La pourriture grise ou botrytis est une moisissure qui peut atteindre et causer des dégâts sur de nombreuses plantes cultivées au jardin comme en serre.
Même s’il existe quelques traitements fongicides pour lutter contre la pourriture grise, favorisez les mesures de prévention et évitez toujours l’usage de ce type de produits dont l’emploi est rarement indispensable. Remplacez-le par un traitement moins toxique et plus respectueux de l’environnement.
Zoom sur les origines de la pourriture grise
La pourriture grise est une maladie fréquente aussi bien au potager que chez les plantes d’agrément. C’est une maladie cryptogamique, due à des champignons microscopiques du genre Botrytis, qui comprend de nombreuses espèces dont la plus fréquente est le Botrytis cinerea :
- Très contagieuse, cette parasitose est à craindre de mai à septembre en cultures extérieures et de mars à mai sous serre.
- Elle est plus fréquente si l’année est particulièrement humide :
- Son développement est favorisé par une humidité relative de l’air supérieure à 93 % et une température légèrement supérieure à 20 °C durant 24 h.
- C’est donc au printemps et en automne qu’elle apparaîtra le plus souvent en extérieur.
- Les dégâts occasionnés par tous ces champignons se manifestent par une grande variété de pourritures sèches ou humides entraînant des nécroses ou flétrissures de tout ou partie des plantes, fruits ou légumes pouvant être atteints.
Malgré la diversité de ces champignons et les différents dommages pouvant être observés, les méthodes de prévention et les moyens de lutte leur sont communs :
- Il est quasiment impossible de s’en débarrasser définitivement, car les spores de Botrytis à partir desquelles elles se développent sont très répandues et abondantes dans la nature. Elles peuvent rester en dormance plusieurs années dans l’environnement avant de se développer lorsque des conditions favorables se présentent.
- Outre par leurs spores, ces champignons se conservent aussi dans le sol ou dans des débris végétaux sous forme de mycélium ou des sclérotes prêts à se développer à nouveau après plusieurs années.
- D’autre part le botrytis s’attaquant surtout aux plantes affaiblies, il peut apparaître en surinfectant une plante déjà malade ou attaquée par d’autres parasites.
- Souvent installés sous forme parasitaire à l’occasion de blessures sur des feuilles ou sur des parties desséchées de feuilles ou fleurs, ils envahissent progressivement les tissus sains de la plante et finissent par sortir lors de la floraison suivante atteignant ensuite le fruit ou le légume généré.
1. Diagnostiquez la présence de pourriture grise
Végétaux sensibles
Pratiquement toutes les plantes cultivées peuvent être touchées par cette maladie cryptogamique :
- Au jardin d’agrément : pivoines, dahlias, hortensias, bégonias, pélargoniums, pétunias, sans oublier les rosiers.
- Les plantes d’intérieur y compris les plantes grasses et cactées.
- Au potager : aubergines et courgettes, fèves, haricots et petits pois, tomates, oignons et salades.
- Également, fraisiers, mais aussi groseilliers et framboisiers et tous les petits fruits ou vignes.
Comment reconnaître les symptômes ?
- Les fruits tels que les fraises ou les légumes se recouvrent d’un feutrage brunâtre puis gris caractéristique.
- Les fleurs atteintes se flétrissent et les feuilles se couvrent de taches de couleurs crème à brunes puis pourrissent ou sèchent.
- En général, les tiges atteintes de taches sèchent et le rameau les portant meurt.
- Quant aux racines elles pourrissent.
- L’importance des dégâts est variable et peut se limiter à quelques fleurs ou feuilles, mais parfois elle peut aller jusqu’à compromettre une récolte.
2. Prévenez l’apparition de pourriture grise
Des conditions de culture inappropriées dans des conditions climatiques défavorables sont souvent à l’origine de son apparition. Pour prévenir ces attaques, en culture en plein air :
- Préparez correctement le sol à planter.
- Désherbez-le soigneusement, beaucoup d’herbes retenant l’humidité.
- N’apportez pas trop d’engrais azoté.
- Paillez en vous adaptant au type de culture. Pour la culture de fraisiers par exemple, l’usage d’un plastic noir sera un excellent moyen de prévention.
- Éloignez les insectes qui comme la tordeuse en attaquant les feuilles ouvrent une porte d’entrée à la pourriture grise. Pour cela, pulvérisez un insecticide naturel comme le purin d’ortie ou solution de savon noir.
- Il en est de même pour certaines maladies comme l’oïdium (feuilles ou fruits endommagés, par exemple). Traitez sans attendre à la bouillie bordelaise par exemple.
Pour les arbustes et les petits fruitiers
- Taillez régulièrement les rameaux dirigés vers l’intérieur de façon à aérer la ramure et à maintenir sa ventilation.
- Ne plantez et ne semez pas trop serré. Vous pouvez également à cette occasion mélanger votre terreau avec de la cendre de bois qui contient de la potasse. Cela diminue les risques de maladies, dont la pourriture grise.
