Lutter contre les otiorhynques

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Les othiorhynques sont de petits coléoptères noirs qui ne volent pas, mais qui sont susceptibles d'attaquer de nombreuses espèces de plantes et d'arbustes du jardin et du potager, autant sous leur forme adulte que sous leur état larvaire. Les dégâts seront plus ou moins importants selon la partie du végétal atteinte.

Voici nos conseils pour lutter contre les otiorhynques.

Zoom sur les otiorhynques

Reconnaître les otiorhynques

Mesurant 1 cm de long, les otiorhynques appartiennent à la famille des charançons ; ils sont de couleur noire ou brun foncé. Leur tête est pourvue d'un rostre et de 2 longues antennes en forme de massue à leur extrémité. Ils sont incapables de voler car leurs élytres sont soudés entre eux. Les dégâts sont provoqués à la fois par les adultes et par les larves.

Il existe plusieurs espèces d'otiorhynques, dont la plus connue et aussi la plus nuisible est l'otiorhynque de la vigne (Otiorhynchus sulcatus). On trouve également d'autres espèces : Otiorhynchus rugosostriatus et Otiorhynchus singularis.

Ils sont difficiles à voir et à observer car ils se cachent le jour dans les anfractuosités du sol, des murs, etc. dont ils sortent uniquement la nuit venue pour aller dévorer les feuilles de la plante attaquée. Lorsque l'on arrive à en toucher un, celui-ci s'immobilise, feignant, en guise de défense, d'être mort.

Cycle de vie des otiorhynques

Les insectes adultes sont présents de mi-mai à décembre, époque à laquelle ils disparaissent. La reproduction est surtout parthénogénétique, donnant principalement des femelles et très peu de mâles.

Les femelles pondent leurs œufs sur les racines des plantes hôtes de mai à mi-juin environ et se nourrissent des feuilles jusqu'à fin décembre. Chacune pond de 400 à 800 œufs (dans le cas de l'otiorhynque de la vigne) par petits paquets. Les œufs éclosent entre 10 jours et 3 semaines après la ponte selon le climat et donnent naissance à des larves qui vont s’enterrer et se nourrir aux dépens des racines de la plante attaquée.

Les larves des otiorhynques qui élisent domicile dans le sol ou la plante infestée prennent la forme de petites chenilles blanches de 10 à 15 mm légèrement incurvées, les faisant ressembler à des asticots. Elles y restent de juillet à mai de l'année suivante et se nourrissent sur les racines de la plante parasitée jusqu'en automne ; c'est alors que la plupart d'entre elles s'enroulent à l'intérieur d'une coque protectrice à 30 ou 40 cm de profondeur pour passer l'hiver sous terre. Elles arrêtent alors de s'alimenter.

Au printemps suivant, vers mi-avril, lorsque la température du sol remonte un peu, les larves quittent leur coque et recommencent à se nourrir. Entre mi-avril et mi-juin, elles se transforment en nymphes (ou pupes). Ces nymphes restent sous terre jusqu'au printemps suivant ; elles muent ensuite vers la fin du mois de mai pour devenir adultes. Si les conditions ne leur sont pas assez défavorables, elles peuvent ne muer que la troisième année.

Ce stade de transformation a lieu pratiquement en même temps pour toutes les pupes et dure environ 3 semaines. Les insectes issus des chrysalides quittent leur abri dès le mois d'avril et migrent vers leurs plantes nourricières. Les nouvelles femelles vont pondre et le cycle va recommencer…

Conditions favorisant leur développement

Attention, certaines conditions peuvent favoriser le développement des otiorhynques :

  • Un hiver doux suivi de sécheresse est propice à la prolifération des populations de cette espèce.
  • Dans une serre chauffée, le cycle étant beaucoup plus court, plusieurs générations successives dans l'année peuvent éclore.
  • Les cultures pluriannuelles avec plusieurs rempotages successifs favorisent leur extension, de même que les cultures en conteneur ou encore la proximité de bois, haies ou taillis.
  • Tout stress, qu'il soit d'abord hydrique mais aussi mécanique ou nutritif, avantage leur apparition.

De très nombreuses espèces de plantes et d'arbustes peuvent être attaquées. Parmi les plus communes ou les plus spectaculaires, on peut citer :

1. Luttez préventivement contre l'apparition des otiorhynques

Pour prévenir l’apparition des otiorhynques, vous pouvez opter pour des méthodes naturelles :

  • La prévention commence par le choix de vos plants ! N'achetez pas ceux dont une ou plusieurs feuilles sont déjà « poinçonnées ».
  • Pour les cultures en pot ou en conteneur, évitez de réutiliser des terreaux anciens qui peuvent avoir été contaminés.
  • Pour une culture en pleine terre, un bêchage préalable profond à la fourche-bêche en hiver expose les larves à l'air libre ; elles meurent sous l'effet combiné du froid et de la lumière et sont également dévorées par les nombreux prédateurs (oiseaux, musaraignes, hérissons…).
  • Le paillage du sol sous les plants et au pied des végétaux atteints gênera la ponte des femelles adultes.

Si vous choisissez de lutter avec des produits chimiques, sachez que ces traitements préventifs sont uniquement efficaces pour les cultures de plantes d'ornement (le rhododendron, par exemple). Il faut pour cela incorporer dans votre sol des insecticides systémiques avant la plantation. Leur rémanence étant de 2 mois, ils vont empêcher la formation des larves.

