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Encore appelé « colocase des anciens », « colocasie » ou « chou de Chine », le taro appartient au genre Colocasia qui forme un ensemble de vivaces tubéreuses à grandes feuilles, proche cousines des Alocasia (oreille d'éléphant) et Xanthosoma. Ces plantes appartiennent toutes à la famille des Aracées, végétaux caractérisés par une inflorescence en cornet et un tubercule mais qui sont souvent confondus si bien que le taro a porté de multiples noms de genre (Arum, Caladium, Leucocasia, Zantedeschia, Xanthosoma…). Les Colocasia comprennent 6 espèces de plantes herbacées dont le feuillage persiste en climat chaud et humide.
Ses grandes feuilles en pointe de flèche ou en cœur sont portées par un long pétiole (queue rattachant le limbe au tubercule) engainant qui peut présenter chez certains cultivars des zébrures, des teintes roses, jaunes ou noires le rendant tout aussi décoratif que le limbe. Les dimensions de la touffe peuvent être très impressionnantes dépassant 2 m de haut avec des pétioles de 0,60 à 1 m. Des nervures proéminentes vert pâle, rose ou crème se dessinent sur la surface du limbe dont les bords sont plus ou moins ondulés. Sa surface offre un effet déperlant comme chez le lotus ce qui signifie que les gouttes d'eau glissent au lieu de s'étaler.
Comment distinguer Colocasia, Alocasia et Xanthosoma ?
Le terme taro s'applique communément à ces 3 Aracées comestibles. Il convient donc de savoir les distinguer. Chez les Colocasia, le pétiole est rattaché au limbe sous ce dernier et non de façon classique au bord du limbe comme c'est le cas chez le Xanthosoma et l'Alocasia (oreille d'éléphant). L'autre détail qui permet de les distinguer est l'orientation de la feuille. Le limbe se dresse vers le ciel chez l'Alocasia alors qu'il retombe chez le Colocasia et le Xanthosoma. Ce dernier possède généralement un limbe sagitté (en forme de pointe de flèche) alors que les 2 autres sont plutôt en forme de cœur. Cependant, ce critère n'est pas toujours évident car il existe des formes intermédiaires. Des différences affectent aussi la floraison mais comme il est rare de les voir en fleurs, nous n'aborderons pas ce sujet. Il importe malgré tout de savoir que l'oreille d'éléphant (Alocasia) pousse en sol frais mais drainé tandis que les 2 autres peuvent avoir les pieds dans l'eau.
Le tubercule écailleux ou corme est issu du renflement du rhizome qui est une tige souterraine. Les racines se situent dans le tiers supérieur du corme. Chez Colocasia esculenta (taro d'eau, songe de Chine, madère, chouchine), un corme principal s'entoure de quelques cormes secondaires tandis que C. antiquorum (taro bourbon, songe Maurice) produit un corme principal plus modeste, entouré de nombreux petits cormes.
Chez Colocasia esculenta ou antiquorum, les inflorescences rarement observables demeurent enfouies entre les pétioles. Il s'agit d'un épi de fleurs appelé spadice entouré d'une spathe ou bractée, jaune clair ou crème, qui forme une espèce de cornet destiné à piéger les insectes pollinisateurs. Cette pollinisation a été particulièrement étudiée chez l'arum tacheté. Les fleurs femelles situées à la base du spadice attirent les insectes pollinisateurs en émettant une forte odeur. Ces derniers se retrouvent piégés jusqu'à ce que les fleurs mâles parviennent à maturité et libèrent leur pollen. Les insectes saupoudrés de pollen peuvent ensuite s'échapper pour rejoindre d'autres inflorescences.
Chez certaines espèces comme Colocasia gigantea, un tronc court émerge des feuilles et déploie un éventail d'inflorescences blanc immaculé.
Les fruits forment un épi de baies luisantes d'une grosseur de 5 mm.
Le taro est plus connu chez nous en tant que plante ornementale, appréciée pour son généreux feuillage ample d'aspect exotique. Pourtant, sa principale utilisation en zone tropicale et subtropicale est la consommation de ses tubercules, riches en amidon (33 %) et en fibres, mais aussi de ses feuilles. Certaines variétés n'ont qu'un seul grand tubercule de forme variable atteignant 30 cm de long, d'autres présentent de nombreux petits comme chez l'espèce antiquorum. Toujours est-il que la chair rose ou crème à texture sèche développe des saveurs très différentes selon les variétés, tantôt douces rappelant la patate douce, tantôt piquantes et âcres. L'organe contient en effet de la saponine et surtout des cristaux d'oxalate de calcium en quantité variable qui contraint à le cuire, parfois à plusieurs reprises pour ne pas être irrité dans la bouche, la gorge et sur la peau. On peut le cuire de façons diverses, à l'eau, sur la braise ou sauté dans l'huile. Il se conserve assez peu d'où l'intérêt de cultiver des variétés précoces et tardives pour une récolte continue. Le taro est de moins en moins consommé dans les pays tropicaux au profit du riz alors que son pouvoir nutritif est plus élevé que le riz complet, il renferme en outre du calcium et du fer intéressant pour assurer la robustesse des os, des dents, et la qualité du sang chez les enfants et les femmes. Les feuilles contiennent des vitamines A, B1, B2, C, également du fer et du calcium. La farine de taro très digeste entre dans la composition des aliments pour enfants aux États-Unis.
Le mot taro est d'origine tahitienne tandis que le nom Colocasia, évoqué pour la première fois par Dioscoride viendrait du grec qolcas désignant les plantes cultivées à racines « rondes » ou « arrondies ». Cependant cette étymologie contestée pourrait venir du sanskrit d'après De Candolle (1883). Esculentus vient du latin et signifie « comestible ».