- Évitez de maintenir humide le feuillage longtemps et pour cela, préférez arroser le matin ou encore mieux irriguez au goutte à goutte.
Au jardin potager
- Pratiquez régulièrement la rotation des cultures.
- Soumis à un épisode climatique exceptionnellement pluvieux ou humide (brouillard...) au mois de juin, faites préventivement 2 applications de bouillie bordelaise espacées d’une semaine.
- Enfin, les jardiniers bio ont pour habitude de planter de l’ail à côté de végétaux à protéger, se basant sur les propriétés antivirales et antifongiques reconnues des alliacées.
Pour la culture sous serre
- Maintenez toujours autour des plants une bonne aération. Pour cela, si nécessaire, n’hésitez pas à tailler ou supprimer l’excès de feuilles durant la croissance.
- Vous pouvez également appliquer préventivement de la bouillie bordelaise comme indiqué ci-dessus.
3. Traitez avec des solutions écolos
- Commencez par supprimer, dès les premiers signes de la maladie, toutes les parties atteintes et les plants trop malades. Procédez délicatement afin de ne pas propager la maladie en répandant des spores. Brûlez ensuite sans tarder ces déchets et désinfectez votre outil de coupe à la javel (antifongique) ou autre produit libérant du chlore.
- Vous pouvez en plus pratiquer tous les 15 jours une pulvérisation de décoction de prêle ou de décoction d'ail. La prêle est riche en silice qui a un rôle protecteur contre les maladies des végétaux.
- Sinon, la bouillie bordelaise (autorisée en agriculture bio, car biodégradable) a une efficacité certaine en début d’infestation, comme en prévention.
- Botryprot , un inducteur biologique, est également efficace pour lutter biologiquement contre différentes formes de pourritures comme le botrytis sur les cultures de divers végétaux :
- Il agit par contact et ne laisse aucun résidu.
- Il est utilisable en floraison jusqu’à 10 jours en culture d’extérieur avant la récolte et 15 jours en intérieur ou sous serre.
- Il est recommandé de bien appliquer le produit sur toute la fleur en veillant à ce qu’il pénètre bien à l’intérieur de celle-ci.
- On le trouve à environ 8 € les 30 ml.
- Depuis début 2013, une solution biologique Prestop contre le botrytis (et d’autres maladies cryptogamiques) est commercialisée.
- Il s'agit d'un traitement curatif et préventif, mais il est surtout employé en prévention car le champignon antagoniste qu'il contient fait concurrence aux champignons pathogènes les empêchant ainsi de se développer.
- Elle est composée d’une souche d’un autre champignon (Gliocladium catenulatum J 1446) qui agit comme hyper parasite des souches pathogènes. Conditionnée en sachets de poudre mouillable de 1 kg, ses conditions d’emploi et son coût le destinent plutôt à un usage professionnel.
Attention ! Ce qui est naturel n’est pas forcement inoffensif. L’exemple de l’interdiction de l’usage de la roténone est là pour nous le rappeler.
Bon à savoir : l’emploi d’autres fongicides chimiques n’est pas indispensable et pas souhaitable surtout pour les fruits ou légumes que vous serez amené à consommer !
Pour pulvériser vos solutions de traitement :
- Selon les surfaces à traiter, utilisez un petit flacon pompe à main, ou un pulvériseur à pression de tailles plus ou moins importantes et porté à dos pour les plus gros.
- Si vous devez pulvériser des solutions à base de produits chimiques, consultez d’abord les précautions d’emploi indiquées sur l’emballage avec port éventuel de masque et/ou de gants. Rincez-les soigneusement si vous devez les utiliser pour pulvériser d’autres produits. Mais le mieux est de les réserver à cet usage uniquement.
- En outre, les solutions utilisées, une fois préparées ne se conservent pas. Ne préparez que la quantité nécessaire et renouvelez-les à chaque application. S’il en reste un peu, ne les jetez pas à l’égout, mais versez-les par terre dans un coin du jardin réservé à cet usage, puis mettez un peu de terre par dessus. S’il s’agissait de quantités importantes, préparées par erreur, d’un produit signalé comme dangereux, apportez-le dans une déchetterie.
Cas particulier : la pourriture noble
Paradoxalement le Botrytis cinerea est volontairement favorisé dans la culture de certains vignobles destinés à produire de célèbres vins liquoreux : Sauternes, Monbazillac et autres vendanges tardives.
La moisissure, en se développant sur les grains de raisin, permet d’augmenter le taux de sucre et de favoriser l’apparition de certains arômes complexes appréciés des connaisseurs. Malheureusement, cela se fait au détriment du rendement de ces vignes, ce qui entraîne un renchérissement du prix de vente de ces célèbres crus.
Évidemment on ne parle plus dans ces cas de pourriture grise, mais de pourriture noble !