Moutarde

Moutarde en résumé

Dénomination

  • Nom(s) commun(s)

    Moutarde

  • Nom(s) latin(s)

    Brassica et sinapis

  • Famille

    Brassicacées

  • Type(s) de plante

    Fleur ▶ Plante à fleurs

    Plante comestible ▶ Autres légumes | Aromatiques et condiments | Plante à tisane | Autres plantes médicinales

Esthétique

  • Couleur des fleurs

  • Couleur des feuilles

  • Végétation Vivace : Plante qui vit plus de deux ans.
    Annuelle : Plante qui vit moins d'un an.
    Bisannuelle : Plante dont le cycle de vie dure deux années. La première année, la plante se développe la seconde année, elle donne fleurs et fruits, puis elle meurt.
    Pour en savoir plus

    Annuelle Bisannuelle
  • Feuillage Persistant : Le feuillage dure toute l'année.
    Semi-persistant ou semi-caduc : La plante conserve une partie de son feuillage toute l'année.
    Caduc : La plante perd ses feuilles à l'automne.
    Pour en savoir plus

    Persistant
  • Forme

    Buissonnant
  • Hauteur à maturité La hauteur à maturité est la hauteur à laquelle la plante s'élève naturellement quand elle bénéficie des conditions les plus favorables.
    La plante pourra prendre du temps pour atteindre cette hauteur, en fonction de la vitesse de sa croissance.
    La plante pourra aussi ne jamais atteindre sa hauteur à maturité, si elle est taillée régulièrement, ou si elle n'est pas cultivée dans les conditions optimales pour sa croissance.
    Pour en savoir plus

    0,60 à 1,50 m
  • Largeur à maturité

    0,30 à 0,70 m

Jardinage

  • Entretien Facile : La plante ne nécessite pas de soin particulier, ou des soins très simples.
    Modéré : La plante nécessite des soins réguliers ou un peu de pratique en jardinage.
    Difficile : La plante nécessite des soins importants et un savoir-faire en jardinage.
    Pour en savoir plus

    Facile
  • Besoin en eau Le besoin en eau de la plante peut être assuré par la pluie, l'humidité naturelle du sol ou l'arrosage. Pour évaluer l'arrosage nécessaire, il faut aussi prendre en compte la température ambiante, à cause de l'évaporation, et de la capacité du sol à retenir l'eau.
    Faible : Pour une plante d'intérieur, arroser tous les mois. Pour une plante d'extérieur, elle supporte bien la sécheresse.
    Moyen : Pour une plante d'intérieur, arroser toutes les semaines ou toutes les deux semaines. Pour une plante d'extérieur, elle aura besoin d'apports d'eau avant que le sol sèche.
    Important : Pour une plante d'intérieur, arroser plusieurs fois par semaine. Pour une plante d'extérieur, il lui faut des apports d'eau abondants et réguliers.
    Pour en savoir plus

    Moyen
  • Croissance Lente : La plante atteint sa maturité en plusieurs décennies.
    Normale : La plante atteint sa maturité en quelques années.
    Rapide : La plante atteint sa maturité en quelques mois.
    Pour en savoir plus

    Rapide
  • Multiplication La multiplication consiste à créer une nouvelle plante soi-même.
    Semis : La plante se reproduit par la plantation de graines.
    Pour en savoir plus
    Division : Une partie de la racine (rhizome, tubercule) sert à créer de nouvelles pousses.
    Pour en savoir plus
    Bouturage : Une branche est plantée en terre, où elle produit de nouvelles racines.
    Pour en savoir plus
    Marcottage : La branche n'est pas coupée de la plante mais elle est en partie enfouie dans la terre, où elle développe ses propres racines.
    Pour en savoir plus
    Greffe : Un fragment de plante est implanté sur une autre plante.
    Pour en savoir plus
    Impossible : Il n'est pas possible, pour un particulier, de multiplier sa plante. S'il en veut une autre, il lui faut l'acheter auprès d'un professionnel.

