Semer des graines

Sommaire

Personne entrain de semer des graines

Le semis de graines permet de diffuser un végétal par la voie sexuée. Ce mode de reproduction engendre généralement un nombre de sujets beaucoup plus élevé que le bouturage ou la division de touffe qui procèdent de la multiplication végétative, mais certaines conditions doivent être réunies pour réussir la germination.

Voici énoncés les principaux facteurs qui influent sur la bonne réussite d'un semis et comment procéder au mieux en fonction aussi de vos moyens. Comment semer des graines ? Suivez le guide !

Zoom sur les graines à semer

Généralités sur les semences

Les semences sont soumises à une dormance qui les empêche de germer dans le fruit. C'est le cas notamment pendant la saison hivernale ou lorsque certaines conditions propices à leur développement ne sont pas réunies.

Des conditions environnementales sont requises (chaleur, humidité, oxygène, lumière ou obscurité...) au moment de la germination mais avant cela, certaines graines nécessitent une période de froid pour lever la dormance ou même le passage du feu comme chez le séquoia et un certain nombre de plantes du fynbos sud-africain.

La dormance chez la graine

On distingue plusieurs types de dormance chez la graine dont les causes sont encore mal connues qui empêchent la graine de germer malgré des conditions favorables :

  • la dormance de l'embryon (levée parfois par l'ajout d'acide gibbérellique qui est une hormone végétale) ;
  • la dormance due au péricarpe (enveloppe dure) ;
  • la dormance induite secondaire ;
  • l'embryon immature ;
  • la dormance due à plusieurs facteurs.

1. Prélevez les graines

La levée de dormance

Chez beaucoup d'espèces fruitières de climat tempéré, la levée de dormance s'opère sous l'effet :

  • d'une stratification par le froid ;
  • mais aussi par le passage de la graine dans le tube digestif d'un animal qui consomme le fruit sans digérer la graine.

Les graines en provenance de régions sèches, sahéliennes, ont une enveloppe très épaisse qui empêche la graine de s'hydrater pour germer, aussi des moyens plus agressifs sont souvent requis comme :

  • la scarification du tégument de la graine ou l'abrasion avec du papier de verre ou dans un tambour aux parois abrasives ;
  • le passage dans l'eau bouillante (parfois pendant 10 min) suivi d'un lent refroidissement ;
  • le décorticage de l'enveloppe dure telle que le noyau (endocarpe lignifié) d'une mangue ;
  • le traitement à l'acide sulfurique concentré pendant plusieurs minutes suivi d'un rinçage à l'eau, utilisé pour les vieilles graines, avec d'infinies précautions (lunettes, gants).

Des recettes bien spécifiques tirées de l'expérience sont appliquées pour chaque essence.

Important : certaines semences nécessitent une vernalisation (période de froid), non pas pour germer mais pour fleurir (provoquer l'initiation florale) après avoir germé comme chez le blé d'hiver.

Méthodes pour réussir la levée de dormance

Procédez de la manière suivante :

  • Récoltez les fruits bien mûrs et bien exposés au soleil, afin que les graines soient parfaitement matures.

À noter : pour recueillir des graines de courgette ou de haricot vert, il est nécessaire que le fruit grossisse et durcisse jusqu'à devenir immangeable pour récolter des graines propres au semis.

  • Séparez la graine du fruit lorsqu'il est charnu et rincez les graines à l'eau claire car la pulpe contient des substances anti-germinatives.
  • Triez les graines du lot pour éviter de garder les graines brisées, perforées, trop petites, malformées.

Bon à savoir : chez la tomate, une fermentation est requise pour lever l'inhibition des graines. Mettez celles-ci durant quelques jours dans un peu d'eau jusqu'à ce qu'une moisissure surnage et que les graines tombent au fond du bocal. Ensuite, séchez-les.

2. Conservez les graines

Comment conserver les graines ?

Pour réussir la conservation des graines que vous voulez semer :

  • Faites bien sécher les graines non collées les unes aux autres, sur un torchon ou du papier absorbant, à l'ombre et au frais, avant de les stocker.
  • Stockez les graines dans un lieu sec, dans un bocal non fermé hermétiquement ou dans une enveloppe à l’abri de la lumière, des fourmis et des souris ! Certaines graines sont conservées dans le bas du réfrigérateur à 4-5 °C.
  • Ôtez rapidement les graines moisies.
  • Stockez les graines de fruits secs non déhiscents (qui ne s'ouvrent pas) entourées du fruit (coques de noisette, noix, glands...) dans un sac perméable à l’air entreposé dans un local aéré et frais (10-15 °C). Remuez les graines régulièrement pour éviter les moisissures et vérifiez que des rongeurs ne s'y soient pas attaqués.

Bon à savoir : les graines peuvent aussi se congeler mais leur durée germinative demeure souvent inconnue. La Réserve mondiale de semences du Svalbard, installée au pôle Nord, dans une ancienne mine de charbon, espère ainsi maintenir la viabilité de graines du monde entier, pendant plusieurs centaines d'années entre -20 et -30 °C. Les graines envoyées sont triées, séchées, stockées dans des sachets opaques, hermétiques à l'air et à l'eau avant d'être congelées.

