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Les protées ou Protea sont des arbustes ou petits arbres originaires d'Afrique australe pour 90 % d'entre eux et de l'est de l'Afrique tropicale pour le reste (Kenya, Tanzanie, Ouganda, Zimbabwe et Éthiopie). Le genre compte environ 115 espèces réparties sur une faible surface. Cette extraordinaire variabilité résulte de la diversité des terrains qui permet aux populations de rester isolées et d'évoluer de manière distincte.
Les arbustes atteignant généralement 1 à 3 m, parfois 8 m de haut, émettent des tiges robustes à partir d'une souche constituée de racines épaisses et profondes. Chez la protée royale, la racine est un lignotuber contenant de l'amidon qui lui permet de repousser facilement après un incendie. Le port est rampant ou dressé. Les feuilles alternes persistantes coriaces sont de taille, de forme et de couleur variables selon l'espèce. La protée royale (Protea cynaroides) est la plus connue d'entre elles car elle s'utilise beaucoup comme fleur coupée et se trouve être l'emblème de l'Afrique du Sud. Elle se présente sous la forme d'un arbuste étalé, ramifié depuis la base, mesurant entre 40 cm et 1,20 m de hauteur. Ses feuilles d'une quinzaine de centimètres sont plus ou moins appliquées contre la tige épaisse verte à pourpre et sont rattachées par un pétiole fin rose. Le limbe satiné vert clair à bleuté s'élargit brusquement et se termine par un bout arrondi. Il présente une nervure centrale et des bords légèrement velus, ondulés chez d'autres espèces.
Les inflorescences, rappelant celles de l'artichaut, se forment à l'extrémité des tiges. Elles se composent de fleurs plumeuses rassemblées en capitule dans un cœur compact entouré de bractées colorées. Celles-ci arborent un éventail de nuances nacrées allant du blanc, jaune, orangé au rouge carmin en passant par le rose. La dimension et la forme de l'inflorescence, conique, sphérique, en vase ou en coupe varient selon l'espèce. Chez la protée royale la coupe est capable d'atteindre 30 cm de diamètre ! Chaque fleuron arbore un bouquet d'étamines et un pistil qui donne cet aspect filamenteux à l'intérieur de l'inflorescence. La floraison se déclare entre avril et octobre selon l'espèce et les conditions climatiques. Il faut environ 35 jours au bouton pour éclore. Dans son habitat, la plante est pollinisée par les oiseaux souimangas, par des scarabées ou encore par des rongeurs. Le Domaine du Rayol (Var) a obtenu des semis spontanés mais ignore encore de quelle manière le pollen fut transporté.
Les bractées persistent autour du fruit pendant 2-3 ans jusqu'à ce qu'un feu se déclare. Le passage de l'incendie conduit à leur ouverture immédiatement suivie de la dispersion des graines. La germination n'est rendue possible que par la présence d'un sol calciné. Ces plantes sont qualifiées de pyrophytes bradyspores car elles assurent la pérennité des graines en les protégeant dans des structures ligneuses qui les mettent à l'abri de la combustion. Les graines en petit nombre ont la taille de grosses noix et sont veloutées chez la protée royale. Elles se maintiennent 2 années dans le fruit si aucun incendie ne vient accélérer leur libération.
Les protées font d'excellentes fleurs à couper pouvant tenir environ 3 semaines en vase. On les conserve aussi sous forme de fleurs séchées. Au XIXe siècle, l'espèce repens servait à obtenir un sirop médicinal grâce au recueil du nectar.
Le nom Protea fut assigné par Carl von Linné en 1771. Le célèbre père de la classification binomiale travailla sur une collection de plantes envoyées depuis le Cap. Protea fait référence au dieu grec Protée doté du don de métamorphose. Linné fut en effet frappé par la variabilité de formes et de couleurs des inflorescences du genre, élaborées à partir d'une même fleur de base. Cynaroides « qui ressemble au Cynarus » fait référence à sa similitude avec l'artichaut muni d'une couronne de bractées – partie consommée – qui entourent un capitule filamenteux, appelé « foin » dans le langage culinaire.
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Les Protea peuvent se cultiver en pot ou en pleine terre dans un sol léger drainant, acide à neutre (pH idéal compris entre 5,5 et 6,5). Des sols sableux, gréseux, schisteux, pauvres en matière organique sont nécessaires. Évitez les sols argileux ou humifères. En pH supérieur à 6,5, ajoutez de la tourbe ou du sulfate de fer.
Les Protea ne tolèrent pas le phosphore. Celui-ci est apporté principalement par la dégradation de la matière organique et bien sûr par les engrais.
Choisissez une exposition très ensoleillée en veillant toutefois à conserver les racines au frais. La plante doit recevoir le soleil au moins 5 h par jour. La protée royale notamment supporte mal la sécheresse du sol. La plantation au sein d'une rocaille est un bon compromis car elle permet aux racines de trouver la fraîcheur sous de gros cailloux. Dans leur milieu naturel, les plantes poussent serrées les unes contre les autres pour se protéger du vent et sur des failles où elles recueillent l'humidité des profondeurs. Un coin abrité d'un mur, une falaise ou la plantation au sein d'une haie peuvent aussi convenir.