    Semis
  • Résistance au froid Résistante (rustique) : Plante résistante au gel.
    À protéger (semi-rustique) : Plante qui supporte la fraîcheur mais qui nécessite une protection contre le gel.
    À rentrer (fragile) : Plante qui craint le froid et qui doit être abritée pendant la saison froide.
    Pour en savoir plus

    Résistante
  • Type de sol Sol argileux : Terre lourde et collante quand elle est humide, qui durcit et craquelle en séchant.
    Sol calcaire : Terre claire et crayeuse, sèche l'été et boueuse l'hiver.
    Sol sableux : Terre légère, facile à travailler et qui retient mal l'eau.
    Sol caillouteux : Sol chargé de cailloux et pauvre en matières organiques.
    Humifère : Noire et facile à travailler, elle ressemble à la terre en forêt.
    Terre de bruyère : Sol acide (pH 4 à 5), sableux et riche en humus.
    Terreau : C'est facile, cette terre s'achète en magasin !
    Pour en savoir plus

    Sol calcaire Sol sableux Humus
  • PH du sol Le pH mesure l'acidité du sol.
    Sol alcalin : Le pH est supérieur à 7. Il s'agit principalement des sols calcaires.
    Sol neutre : Le pH est compris entre 6,5 et 7,2. La plupart des plantes y poussent correctement.
    Sol acide : Le pH est inférieur à 7. Il s'agit principalement des terres de bruyère.
    Pour en savoir plus

    Sol alcalin Sol neutre Sol acide
  • Humidité du sol L'humidité du sol ne dépend pas de la pluie, mais de la manière dont le sol conserve l'eau ou non.
    Sol drainé : Sol frais mais où l'eau ne stagne pas.
    Sol humide : Sol où de l'eau stagne.
    Sol sec : Sol qui ne retient pas l'eau.
    Sol frais : Sol qui reste constamment humide (mais pas trempé). Pour en savoir plus

    Sol humide
  • Densité

    9 au m²

Emplacement

  • Exposition Soleil : La plante doit avoir du soleil direct toute la journée. En intérieur, c’est directement (moins d’1 m) devant une fenêtre orientée sud ou ouest.
    Mi-ombre : La plante doit avoir du soleil une partie de la journée seulement. En intérieur, c’est devant une fenêtre à l’est ou plus éloignée d’une fenêtre orientée sud ou ouest.
    Ombre : La plante doit être à l'ombre d'autres plantes. En intérieur, c’est le cas des pièces en hiver, des fenêtres au nord ou en partie occultées et quand la plante est loin de la fenêtre (+ de 2 m).
    Pour en savoir plus

    Soleil
    Mi-ombre
  • Utilisation extérieure

    Prairie Couvre-sol Potager
  • Plantation Pleine terre : La plante peut être plantée directement dans la terre.
    Bac, pot ou jardinière : La plante peut être plantée dans un bac. (Le volume du bac doit être adapté à la taille de la plante.)
    Pour en savoir plus

    Pleine terre
  • Climat

Plantation

JANVIER FÉVRIER MARS
AVRIL MAI JUIN
JUILLET AOÛT SEPT.
OCT. NOV. DÉC.

Floraison

JANVIER FÉVRIER MARS
AVRIL MAI JUIN
JUILLET AOÛT SEPT.
OCT. NOV. DÉC.

Récolte

JANVIER FÉVRIER MARS
AVRIL MAI JUIN
JUILLET AOÛT SEPT.
OCT. NOV. DÉC.

Annuelles, de la famille des Brassicacées – comme les choux –, la moutarde blanche (Sinapis alba), la moutarde noire (Brassica nigra) et la moutarde des champs (Sinapis arvensis) sont originaires d'Afrique du Nord, d'Europe et du Proche-Orient. La moutarde des champs fait partie des adventices très communes, parfois envahissantes, dans les champs et les jardins.