Astuces pour conserver les graines

  • La congélation a l'avantage d'éliminer les ravageurs présents dans les graines. Ainsi, placez les graines de fève, haricot, pois pendant 48 h au congélateur pour éliminer le charançon (bruche du haricot) avant leur mise en bocal.
  • Évitez de dépasser la durée germinative moyenne de la graine pour avoir plus de succès dans votre semis. Cette durée peut varier énormément selon l'essence et les conditions de conservation.
  • Pour certaines plantes, semez immédiatement après l'expulsion des graines du fruit car l'exposition à la lumière peut induire une nouvelle dormance, pour d'autres le froid humide de l'hiver ou une scarification est nécessaire pour permettre à la graine de s'imbiber et germer.

Bon à savoir : la conservation des graines peut durer quelques semaines à plusieurs siècles comme le lotus, dont une graine découverte dans le tombeau d'un pharaon a pu germer au bout de 2500 ans. Mais la levée de dormance demeure plus incertaine, aussi on préconise de façon générale de semer les semences potagères dans les 2 ans (1 an pour le poireau, 5 à 10 ans pour la tomate). L'achat de graines potagères en grandes quantités n'est donc pas souhaitable, à moins de pratiquer des échanges de graines entre jardiniers !

3. Semez les graines

La saison du semis

Choisissez la meilleure saison selon votre région pour que vos semis aient le plus de chance de réussir, notamment à l'extérieur. Tenez compte :

  • de l'humidité : évitez de semer tardivement en juin si l'été est sec, profitez de l'arrivée de la saison des pluies en zone sahélienne, etc. ;
  • de la température de l'air et du sol : attention, un sol trop chaud peut aussi inhiber la levée de certaines graines comme celles des laitues (optimum de levée à 12-15 °C) ;
  • de l'altitude et de l'exposition ;
  • du sol : réchauffement plus ou moins rapide au printemps selon sa nature ;
  • de la pression des ravageurs ou maladies, variable selon les mois...

Le mode de semis

Le semis peut se faire :

  • En place :
    • Dégagez le paillis pour semer dans une terre bien affinée.
    • Recouvrez les graines et tassez légèrement.
    • Arrosez.
    • Remettez éventuellement une fine couche de paillis.

Bon à savoir : certains jardiniers pratiquant la permaculture préfèrent enlever tout le paillis 1 mois avant de semer en place afin de réduire la pression des limaces et escargots, souvent cachés sous la paille, et favoriser le réchauffement du sol, plus propice à la levée des graines.

  • En pépinière : cet espace à la terre affinée, nue, éventuellement abrité par un châssis, permet au jardinier de puiser de jeunes plants au fur et à mesure que le potager se libère. Il est recommandé si vous pratiquez en particulier le potager en carré où le minimum de place accueille un maximum de légumes en mélange. Il est forcément suivi d'un repiquage en pleine terre ou en pot.
  • En godet ou en terrine et sous abri (châssis, maison, serre) : les godets conviennent bien aux grosses graines (noyaux divers, haricots, lupins...). Ils diminuent le stress d'une transplantation en racines nues. Cependant, le dessèchement du substrat est plus rapide que lors d'un semis en terrine ou en pleine terre. Ce mode de semis permet une surveillance accrue et des conditions plus contrôlées en matière de chaleur, d'humidité, de ravageurs...

La technique du semis

Le semis peut se faire :

  • en plein (à la volée) sur une grande surface (gazon, prairie, massif) ou en bandes de 15-20 cm séparées par un inter-rang pour circuler (pensez à faire un semis clair pour limiter l'éclaircissage et la perte de plants) ;
  • en ligne à la main ou avec un semoir de façon à respecter une distance entre chaque graine et limiter l'éclaircissage ;
  • en poquet, en pleine terre ou en godet, avec suppression des plantules les moins vigoureuses.

Les graines peuvent être semées :

  • seules (soignez l'étiquetage) ;
  • ou  en mélanges exécutés par vos soins (carotte/radis pour une utilisation maximale de la surface, trèfle/chou pour améliorer la fertilité d'un sol, etc.) ou par le semencier (sachets de « fleurs annuelles de 60 cm de haut pour massif ensoleillé »).

Quelques astuces pour réussir votre semis

À retenir :

  • Désinfectez bien les conteneurs (Javel), voire le terreau, avant de semer (passez le terreau au micro-ondes ou versez dessus de l'eau bouillante).
  • Vous pouvez mélanger les semences fines à du sable fin pour faciliter le semis ou à du charbon de bois pilé pour limiter la pourriture (fonte des semis).
  • En général, recouvrez les graines par une même épaisseur de substrat ou de sable que leur diamètre. Certaines graines ne doivent pas être recouvertes car la lumière est nécessaire à leur germination comme chez le bégonia et de nombreux cactus (plantes photoblastiques positives). Chez les photoblastiques négatives, la lumière inhibe la germination ; chez les autres, la lumière n'a pas d'influence.
  • L'arrosage d'un semis doit se faire délicatement pour ne pas déplacer les graines :
    • Enfoncez une pomme à trous fins tournée vers le haut au bout de votre arrosoir pour produire une pluie fine.
    • Ou tournez l'embout du tuyau d'arrosage de façon à réduire la pression.
  • Surveillez quotidiennement l'avancée de la germination pour éviter la déception d'une « fonte des semis », du passage d'une limace ou d'une chenille, d'un manque ou d'un excès d'humidité, d'un retard de repiquage... Agissez rapidement pour séparer les plantules, car elles se remettent difficilement d'un accident de parcours !

Ces pros peuvent vous aider