protégé par sa couverture de cire.
Réalisez plusieurs traitements dans l’année :
- Lorsqu’il y a déjà eu une attaque de pucerons lanigères dans votre pommier, ou dans un proche environ, effectuez un traitement d’hiver après la chute des feuilles, vers novembre-décembre. Pour cela, faites une pulvérisation méticuleuse de tout le pommier, en insistant sur les chancres et les anfractuosités de son écorce avec une solution diluée d’huile blanche (que vous trouvez dans le commerce). Celle-ci tue larves, adultes et œufs s’il y en a, en les asphyxiant.
À noter : pour être sûr(e) d’éliminer le maximum de parasites, répétez 2 à 3 fois ce traitement durant l’hiver et lors du débourrement des bourgeons au printemps.
Article
- Au printemps, pour lutter contre la présence de fourmis qui favorisent l’extension des colonies de pucerons, installez des bandes enduites de glu sur les troncs, à mi-hauteur. Veillez à ce qu’elles soient assez larges (10 cm au moins) et à les ré-engluer régulièrement lorsque les fourmis collées seront trop nombreuses. Cela évitera que de nouvelles fourmis ne franchissent ce barrage en passant sur les insectes collés.
Conseil : il vaut mieux utiliser des bandes de glu que d’appliquer directement celle-ci sur le tronc, car cette colle a tendance à brûler la portion d’écorce enduite.
- Lorsque le nouveau feuillage est bien installé, masquant partiellement d’éventuelles nouvelles colonies, pulvérisez à l’intérieur du pommier une solution aqueuse de savon noir additionnée d’alcool à brûler. Sur le tronc et les branches, ces pulvérisations réduisent les pullulations débutantes.
Note : surveillez ensuite le résultat les jours suivants et renouvelez le traitement si nécessaire.
- Enfin, si vous possédez plusieurs arbres et que vous trouvez tous ces traitements fastidieux, achetez dans les commerces spécialisés des insectes prédateurs des pucerons, comme des coccinelles ou leurs larves, que vous relâcherez dans vos arbres.
Bon à savoir : le recours à des pulvérisations de divers purins (par exemple de tanaisie, d'ortie, de rue...), très prisées par les adeptes d’agriculture écologique, semble avoir avec le puceron lanigère des effets incertains. En tous cas, de nombreuses applications sont nécessaires. Vous pouvez essayer en tout début d’attaque, en combinant éventuellement plusieurs purins entre eux. Mais en cas d’infestation bien installée, ces derniers seront inefficaces pour vous débarrasser des pucerons lanigères.
Autres traitements (à éviter)
Les traitements à base de produits chimiques, même si leur emploi est autorisé au jardin, ne sont pas sans effets nocifs sur l’environnement :
- Même les produits à base de pyrèthre, considérés comme peu toxiques (car se dégradant rapidement à la lumière) et autorisés en agriculture biologique, éliminent de nombreux autres insectes utiles comme les abeilles (par exemple, Naturen Fertiligène, qui a remplacé la Bactospéine).
- Ne les employez pas en période de floraison (sauf éventuellement en fin de journée).
- N'utilisez pas de traitements systémiques dont l’effet peut durer plus d’un mois.
- Quant aux traitements à base d’autres produits chimiques, et notamment de néonicotinoïdes (clothianidine, imidaclopride et thiaméthoxame...) ou de fipronil, leurs effets dévastateurs sur les populations d’insectes butineurs sont tels que même s'ils ne sont pas interdits, abstenez-vous tout simplement de les employer.
Important : en cas d’usage malgré toutes ces mises en garde, lisez bien les précautions d’emploi avant de les utiliser.
Bon à savoir : depuis le 1er septembre 2018, l’utilisation de produits phytopharmaceutiques contenant des substances actives de la famille des néonicotinoïdes ou des substances présentant des modes d’action identiques est interdite. Cette interdiction a été contestée par de grands groupes industriels mais par une décision en date du 6 mai 2021 (C-499/8P), la Cour de justice de l’Union européenne a définitivement validé l’interdiction de trois insecticides néonicotinoïdes: le clothianidine, le thiamethoxane et l’imidaclopride. De plus, à compter du 1er janvier 2020, l’utilisation des produits phytopharmaceutiques à proximité des zones habitées est subordonnée à des mesures de protection des personnes habitant ces lieux (article L. 253-8 du Code rural et de la pêche maritime, issu de la loi n° 2018-938 du 30 octobre 2018).