Souvent difficiles à différencier les unes des autres pour les non-botanistes, ces plantes mellifères ont pratiquement les mêmes propriétés et qualités, médicinales ou culinaires.

La moutarde de Chine (Brassica juncea), bisannuelle, c'est la moutarde brune. Elle porte plusieurs petits noms : chou faux jonc, moutarde de Sarepta, moutarde tubéreuse, moutarde indienne… Originaire de Chine, elle fut introduite définitivement en culture en Europe vers le début du XXe siècle. Espèce hybride, certainement entre la moutarde noire et un chou (Brassica rapa), elle entre aussi dans la composition de la moutarde de Dijon, comme la moutarde noire.

S'il en existe une quarantaine d'espèces, dont une douzaine en Europe, ce sont ces quatre moutardes que nous rencontrons et utilisons couramment, et elles exhalent toutes un doux parfum miellé.

La moutarde est cultivée dans de nombreux pays. Le Canada assure 35 % de la production mondiale. Les autres principaux pays producteurs sont le Népal, la Russie, l'Ukraine et la République tchèque.

80 % des graines servant à faire de la moutarde en France sont importées du Canada.

Espèces et variétés de moutarde

La moutarde blanche (ou sénevé, ou sanve) :

  • Plante herbacée annuelle de 50 à 90 cm de haut, à tiges bien ramifiées. De croissance rapide, elle peut arriver à maturité en à peine un mois.
  • Les feuilles pennatifides sont très profondément divisées, sauf celles de la partie supérieure des tiges, à lobes plus ou moins arrondis.
  • Les fleurs sont à pétales jaunes, parfois ivoire. Après leur fécondation, elles se transforment en siliques se développant tout le long de la partie supérieure de la plante. Ces siliques bosselées, hérissées de poils, renferment chacune 4 à 8 graines. Le bec est nettement aplati en lame de sabre et est un peu plus long que les valves. À maturité, les graines blanc crème mesurent de 1 à 2 mm, et sont moins amères et moins piquantes que celles des autres espèces.
  • Si la moutarde blanche pousse toute l’année, l’hiver lui convient bien car elle n’aime pas beaucoup le soleil.
  • On la surnomme parfois « plante à beurre » car le beurre fabriqué à partir du lait des vaches se nourrissant de cette moutarde est d’un joli jaune.

La moutarde noire :

  • Plante herbacée annuelle, velue, hérissée à la base. Ses tiges peuvent atteindre 1 m de haut, avec des rameaux étalés.
  • Les feuilles sont pétiolées, les inférieures pennatifides et lyrées, glauques, à marge denticulée ou dentée, les supérieures lancéolées, entières ou un peu dentées.
  • L’inflorescence porte des fleurs jaunes, de 10-12 mm, à pédicelle court, appliqué contre l’axe. Les 4 sépales sont libres, verts, sur deux verticilles. Les 4 pétales libres sont disposés en croix sur un seul verticille.
  • Le fruit est une silique, appliquée contre l’axe. À maturité, sises dans les siliques, les graines, à la saveur très piquante, sont noires.

La moutarde des champs :

  • Plante annuelle, velue de 30 à 80 cm de hauteur.
  • Les feuilles inférieures sont en forme de lyre, les supérieures sont ovales.
  • Les racèmes dressés portent de 20 à 40 fleurs jaune soufre. Chaque fleur comporte 4 sépales étalés de 4-6 mm et 4 pétales de 7-12 mm de long. La floraison a lieu d’avril à septembre, parfois toute l’année dans les régions à climat doux.
  • Le fruit est une silique de 25-45 mm de long, bosselé, glabre, portant un bec conique, en alêne, un peu plus court que les valves.
  • Sauvage et prolifique, elle est parfois considérée comme une mauvaise herbe.

