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Le genre Isatis compte environ 30 espèces d'annuelles, bisannuelles ou vivaces de la famille des Brassicacées (synonyme de Crucifères) peuplant le sud de l'Europe et l'Asie mineure. Ces plantes occupent souvent des terrains rocailleux ou des friches. Elles forment des rosettes de feuilles oblongues ou en forme de lance, qui embrassent la tige à son sommet. Elles portent une nuée de petites fleurs à 4 pétales, principalement jaunes.
Isatis tinctoria, plus connu sous le nom de guède ou de pastel des teinturiers, d'herbe de saint Philippe, de varède, ou encore d'herbe du Lauragais, est une plante herbacée d'Asie centrale et du Sud-Ouest ainsi que du sud-est de l'Europe. C'est la seule plante européenne à fournir de l'indigo. Elle est devenue spontanée en Afrique du Nord, sur tout le pourtour méditerranéen (fréquente en Corse), en Asie occidentale jusqu'à l'ouest de la Chine (Xinjiang). Elle doit sa renommée aux richesses générées par le pigment bleu extrait de ses feuilles qui servait en particulier à teindre les vêtements des rois.
La plante adopte un comportement bisannuel ou vivace. Dans le premier cas, la première saison qui suit le semis, la plante forme une rosette de feuilles étroites glauques de 15-20 cm de long, duveteuses et munies d'un pétiole. Ce sont ces feuilles-là qui sont récoltées pour la teinture. La seconde année, 4-5 tiges de 40 à 100 cm surgissent de la rosette portant des feuilles glabres, embrassantes ou sagittées de teinte vert brillant ou bleuâtre. Elles se terminent par des panicules lâches de fleurs jaunes minuscules, d'avril à août selon les stations. Les fleurs attirent beaucoup d'insectes butineurs tels que les syrphes et les abeilles. Il arrive aussi que la plante ne fleurisse pas encore cette année-là et demeure à l'état de rosette.
Les fruits sont des siliques de 1 à 2 cm, vert chartreux puis noires, très décoratives, qui pendent comme des boucles d'oreilles. La fructification est suivie de la mort de la plante. Les graines brunes de 2-3 mm, ailées, sont libérées à maturité.
Le nom pastel vient du provençal et signifie « pâte » car le pigment est issu d'une pâte obtenue par la trituration et la macération des feuilles. Les Grecs et les Romains s'en servaient comme remède antiscorbutique, cicatrisant, contre la jaunisse, les maladies de la rate mais aussi comme plante tinctoriale. Les graines oléagineuses servent à fabriquer des cosmétiques (crème, savon, rouge à lèvres…).
Le pigment extrait du pastel s'appelle l'indigo. Autrefois, son obtention nécessitait un processus long de fermentation et de séchage qui s'étalait sur deux années. Les feuilles étaient récoltées à la main en 5-6 fois, de la Saint-Jean à novembre lorsqu'elles jaunissent légèrement pour atteindre leur maturité. Après lavage des feuilles et séchage, le broyage à la meule suivi d'une fermentation qui durait 4 mois aboutissait à la confection de « cocagnes » ou « coques ». On attachait les coques au mat de cocagne afin de les faire sécher encore 1 à 2 mois, tout en les mettant hors de portée des voleurs. L'agranat est une poudre noire qui résultait de la pulvérisation de ces coques mises à fermenter dans de l'urine afin d'augmenter le pH et rendre la matière soluble dans l'eau. L'agranat pouvait se conserver 10 ans pour servir de base à la teinture. Il suffisait de tremper le linge dans la solution puis de le laisser à l'air libre afin que la teinte vire du vert au bleu grâce à l'oxydation.
De nouveaux procédés plus rapides ont vu le jour par la suite et consistent à mettre les feuilles entières à macérer dans des conditions particulières de température et de composition de l'eau. Une oxygénation de la solution de quelques heures suffit alors à obtenir l'indigo. La décantation durant la nuit permet de recueillir le pigment dans le fond de la cuve au petit matin. Une tonne de feuilles produit environ 2 kg de pigment.
L'Isatis est aussi une jolie plante ornementale qui s'intègre bien aux massifs de fleurs et sert à confectionner des bouquets vivifiants. Elle peut s'utiliser au potager comme la moutarde ou la roquette, ses fleurs et feuilles se consomment en salade, mixées pour former un gaspacho bleu, etc. (note 1).
Linné a nommé la plante Isatis tinctoria en 1753. Isatis vient du grec et du latin et signifie « aplanir » car selon Dioscoride (40-90), la plante servait à aplanir les irrégularités de la peau et cicatriser. Le nom d'espèce tinctoria dérive du latin tinctura, teinture. Le mot guède dérive du celte beau qui signifie « bleu ».
Note 1 : Ubarrechena D., Oxley G., Ducerf G.(2013), Manisfeste gourmand des herbes folles, Édition du Toucan, p. 138-139.
Naturellement, le pastel occupe des sols plutôt secs, des friches, des bords de chemin, des zones rocheuses et les pelouses méditerranéennes, des zones à hiver doux et pluvieux.
Choisissez une zone découverte, ensoleillée et bien drainée, pourvue d'un sol riche et meuble plutôt calcaire et argileux même si la plante n'est pas exigeante. C'est au soleil que la concentration en pigments est la plus forte.
Le pastel peut se présenter en jeune plant vendu en godet notamment dans les foires aux plantes. Ces plants se mettent en terre au printemps ou à l'automne.