Ces plantes non rustiques se cultivent en extérieur pendant la période estivale lorsque les températures dépassent 20 °C ou bien dans la maison dans un bac en verre.
En climat doux, elles peuvent se conserver en pleine terre sur les berges d'un bassin car elles sont capables de supporter des gelées brèves de l'ordre de -8 °C.
Le taro accepte de pousser en plein soleil ou sous une ombre légère mais requiert un substrat riche, humifère ou argileux de façon à conserver un maximum d'humidité durant la période végétative. Sur l'île d'Hawaï, on peut le trouver sur des pentes volcaniques à 600 m d'altitude sur des terrains secs et caillouteux mais bien arrosés.
Plantez le taro en février-mars pour une culture en pot. Attendez avril-mai pour le mettre en pleine terre.
En pleine terre, enterrez le tubercule assez profondément (20 à 40 cm) car il remonte vers la surface en grandissant ou bien buttez la plante tout au long de sa croissance.
En pot, utilisez un substrat riche en humus, composé de terre de bruyère et de sphaigne par exemple. Comme le papyrus du Nil, le taro peut pousser dans un gros pot placé dans un bassin à faible profondeur sans noyer complètement la motte. Le corme ne doit pas être entièrement immergé ou bien seulement de façon temporaire.
Attention : manipulez la plante avec des gants pour éviter les démangeaisons.
Tout manque d'eau momentané peut stopper la croissance de la plante qui perd alors son feuillage. Une fois que le corme s'est bien enraciné, fertilisez régulièrement avec un engrais pour plantes vertes car la plante est gourmande en azote. Dans un bassin contenant des poissons, la plante n'a pas besoin d'être fertilisée.
Dès que les températures descendent en dessous de 10 °C, la croissance cesse. Les feuilles gèlent à partir de -2 °C. Paillez la souche avec éventuellement une feuille plastique au-dessus afin de la préserver de l'excès d'humidité.
L'autre option consiste à rentrer le pot et de continuer à arroser tant que les feuilles persistent ou bien de sortir le corme de terre puis de le conserver entre 15 et 17 °C, dans une boîte fermée emplie de sable ou de tourbe sèche. Surveillez l'état du corme de temps à autre.
L'araignée rouge s'attaque au feuillage lorsque l'atmosphère est trop sèche. Bassinez le feuillage régulièrement.
Les thrips piquent les feuilles pour leur sucer la sève. Appliquez le jet d'eau ou un insecticide.
La pourriture du tubercule peut se produire s'il n'est pas conservé complètement au sec ou s'il est immergé totalement notamment pendant sa phase d'enracinement.
Surveillez les limaces et escargots au printemps.
Le cycle de culture du taro varie de 8 à 18 mois. Les jeunes pousses sont prélevées au fur et à mesure pour être consommées comme des épinards. Attention, seules les feuilles des variétés à pétioles verts ou rouges du Colocasia esculenta peuvent se consommer (pas les brunes ou violettes).
Il faut attendre le dessèchement des feuilles les plus anciennes pour commencer à récolter le tubercule soit 6-7 mois après la plantation.
La conservation des tubercules déterrés est de courte durée mais on peut les congeler une fois épluchés ou les remiser dans un silo enterré, tapissé de feuilles de bananier ou de bourre de noix de coco pour une durée de 2-3 mois.
On parvient à les conserver plusieurs mois dans un bocal ou un sac de plastique bien fermé, après séchage au soleil des tubercules ébouillantés et coupés en tranches fines.
Jetez la première eau de cuisson des feuilles pour éliminer les cristaux d'oxalate de calcium et cuisez-les dans un aliments gras (lait de coco) pour permettre une meilleure assimilation des vitamines A.
Il y a différentes façons de multiplier le taro de façon végétative :
Dans tous les cas, le repiquage ou la plantation doit se faire rapidement pour éviter le dessèchement. Agissez à l'automne ou au printemps. Arrosez abondamment pendant la reprise.
Le Colocasia est une plante à croissance rapide, facile à cultiver de façon saisonnière et qui offre de formidables potées pour patios.
Le taro est un légume très ancien que l'on surnomme même le « colocase des anciens ». Son centre d'origine se situe en Birmanie et dans la province d'Assam puis ses tubercules ont gagné la Chine et la Malaisie il y a plus de 2 000 ans. Le taro joue un rôle social et symbolique très fort chez les Mélanésiens. Le taro aurait d'abord gagné l'Égypte avant d'atteindre l'Italie au cours de sa conquête par les Romains en 20 avant J.-C. Sa culture y est signalée par les auteurs de l'Antiquité au 1er siècle après J.-C. La plante est évoquée comme légume comestible cependant riche en fibres par Apicius et Martial (1er siècle) tandis que d'autres auteurs comme Virgile (70-19 av J.-C.), Columelle (agronome romain du 1er siècle), Pline l'Ancien (23-79) ou Palladius (Ve siècle) en parlent comme plante ornementale. Vers 1920, les Américains envisagent de remplacer la pomme de terre par le taro (dasheen) dans les États du Sud (note 1).
Il existe environ un millier de variétés de taros dans le monde. Cependant comme ce légume se multiplie de façon végétative, tout comme le bananier d'ailleurs, son amélioration génétique intéresse assez peu les sélectionneurs privés et repose entièrement sur la recherche publique.
Note 1 : Pitrat M., Foury C. (2003) Histoire de légumes des origines à l'orée du XXIe siècle, INRA, p. 58-59,72.
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