La moutarde brune :

  • Plante bisannuelle, traitée en annuelle si elle est cultivée pour la consommation des feuilles, de 40 cm de haut, mais pouvant atteindre 1,5 m à la floraison.
  • Son port est étalé ou érigé suivant le sol où elle pousse.
  • Les feuilles ont parfois 40 cm de long. Elles sont larges, dentées, radicales, ondulées, cloquées, vertes ou rouge sombre.
  • Les fleurs jaunes sont réunies en grappes simples et terminales.
  • Les graines brunes, rondes, sont enfermées dans des siliques de 5 cm de long.
  • Son rendement est supérieur à celui de la moutarde noire, car elle n’est pas sensible à l’égrainage.
  • Introduite définitivement en culture vers le début du XXe siècle, elle est utilisée de plus en plus dans l’industrie, pour fabriquer la moutarde de Dijon en particulier.

Annuelle

Moutarde blanche (Sinapis alba)

Annuelle Moutarde blanche (Sinapis alba)
  • Variété : Moutarde blanche (Sinapis alba)
  • Intérêt culinaire : Graines, feuilles, fleurs.
  • Intérêt au jardin : Excellent engrais vert.
  • Qualités : Pousse rapide. Graines douces.

Moutarde noire (Brassica nigra)

Annuelle Moutarde noire (Brassica nigra)
  • Variété : Moutarde noire (Brassica nigra)
  • Intérêt culinaire : Graines, feuilles, fleurs.
  • Intérêt au jardin : Bon engrais vert.
  • Qualités : Graines piquantes.

Moutarde des champs (Sinapis arvensis)

Annuelle Moutarde des champs (Sinapis arvensis)
  • Variété : Moutarde des champs (Sinapis arvensis)
  • Intérêt culinaire : Feuilles et fleurs.
  • Intérêt au jardin : À laisser vagabonder, pour attirer les papillons.
  • Qualités : Particulièrement mellifère.

Bisannuelle

Moutarde brune (Brassica juncea)

Bisannuelle Moutarde brune (Brassica juncea)
  • Variété : Moutarde brune (Brassica juncea)
  • Intérêt culinaire : Feuilles excellentes, crues ou cuites.
  • Intérêt au jardin : Bon légume de pousse rapide.
  • Qualités : À récolter en début d’hiver.

Semis de la moutarde

Semis de la moutarde

Où semer la moutarde ?

La moutarde pousse presque partout, même sur des terres pauvres et calcaires, mais elle préfère un sol riche en humus, frais et meuble.

Elle pousse et fleurit mieux au soleil, mais elle tolère la mi-ombre.

Quand semer la moutarde ?

La moutarde ne craignant pas le gel, on peut la semer tôt au printemps pour une récolte hâtive ou au milieu de l'été pour une récolte à l'automne.

Toutefois, pour la production de graines, il faut semer au printemps afin de donner le temps à la plante de mûrir (il faut 80 à 85 jours pour la moutarde blanche et 90 à 95 jours pour les autres espèces). Des semis successifs tout au long de l'été permettent d'assurer une production continue de jeunes feuilles fraîches.

Pour une utilisation comme engrais vert, semez-la avant les cultures printanières printemps, ou après les cultures d'été, voire en fin d'automne.

Semez la moutarde de Chine en août ou septembre.

Comment semer la moutarde

  • Désherbez, griffez et ratissez la terre avant le semis.
  • Pour la moutarde cultivée comme engrais vert ou pour la récolte des graines, semez à la volée, ratissez, arrosez.
  • Pour la moutarde de Chine, cultivée pour la récolte des feuilles, semez 4 à 5 graines tous les 25 cm, en sillons espacés de 40 cm, à 2 cm de profondeur. Tassez, arrosez.

Culture et entretien de la moutarde

Culture et entretien de la moutarde

Arrosez si le temps est sec, car la fraîcheur doit rester constante. Si la plante manque d’eau, elle monte rapidement en graines.

