Comment lutter contre la pyrale du buis

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La pyrale du buis est un papillon nocturne présent dans la quasi-totalité des régions françaises en 2016. Ses chenilles, très voraces, peuvent causer des dégâts très importants sur plusieurs variétés de buis. Comment reconnaître et lutter contre la pyrale du buis ?

Zoom sur la pyrale du buis

La pyrale du buis, Cydalima perspectalisou diaphana perspectalis est un papillon nocturne originaire d'Asie qui a été introduit en Europe dans les années 2005. Lépidoptère appartenant à la famille des crambidés, il s'est installé progressivement en France où il est, en 2016, présent dans la quasi-totalité des régions. Il semble ne s'attaquer qu'aux buis, ses chenilles pouvant causer des dégâts très importants sur le feuillage de nombreuses variétés de Buxus.

Description de la pyrale du buis

Mesurant entre 35 et 45 mm environ d'envergure, ce papillon possède des ailes blanches au centre et marron sur les bords avec des reflets irisés ou dorés qui sont caractéristiques de cette espèce de lépidoptères (il existe également une variété entièrement marron, plus rare, mais les deux variétés présentent en commun, sur l'avant des ailes antérieures, une tache en forme de demi-lune). Il est attiré par la lumière à la tombée de la nuit moment ou il peut être observé car il ne vole que la nuit (fin mai, début juin pour le premier vol). Mais vous pouvez également le voir de jour en secouant les branchages attaqués.

Ses chenilles sont de couleur vert clair avec des stries plus foncées sur toute la longueur et ponctuées de verrues noires. Leur tête noire est luisante. Elles possèdent trois paires de vraies pattes et cinq de fausses insérées sur l'abdomen. On peut également noter la présence de longs poils blancs isolés mais ces chenilles ne sont pas urticantes. Leur taille, juste avant la nymphose, (transformation en chrysalide) est d'environ 35 à 40 mm.

Cycle de la pyrale du buis

Immédiatement après l'accouplement des adultes, les femelles, difficilement repérables, déposent de petits paquets d’œufs (entre 800 et 1 200 en tout) à la face inférieure de feuilles de buis et ceci pendant environ 15 jours, puis elles meurent.

La pyrale du buis est un papillon qui peut avoir un nombre variable de générations dans l'année (de 2 à 3 en France) selon le climat du lieu où il se développe. Et lorsque l'attaque est installée, toutes les différentes phases du cycle de développement de ce lépidoptère vont cohabiter et seront observables simultanément : vols nocturnes de papillons, présence de chenilles de tailles plus ou moins importantes et de nymphes.

Après éclosion des œufs, les larves évoluent rapidement ce qui permet plusieurs générations par an. Au cours de la dernière, en automne, les chenilles se protègent à l'intérieur d'une feuille enroulée par des fils de soie blanche. Puis, elles hibernent ainsi, stoppant leur développement, jusqu'en février-mars de l'année suivante où elles reprennent leur cycle de développement ainsi que leur activité au détriment des feuilles de buis.

Les jeunes chenilles se nourrissent en grignotant les couches supérieures du limbe des feuilles, en dessus et en dessous. Les feuilles attaquées blanchissent et se dessèchent. L'ensemble des feuilles finit par être dévoré ce qui offre un spectacle affligeant.

Chaque chenille passe par sept stades larvaires grossissant de quelques millimètres à 3,5 à 4 cm pour le dernier stade. Ensuite, elles s'enferment dans un cocon de soie pour se nymphoser, fin mars-avril pour la première nymphose. Se forme alors la chrysalide (verte au début puis brunissant et pendue par la queue dans son cocon) d'où émergera au bout de quelque temps (de quelques semaines au printemps à quelques jours en été) un papillon adulte.

Espèces touchées par la pyrale du buis

À ce jour, la pyrale du buis ne s'attaque en France qu'aux espèces et variétés du genre Buxux et notamment B. sempervirens (buis commun), B. s. Rotundifolia (buis à feuilles rondes), B.s.Sulfructicosa, ou B.s. Arborescens. Pour B. colchica Porjacrk (buis du Caucase) ça reste à confirmer.

1. Prévenez l'apparition de la pyrale du buis

Pour prévenir des attaques de pyrale du buis, il faut empêcher les papillons femelles de pondre sous les feuilles.

  • Pour cela vous pouvez installer sur vos buis (haies ou topiaires) des voiles protecteurs anti-insectes en période de vols, en juin-juillet et septembre.
  • Des pièges à phéromones qui attirent les papillons mâles vous indiqueront la période utile pour l'installation des filets.
  • Vous pouvez également pratiquer, dès le mois de mars, des pulvérisations préventives de Bacilus Thurengensis.

2. Diagnostiquez l'apparition de la pyrale du buis

En cas d'attaque par la pyrale du buis plusieurs signes doivent vous alerter : des feuilles brunissent sèchent et tombent.

On peut alors observer autour du feuillage et au sol des soies qui contiennent des excréments verdâtres, des cocons et des limbes dévorés en partie. Des chenilles encore petites sont également visibles. Ensuite les feuilles rongées tombent et certaines portions de rameaux sont complètement dégarnies.