Ameublissez la terre en profondeur. Plantez la motte puis arrosez.
Le pastel n'a plus besoin d'arrosage en cours de saison.
Coupez les fruits si vous voulez favoriser une remontée des fleurs en été.
Désherbez si nécessaire.
Vous pouvez rabattre les tiges sèches en fin d'automne puisque la plante redémarre en partant des rosettes de feuilles au printemps.
Rien à signaler.
Pour réaliser la teinture, récoltez les feuilles de juin à novembre sur des plants non fleuris de préférence bien que ce critère ne soit plus respecté avec les méthodes modernes d’extraction.
La récolte des graines peut se faire dès juin lorsque les fruits sont noirs.
La récolte des feuilles et fleurs pour la cuisine se réalise tout le long du printemps et de l'été.
La méthode d’extraction réalisée à Lectoure :
Les feuilles sont cueillies à n’importe quel stade de la plante même fleurie. Elles sont séparées des tiges et plongées dans de l’eau à 80 °C pendant 15 à 20 min. Le jus est filtré puis oxygéné grâce à une pompe plongée dans la cuve. On rajoute un peu de carbonate de potassium ou de sodium en remuant afin de faire bleuir la mousse. Puis on laisse décanter une nuit afin de recueillir la pâte au fond de la cuve qui peut être séchée et réduite en poudre pour être conservée.
Le pastel des teinturiers se multiplie par semis.
Exécutez le semis en fin d'hiver (de la mi-février à fin mars) ou même au mois d'août pour une récolte en juin comme cela se pratique aujourd'hui dans le Lauragais.
Un semis à l'automne en godet est aussi possible.
Pour une culture destinée à la production de teinture : ameublissez le sol assez profondément en l'enrichissant de fumier composté. Semez à la volée 15 kg/ha de graines soit 15 g pour 10 m².
Pour le jardin :
Le pastel est une plante très mellifère, facile à implanter et aux nombreux débouchés. Cependant, elle peut devenir envahissante, dans le Sud-Est notamment.
Le pouvoir tinctorial de cette petite crucifère était déjà connu des Égyptiens qui coloraient les bandelettes de momification de cette nuance bleue indélébile. Les Celtes installés en Écosse s’en peignaient le corps pour effrayer l’ennemi, d’où l’expression « avoir une peur bleue ». Les Romains les surnommèrent les « Picts » à cause de leurs peintures. L’utilisation du pastel à l’âge de fer est attestée en Europe du Nord. Les Romains firent de Pompéi un gros centre de production et teignaient les vêtements de travail d’un bleu fade. La plante aurait été introduite par les Arabes dans le sud de l’Europe.
Sa culture dans le Lauragais et l’Albigeois débute au Moyen-Âge. Elle s’étend à la Picardie, la Normandie et au Nord où elle est nommée waide ou wedde et se généralise au XV et XVIe siècles (1463-1562) pour enluminer les robes de la cour des rois. En France, Toulouse devient le centre de négoce de cet or bleu lors de sa fameuse foire annuelle. Le pastel est l’objet de convoitise des drapiers de toute l’Europe comme des peintres flamands et italiens. De nombreuses familles toulousaines s’enrichissent jusqu’à ce que le pastel soit supplanté par l’indigo importé d’Inde et des différentes colonies du Nouveau Monde, au XVII et XVIIIe siècles. Ce nouvel indigo issu de la plante tropicale Indigo tinctoria génère une poudre bleue plus colorante et six fois moins chère. Les guerres de religion qui ravagent le Lauragais finissent de signer son déclin dès 1562. L’âge d’or du pastel en France se situe entre 1500 et 1560.
Napoléon 1er relance la culture du pastel au début du XIXe siècle, ce qui l’amène à trouver un procédé d’extraction du pigment beaucoup plus rapide, passant de 8 mois à quelques semaines. Tous les soldats de l’Empire seront revêtus de cet uniforme bleu. Vers 1850, sa production connaît un nouveau déclin. À la fin du XIXe siècle, l’indigo synthétique, qui a l’avantage d’être très pur, est inventé ce qui n’empêche pas les uniformes français de la Première Guerre mondiale d’être encore teints avec le pastel pour obtenir le fameux bleu horizon moins voyant que le rouge garance des premiers uniformes !
En 2005, un projet européen baptisé Spindigo a tenté de réintroduire la culture du pastel et d’autres plantes comme Polygonum tinctorium pour la production d’indigo naturel qui puisse bénéficier au secteur rural et à l’environnement. L’objectif était d’assurer au moins 5 % de la production d’indigo en Europe avec une pureté du pigment supérieur à 90 % sur 20 000 ha répartis sur l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, la Finlande et le Royaume-Uni.
Depuis quelques années, une production de pigment a été lancée dans la Somme ainsi qu’à Lectoure dans le Gers même si la culture du pastel a lieu dans d’autres régions de France. Le procédé de fabrication se réduit à une seule journée. L’intensité et la permanence de ce pigment naturel génèrent une flopée de débouchés que ce soit dans l’art, la haute couture, la peinture des boiseries… Le crayon de pastel utilisé dans l’art est bien issu du pastel. On recueillait la « fleur de pastel » sur les bords des cuves des teinturiers que l’on mélangeait à de la craie pilée. La peinture bleu charron était un autre produit dérivé destiné aux charrettes ou aux volets.
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