Ensuite, la moutarde pousse rapidement et ne nécessite pas d’entretien si elle est cultivée comme engrais vert ou pour la récolte des graines.

Lorsque les plants de moutarde de Chine ont 4 ou 5 feuilles conservez un plant tous les 25 cm. Lors de l’éclaircissage, ne jetez pas les plantules ôtées, ajoutez-les à une salade.

Taille

La moutarde ne se taille pas.

Maladies, nuisibles et parasites

L'oïdium attaque parfois la moutarde. Pour l'éviter, veillez à ce que la terre soit toujours fraîche.

Cette terre fraîche attire les limaces : piégez ces gastéropodes à l'aide de bols de bière dans lesquels ils iront se noyer avec délices et gourmandise. Une barrière de cendres ou de sciure les empêche d'avancer vers les jeunes plantules.

L'altise, très petit insecte coléoptère, perce parfois de nombreux petits trous dans les feuilles et, les années sèches et chaudes, elle peut compromettre la récolte.

  • L'arrosage régulier du feuillage et l'écroûtage fréquent du sol lui déplaisent, car ils dérangent les pontes et favorisent leurs ennemis naturels.
  • Mais le moyen le plus efficace reste le filet ou voile anti-insectes à maille très fine, méticuleusement positionné juste après le semis, en enterrant les bords et en laissant de l'espace pour la croissance des plantes, ou encore l'installation d'arceaux pour le maintenir.

Récolte

Quand et comment récolter la moutarde ?

La moutarde utilisée comme engrais vert se coupe juste après la floraison, avant la venue des graines, puis est incorporée au sol. Les tiges sèches peuvent aussi être utilisées comme paillis au jardin.

Si vous voulez faire de la moutarde :

  • Récoltez les graines en fin d'été ou au printemps, suivant la date du semis.
  • Avant que les gousses soient complètement mûres, avant qu'elles ne virent au brun, coupez les tiges et faites-les sécher tête en bas dans un local sain aéré et sombre.
  • Étendez un drap en dessous, afin de récolter les graines qui risquent de tomber.
  • Lorsque les tiges sont bien sèches, battez-les au-dessus d'un tamis, pour faire tomber les semences.

Les feuilles de la moutarde de Chine se récoltent suivant les besoins, 3 mois après le semis.

Les feuilles des autres espèces de moutarde se récoltent suivant la date du semis, jeunes pour être mangées en salade, plus grosses si vous les faites cuire.

La conservation de la moutarde

Les graines se conservent dans un récipient hermétique pendant plusieurs années. Mais si elles doivent être cuisinées, ne dépassez pas un mois de conservation. Les feuilles se conservent dans un linge humide 2 ou 3 jours au réfrigérateur, mais elles sont bien meilleures consommées le jour même, comme les fleurs.

Multiplication de la moutarde

Multiplication de la moutarde

Quand récolter les graines ?

La récolte se fait lorsque les graines sont mûres : suivant la date du semis, au printemps ou en automne.

La moutarde de Chine, bisannuelle, fait ses graines la deuxième année après le semis. Lors d’hivers doux, gardez quelques pieds : ils fleuriront en avril-mai et vous pourrez récolter les semences de juillet à septembre.

Comment récolter les graines ?

Récoltez les tiges lorsque les siliques sont presque à maturité :

  • Maintenez la tige d’une main, et de l’autre, battez les siliques au-dessus d’un tamis fin.
  • Mettez les semences en sachets de papier et conservez-les dans un endroit frais et sec.

Conseils écologiques

En agriculture

La moutarde blanche est aussi une plante fourragère, une plante mellifère, et un engrais vert. Les agriculteurs sont très partagés quant à la moutarde !