Labourer son jardin Consulter la fiche pratique

 

2. Luttez curativement contre les otiorhynques

Vous saurez très facilement et assez tôt que des otiorhynques ont infesté vos plantes :

  • En observant leurs feuilles : si les bords de ces dernières sont crénelés, formant un motif de dentelle, c'est qu'elles ont très certainement subi une attaque d'otiorhynques. Ce sont les adultes qui « poinçonnent » ainsi le feuillage (on appelle d'ailleurs « poinçonneurs des lilas » les otiorhynques qui ont envahi le lilas). Ils s'attaquent aussi parfois aux grandes nervures ainsi qu'à l'écorce des jeunes rameaux, ce qui ralentit leur croissance.
  • Regardez également le système racinaire d'un plant arraché, pour en avoir la confirmation. Car ce sont les larves qui causent le plus de dégâts au niveau des racines, qu'elles mangent en commençant par les plus fines. Elles s'attaquent ensuite aux racines ligneuses ou aux tubercules. Elles sont capables de dévorer entièrement le système radiculaire jusqu'au collet. Invisible au début, l'attaque se manifeste par un flétrissement d'une partie de la plante, voire de la plante entière comme si elle avait subi un stress hydrique.

Dans le cas du houblon et des légumineuses, par exemple, les larves d'otiorhynques de la vigne creusent des trous et des galeries rainurées dans les racines, puis dans les parties aériennes, et stoppent ainsi la croissance de la plante, causant son flétrissement puis sa mort.

Les larves parasitent de préférence des plantes ayant une croissance lente ou des végétaux jeunes à racines peu profondes. Celles-ci sont en effet incapables de régénérer le tissu racinaire détruit. C'est ainsi qu'une seule larve peut tuer une azalée cultivée en pot en quelques mois.

3. Cas 1 : Traitez avec des solutions écolos

En début d'attaque

  • Dès les premiers symptômes, intervenez la nuit ; munissez-vous d'une lampe pour éclairer, repérer et éliminer à la main les adultes en activité. Vous pouvez également installer, au pied des plantes, des pièges fabriqués avec des morceaux de carton ondulé, que vous récupérerez et brûlerez le jour venu.
  • Sur des arbustes ligneux à un seul tronc (olivier…), la mise en place d'un anneau de glu empêchera les adultes d'atteindre la frondaison.
  • Vous pouvez également éliminer les plantes trop infestées.

En lutte biologique

Si l'attaque est largement répandue sur une culture (des fraisiers, par exemple), répandez sur le sol des nématodes, comme ceux de l'espèce Heterorhabditis bacteriophora, qui éliminent les larves et les pupes de ces ravageurs en les parasitant. Ce traitement, simple et peu coûteux, élimine également les larves de hannetons ou d'autres vers blancs.

Pour ce faire, il vous faudra agir quand la température du sol sera supérieure à 12 ° C, pendant quelques heures par jour au printemps, entre avril et mai, selon le climat, et à la fin de l'été, d’août à octobre. Traitez de préférence tôt le matin ou le soir au crépuscule, les nématodes ne résistant pas au plein soleil.

Le substrat argileux dans lequel sont intégrés les nématodes doit être soigneusement dilué dans de l'eau au moment de son utilisation ; avec une dose de 500 000 nématodes, vous pouvez traiter 1 m² de sol, ainsi 10 litres d'eau pour une dose permettent de traiter 10 m² de culture. Arrosez ensuite la terre (ou le substrat pour les conteneurs), à l'aide d'un arrosoir muni de sa pomme, au pied des plantes à traiter. Pour des surfaces importantes, vous pouvez utiliser un pulvérisateur, dont vous aurez au préalable enlevé les filtres. Maintenez l'humidité de la terre pendant un mois pour permettre aux nématodes de se déplacer. La meilleure solution est de pailler le sol.

Vous pouvez aussi employer une autre espèce de nématodes, Steinernema kraussei, qui agit dès 5 ° C et qui peut donc être utilisé plus tardivement, d’août à décembre, ou plus précocement au printemps. Une troisième espèce, Heterorhabditis bacteriophora, est commercialisée sous la marque nematop.

Les amateurs de culture biologique utilisent aussi des décoctions ou macérations de tanaisie, avec lesquelles ils pulvérisent et arrosent les plants à traiter.

Attention : il ne faut pas traiter chimiquement cette zone au moins une semaine avant ni un mois après le traitement.

Poser des bandes de glu sur des fruitiers Consulter la fiche pratique

3. Cas 2 : Traitez avec des insecticides chimiques

Il n'existe aucun traitement spécifique à la lutte contre les otiorhynques, larves ou adultes. D'autres insectes pouvant être utiles seraient aussi éliminés. Par ailleurs, comme vu plus haut, une lutte chimique ne sera efficace contre les larves qu'en incorporant le produit au sol AVANT la plantation. Par la suite, les racines ayant déjà été détruites, il sera inutile de traiter.

Vous pouvez néanmoins utiliser contre les insectes adultes les insecticides pyréthrinoïdes, comme la bifenthrine, qui doivent être pulvérisés sur les végétaux en début d'été, à la tombée de la nuit. Cependant, ils ne sont pas actifs sur les larves. Il faut éviter de traiter les arbustes fruitiers et les légumes. N'utilisez pas ces solutions insecticides aux périodes de floraison pour ne pas nuire aux abeilles.

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