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Le genre Fabiana regroupe 14 espèces d'arbrisseaux aux allures de bruyères, appartenant cependant à une tout autre famille, celle des Solanacées. On les trouve en altitude entre 1 200 et 2 300 m dans les Andes depuis le Pérou, la Bolivie jusqu'au nord du Chili et de l'Argentine, occupant les zones tempérées plutôt sèches.
Fabiana imbricata est pratiquement la seule espèce cultivée avec ses jolis rameaux vert moyen aux allures de bruyère et ses fleurs blanches ou rose pâle. Ce genre de plante moyennement rustique est encore peu diffusée en Europe si ce n'est dans les pépinières méditerranéennes ou de la côte atlantique.
L'arbuste dressé ou étalé peut atteindre 2,40 m de haut mais en culture, la végétation généralement plus compacte de ses cultivars ne dépasse guère 60 cm, du moins lors des premières années et surtout si vous la taillez régulièrement. Il existe aussi le clone 'Prostrata' qui présente une forme étalée. Le feuillage dégage une odeur de résine lorsqu'on le frotte. Les feuilles courtes sont des aiguilles imbriquées en croix de 2-3 mm, persistant durant l'hiver. Elles sont portées par des rameaux courts qui forment des fuseaux le long des rameaux longs dressés.
Les fleurs en tube de 1 cm forment chez l'espèce imbricata un manchon de corolles dressées en extrémité de rameaux courts. La corolle se termine par 5 lobes réfléchis. Les fleurs peuvent être en forme de clochettes chez d'autres espèces. La floraison attire de nombreux insectes butineurs. Les fruits sont de petites capsules ovoïdes déhiscentes dont les graines possèdent une longue durée de vie qui permet de recoloniser rapidement les zones incendiées en Amérique du Sud.
Cillas/GFDL/Wikimedia
Étant donné sa rusticité moyenne (-10 °C), il est préférable de cantonner sa culture aux régions douces telles que la zone méditerranéenne ou la façade atlantique. Cependant la fabiane peut se cultiver en bac et passer l'hiver en serre froide. Qualifiée de xérophyte, la plante tolère bien la sécheresse ainsi que les embruns.
Pensez à la protéger des vents du nord par un mur ou une haie et à lui offrir au moins quelques heures de soleil dans la journée. Fabiana peut constituer des haies basses ou orner une rocaille.
Elle tolère tout type de sol, acide à basique même si on la trouve plus souvent en compagnie de plantes de terre de bruyère. Un excès de calcaire peut entraîner la chlorose du feuillage (jaunissement). Un sol pauvre à modérément fertile lui convient.
Au printemps si les hivers sont froids sinon en septembre.
Ajoutez un peu de terreau et du sable au trou de plantation pour favoriser le drainage.
Pour une culture hors-sol, choisissez un pot profond ou un grand bac rempli de terre de bruyère ou de terreau allégé en sable.
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Arrosez régulièrement pendant la première année d'installation. En climat sec méditerranéen, réalisez quelques arrosages généreux durant l'été.
Les plantes en pot demandent davantage d'attention notamment en ce qui concerne l'arrosage et la protection contre le gel. Placez la plante contre un mur ensoleillé ou une haie durant l'hiver et dans une zone mi-ombragée durant l'été.
La pose d'un voile d'hivernage autour des branches est conseillée si les hivers sont rudes, à moins de rentrer la plante dans une serre froide ou dans une véranda pas trop chauffée.
Après la floraison.
La taille permet de conserver une silhouette harmonieuse à l'arbuste qui a tendance à s'étaler et à se dégarnir de la base avec le temps.
Pour réduire les pousses défleuries, utilisez une cisaille ; la suppression des branches disgracieuses se fera au sécateur.
Pas de nuisible connu.
Un excès de calcaire conduit au jaunissement du feuillage. Apportez un paillage de tourbe ou d'aiguilles de pin afin d'acidifier le sol.
Daderot/Public Domain/Wikimedia
En juin ou en fin d'été, prélevez des boutures semi-ligneuses de rameaux longs de 15 cm. Ôtez les rameaux courts sur la partie enterrée et placez-les dans un substrat léger acide sous châssis froid. Rempotez les boutures en pots individuels dès qu'elles se touchent.
Semez au printemps ou dès l'automne lorsque les graines parviennent à maturité. Semez aussi clair que possible dans une terrine remplie d'un terreau fin mélangé à du sable. Recouvrez d'une fine couche de sable et humidifiez. Placez le tout sous un châssis froid. Repiquez au printemps suivant dans des godets. Attendez 2-3 ans avant de les mettre en pleine terre.
Attention : le semis ne permet pas de conserver les caractères d'un cultivar contrairement au bouturage.
Fabiana imbricata ou « pichi » est utilisée dans la pharmacopée locale comme cholagogue, tonique, antispasmodique et diurétique. Son application concerne la cystite, la gonorrhée, les calculs biliaires, les néphrites. Son intérêt médical négligé par les Espagnols qui cultivèrent la plante à Madrid fut redécouvert par les Américains au XIXe siècle. Elle est aujourd'hui cultivée en Amérique pour l'extraction de son huile essentielle.
La plante revêt par ailleurs un caractère sacré en Amérique du Sud où les rameaux sont brûlés comme de l'encens lors de cérémonies religieuses pour chasser les mauvais esprits ou simplement pour purifier l'air infesté de miasmes. Les rameaux secs servent aussi à aromatiser le thé.
La Fabiana joue un rôle essentiel dans les écosystèmes sud-américains en raison de sa propension à recoloniser les sols après un incendie. La levée des graines est stimulée par des précipitations abondantes au printemps et par l'exposition des graines à la surface. Elle est inhibée par le lixiviat, l'excès de chaleur (80 et 120 °C pendant plus de 5 min). Lorsque la fabiane colonise une prairie, elle modifie fortement la structure de la végétation locale, réduit la richesse des espèces et augmente la charge de combustible.
Le nom du genre rend hommage à Francisco Fabian y Fuero (1719-1801), évêque érudit espagnol qui œuvra à Puebla de los Angeles en Nouvelle-Espagne (Mexique) de 1765 à 1773 avant d'être nommé archevêque de Valencia.
L'espèce imbricata fut décrite et nommée en 1799 par les botanistes espagnols Hipólito Ruiz López (1754-1815) et José Antonio Pavón (1754-1840), partis explorer en 1777 la flore du Chili et du Pérou en compagnie du naturaliste français Joseph Dombey (1742-1794). L'un des objectifs était de contrer le monopole de la cannelle par les Hollandais. Leur échec fut largement compensé par la découverte de plus de 60 nouvelles espèces. Dombey écarté par ses compagnons de route, ne participera pas à la publication de l'ouvrage bien qu'il fit parvenir après maintes péripéties un précieux herbier de 1 500 plantes aujourd'hui partagé entre le Jardin des Plantes de Paris, le Jardin botanique royal de Madrid et le British Museum de Londres. Son œuvre intitulée « Flore péruvienne » sera publiée après sa mort. On lui dédia le genre Dombeya pour honorer sa mémoire.
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