  • Certains y voient une mauvaise herbe très courante, particulièrement dans les cultures de céréales. Elle se naturalise partout où elle trouve un coin de terre libre et ses graines ont la propriété de dormir en terre pendant de nombreuses années avant de se réveiller.
  • D'autres la trouvent si utile qu'ils la ressèment chaque année, en culture intermédiaire : ses racines ont la propriété d'ameublir les sols compacts, favorisant ainsi la croissance des plantes qui lui succèdent, comme le blé et l'orge. Dans ce cas, semée par exemple après une céréale, elle doit être détruite avant la montée en graines pour éviter qu'elle se ressème naturellement et devienne une mauvaise herbe, notamment dans les cultures de colza.
  • On voit cet engrais vert envahir nos champs en automne, en agriculture biologique, bien sûr, mais aussi de plus en plus en agriculture classique.

Au jardin

  • Les fleurs de moutarde attirent les abeilles : semez-en près des arbres fruitiers, et près des légumes fruits, pour favoriser leur pollinisation et donc avoir plus de rendement. .
  • Au potager, elle est utile pour tuer les nématodes, petits vers parasites qui la détestent.
  • C'est un excellent engrais vert. Sa racine puissante permet de briser les mottes d'un sol très lourd et l'améliore en facilitant l'incorporation des éléments nutritifs. Comme elle meuble vite l'espace, elle évite le lessivage des éléments fertilisants par les intempéries et lutte contre l'érosion. Semée à l'automne, elle est un excellent « piège à nitrates ». N'oubliez jamais que le sol ne doit pas rester nu : la moutarde est parfaite pour prendre la suite d'une culture, à n'importe quelle période de l'année.
  • Comme sa pousse est très rapide, elle étouffe les mauvaises herbes. Avant de l'enfouir, laissez-la fleurir afin que les pollinisateurs s'en régalent, mais ne la laissez pas monter à graines, sinon, attention à l'invasion !

Si vous êtes adeptes des bonnes associations, pour avoir de plus beaux légumes et un meilleur rendement, semez de la moutarde à côté de vos pommes de terre et de vos tomates, afin de les protéger de prédateurs, nématodes et autres…

Ne les mariez pas à d'autres légumes de la même famille, les Brassicacées : choux, radis, navets, roquette ; elle n'aime pas non plus les haricots, verts ou secs. Évitez aussi de la semer avant de cultiver ces derniers.

Un peu d’histoire…

Il y a bien longtemps que la moutarde fascine médecins, botanistes, jardiniers et cuisiniers. Cultivée dès l’Antiquité grecque, pour ses propriétés médicinales, la moutarde est, à l’époque romaine, préparée plus ou moins comme elle l’est aujourd’hui, en pilant les graines avec du miel, de l’huile et du vinaigre.

Quatre siècles avant notre ère, Théophraste, philosophe grec, la mentionne déjà comme plante cultivée. Il s’agit du « sénevé » de la Bible.

Lucius Iunius Moderatus Columella, dit Columelle, célèbre agronome romain du Ier siècle, en fait usage en confisant les feuilles dans le vinaigre.

Cette plante commune en France, dans les champs et au bord des chemins, est citée à la fin du VIIIe siècle, dans le capitulaire De Villis.

L’emploi de la pâte condimentaire obtenue par broyage des graines ne se répand qu’autour du XIIIe siècle. C’est à cette époque qu’apparaît aussi le mot de « moutarde » (vers 1223), sous la forme de « mostarde » ou « moustarde ». Ce condiment est préparé avec des graines de moutarde pilées, additionnées d’aromates et délayées avec du moût.

Dérivé de « moût » (de raisin), mustus en latin et most en ancien français, le mot ardor en latin signifiant « ardeur, chaleur » (même étymologie que le verbe arder ou que l’adjectif ardent). C’est donc un « moût ardent ».

En français, la plante elle-même portait originellement le nom de « sénevé » ou de « sanve », ces mots étant dérivés du latin sinapis, autrefois attribué à la moutarde. De là, vient aussi « sinapisme », terme qui désigne le cataplasme de moutarde, également nommé mouche de moutarde. Le terme « moutardelle » désigne le raifort, plante très proche de la moutarde et qui sert dans des préparations culinaires très proches. « Moutardier » désigne le petit pot de terre dans lequel on met la moutarde pour la servir à table, mais aussi le fabricant et le marchand de moutarde.