Puis la défoliation s'étend en commençant par les parties inférieures du buis, car les feuilles situées à l'ombre sont plus tendres que celles exposées au soleil.

Les vols de pyrales du buis adultes peuvent s'observer de juin à octobre. Les pics de vols et de ponte se situent en juin-juillet et en septembre. Les premières attaques de buis déjà infestés par des chenilles de pyrale ont lieu dès le mois de mars lorsqu'elles sortent des cocons d'hivernage. Dans ce cas, on constate des dégâts dès le début du printemps.

L'observation concomitante de papillons ou de chenilles et de paquets d'œufs signe la présence certaine de pyrale du buis et permet de ne pas confondre avec d'autres facteurs entraînant un dessèchement partiel du feuillage tel que la taille en haies, une sécheresse importante ou une maladie comme celle provoquée par un champignon microscopique Cylindrocladium buxicola.

3. Traitez la pyrale du buis

Après une attaque de pyrale du buis un certain nombre de traitements s'offrent à vous. Mais il faut savoir qu'il est difficile d'enrayer complètement une attaque bien installée par des traitements respectant l'environnement.

Traitement biologique

Le traitement biologique est à appliquer soit préventivement dès le début du printemps soit au plus tôt dès les premiers signes d'attaque. Il s'agit d'une pulvérisation sur tout le feuillage d'une suspension spécifique de Bacillus Thurigiensis ssp Kurstaki (ou Btk), bactérie qui provoque en quelques heures la mort des chenilles qui l'ingèrent en dévorant ce feuillage.

Conseil : il est important que vous pulvérisiez soigneusement tout le feuillage (dessus et dessous les feuilles) et que vous renouveliez cette pulvérisation 10 jours après ou s'il venait à pleuvoir entre-temps

Traitements mécaniques

Si l'infestation n'est pas encore trop importante, vous pouvez également employer diverses méthodes physiques pour tenter d'enrayer l'attaque, sachant que la chenille de pyrale du buis n'est pas urticante comme la chenille processionnaire par exemple :

  • Un jet d'eau puissant élimine les toiles, les œufs, les cocons et les chrysalides ce qui est parfois suffisant.
  • Vous pouvez également couper et brûler les parties de buis infestées, puis enlever à la main les œufs, chrysalides et chenilles demeurant autour.
  • Si vos buis sont de grande taille, vous pouvez les secouer vigoureusement ou taper les branches avec un bâton ce qui fera tomber les chenilles sur le sol où vous pourrez les récupérer sur un drap pour les brûler ou les ébouillanter.

Bon à savoir : ces actions qui ne sont pas efficaces à 100 % augmentent cependant l'efficacité d'un traitement biologique complémentaire par pulvérisation de cultures de Bacillus Thuringiensis.

Traitements autorisés en agriculture bio

Un autre traitement possible pour augmenter l'efficacité de l'emploi de Bacillus Thurigiensis et autorisé en agriculture biologique est de pulvériser au préalable une solution 100 % biodégradable à base de dérivés naturels de résine de pin et à fort pouvoir mouillant et adhésif telle que l'Aquabiol.

Il facilite ainsi l'action de tous les insecticides, fongicides ou herbicides notamment en cas de pluie consécutive à leur pulvérisation.

Autres traitements

En cas de forte infestation et d'échec des autres traitements, l'utilisation de produits insecticides chimiques peut s'avérer nécessaire. Voici les principaux pesticides commercialisés :

  • Les pyréthrinoïdes (deltaméthrine et cypermethtrine sont les plus courants) sont efficaces par contact. Non spécifiques, ils éliminent aussi tous les insectes auxiliaires utiles.
  • Le diflubenzuron organochloré de la famille des benzamides n'est efficace que lorsque les chenilles sont encore très petites, juste après l'éclosion des œufs. Par contre il est plus sélectif car il n'agit que s'il est ingéré.
  • Quant à l'acétamipride, néonicotinoïde, il est systémique et passant dans la sève il agit pendant 3 à 4 semaines. Il prévient ainsi les réinfestations, mais ne doit être employé que loin de la floraison.

Conseil : avant d'utiliser ces produits, lisez et appliquez ensuite soigneusement les recommandations d'utilisation pour vous protéger ainsi que l'environnement. D'autre part leur réglementation évoluant souvent, consultez d'abord la liste des produits commerciaux utilisables sur le site internet : e-phy.agriculture.gouv.fr. Vous pouvez également dans ce cas faire appel à un professionnel habitué à traiter la pyrale de buis.

Important : depuis le 1er septembre 2018, l’utilisation de produits phytopharmaceutiques contenant des substances actives de la famille des néonicotinoïdes ou des substances présentant des modes d’action identiques est interdite. Cette interdiction a été contestée par de grands groupes industriels mais par une décision en date du 6 mai 2021 (C-499/8P), la Cour de justice de l’Union européenne a définitivement validé l’interdiction de trois insecticides néonicotinoïdes: le clothianidine, le thiamethoxane et l’imidaclopride. De plus, à compter du 1er janvier 2020, l’utilisation des produits phytopharmaceutiques à proximité des zones habitées est subordonnée à des mesures de protection des personnes habitant ces lieux (article L. 253-8 du Code rural et de la pêche maritime, issu de la loi n° 2018-938 du 30 octobre 2018).

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