Les Ducs de la ville de Dijon permettent à la moutarde condiment de devenir populaire, en cette presque fin de Moyen-âge. En effet, ils en expédient 300 litres à la Cour de France. Elle devient alors indissociable des viandes… certainement pour masquer le goût lorsqu’elle est avariée !

Trois siècles plus tard, la moutarde représente un symbole de richesse, pas seulement à Dijon. On la concocte aussi à Paris et à Meaux, et dans toutes les régions de vignobles, autour de Bordeaux, de Tours et de Reims, ceci grâce au vin qui, lorsqu’il tourne, peut être recyclé en vinaigre entrant dans la composition de ce fameux condiment, ajouté aux graines de moutarde broyées, à de l’eau, à du verjus et à des aromates secrets. Au XIVème siècle, la ville de Dijon proclame sa devise : « Moult me tarde » et la Bourgogne en alors une de ses spécialités.

Le terme « Moutarde de Dijon » est souvent galvaudé. Le condiment que vous trouvez sur les rayons de votre supermarché n’est pas toujours fabriqué dans la capitale bourguignonne. En effet, la « moutarde de Dijon » ne bénéficie pas d’une appellation d’origine protégée (AOP). Il suffit au fabricant de respecter une composition suivant un cahier des charges pour que, où qu’elle soit produite dans le monde, une moutarde puisse se prétendre « de Dijon ».

En 1937 eut lieu un procès opposant deux moutardiers parisiens à deux moutardiers dijonnais, au sujet de l’appellation « moutarde de Dijon ». La Cour de cassation statua que l’appellation correspondait à une recette et non à un terroir.

La Bourgogne produit tout de même 90 % de la moutarde condiment française, et 50 % de celle consommée en Europe. Mais, depuis les années cinquante, la majorité des graines utilisées pour la fabrication de la moutarde ne sont plus cultivées dans la région. Elles proviennent du Canada à 80 %, des États-Unis, de Hongrie, de Roumanie et du Danemark.

Seule une petite production a été relancée dans le département de la Côte-d’Or dans les années 1990. Depuis 2009, « moutarde de Bourgogne » bénéficie de l’indication d’origine protégée (IOP). Elle contient uniquement de graines issues des cultures de moutarde bourguignonnes et du vinaigre de vin AOC de la région.

Après la Seconde Guerre mondiale, il y avait, en France, plus de cent cinquante fabricants de moutarde. Aujourd’hui, il en reste moins d’une dizaine.

Dorénavant, la production de la moutarde est industrialisée. Seule une entreprise perpétue la fabrication artisanale de la moutarde, broyée à l’aide d’une meule de pierre, à Beaune, en Côte d’Or.

Maille Amora, une histoire dijonnaise : la réputation de Maille a démarré à Marseille, lors de l’épisode de la Grande peste, en 1720. Antoine Maille avait mis au point un vinaigre antiseptique, qui aurait éradiqué l’épidémie, selon la légende. Maille ouvre une boutique à Dijon en 1845, où l’enseigne existe toujours, pour le plaisir des visiteurs. On y trouve de superbes pots en grès et des dizaines de moutardes originales. Jusqu’en 2009, Amora-Maille était la seule entreprise à produire de la moutarde au cœur de Dijon, la marque Amora ayant été déposée dans cette ville en 1919. Mais la production a été déplacée à une dizaine de kilomètres…

Pour les collectionneurs : les pots de moutarde étaient de petits pots en faïence blanche, fermés à l’origine par un bouchon épais en liège, lui-même recouvert d’une capsule en étain, scellée à la cire. Il existait aussi des distributeurs de moutarde au comptoir, auprès desquels la ménagère venait remplir son flacon.