Les Protea résistent à de faibles gelées autour de -6 °C mais survivent parfois à des pointes jusqu'à -10 ou -13 °C une fois la plante bien installée ou lorsque le froid s'installe progressivement sans que l'air et le sol soient trop humides.
En France, on trouve de très belles collections de protées au Jardin botanique de Roscoff (Finistère) ou au Domaine du Rayol (Var). La ville de la Roche-sur-Yon mise sur l'utilisation de plantes d'Afrique du Sud comme les protées car ce sont des plantes peu gourmandes en eau, peu envahissantes et relativement rustiques.
Au printemps.
En pot, préparez un mélange de ¾ de terre de bruyère et de ¼ de sable grossier non calcaire. Vous pouvez remplacer le sable par 30 % de perlite ou d'écorces de pin. Préférez les pots en terre cuite qui maintiennent mieux la fraîcheur du substrat grâce à l'évaporation par les pores du conteneur, même si l'eau est plus vite évacuée.
En pleine terre bien drainée, faites éventuellement un apport de terre de bruyère dans le trou de plantation.
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Arrosez régulièrement la protée avec de l'eau de pluie pour éviter d'apporter du calcaire. Certaines Protea acceptent cependant de pousser en sols alcalins.
Paillez le pied de la plante avec des feuilles mortes ou mieux encore des aiguilles de pin afin de conserver une légère fraîcheur du sol.
Même si la plante se contente d'un sol pauvre, en pot il est recommandé de faire un apport en surface de sang desséché (engrais azoté sans phosphore ni potassium) au printemps, et en petite quantité.
Protégez la plante avec un double voile d'hivernage ou rentrez le pot en serre froide au moins durant la nuit, au cours des 2 premiers hivers car une plante jeune se montre plus fragile (-3 à -4 °C pour la protée royale).
En pot, arrosez régulièrement en laissant sécher le substrat sur 1 cm de profondeur entre deux arrosages.
Rempotez la plante lorsque vous observez que la motte est entièrement tapissée par les racines. Opérez au printemps délicatement de façon à ne pas blesser ses racines fragiles. La plante n'aime pas être trop manipulée ou transplantée.
Lorsque l'inflorescence a bruni ou au printemps.
Coupez les fleurs fanées en ôtant 5 à 10 cm de tiges. Un recépage total est même recommandé sur des plants âgés très lignifiés comme le ferait un incendie dans le fynbos.
La pourriture des racines est générée par un manque de drainage.
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En fin de printemps, prélevez des rameaux encore verts de 10 à 20 cm de long dont vous trempez la base dans de l'hormone de bouturage. Piquez les bouturages dans un mélange de sable et de terre de bruyère et placez-les à l'étouffée à 25 °C, en couvrant d'un sac plastique maintenu par un élastique autour du pot par exemple.
Le semis demande beaucoup de patience, car la levée de la dormance des graines réclame le passage du feu. Cependant, les graines peuvent aussi germer après 2 ans de maturation passée à l'intérieur du fruit.
Au printemps, semez dans un substrat contenant de la cendre. Puis cultivez les jeunes plants à l'abri du gel pendant 4 ans. C'est aussi le temps nécessaire pour voir les premières fleurs se former !
Le maintien du fynbos très riche au niveau floristique est réalisé grâce à la régularité des incendies qui surviennent naturellement tous les 10 à 40 ans. Un laps de temps trop important provoque des effets dévastateurs et une perte par le vent et l'eau des nutriments contenus dans les cendres. En conséquence, des brûlages dirigés sont effectués par les autorités sud-africaines tous les 10 à 20 ans. Les plantes deviennent en effet mâtures en moins de 7 ans ce qui permet de renouveler la végétation assez rapidement à partir des semences pour l'essentiel et des rejets de souche pour quelques espèces comme Protea cynaroides, P. nitida et certains Leucadendron. Le feu stimule par ailleurs la croissance des rejets par la richesse en nutriments que contient la cendre. La décomposition de la litière est en effet plus lente dans le fynbos que dans les biotopes méditerranéens de Californie ou d'Australie.
Cette gestion des milieux par des brûlages dirigés est adoptée également aux États-Unis notamment dans les peuplements de séquoias qui ont besoin du feu pour induire la germination des semences et dégager le sous-bois. Les arbres adultes possèdent une écorce ignifugée qui les protège des flammes.
La famille des Protéacées peuplait le continent austral du Gondwana il y a 300 millions d'années. En 1810, Brown a divisé la famille en 2 (aujourd'hui 5) sous-familles, celle des Protéoidées concentrée sur l'Afrique du Sud (Protea, Leucadendron, Leucospermum) et celle des Grevilleoidées diffusées plus largement sur l'Amérique du Sud (Embothrium coccineum, Lomatia), l'Australie (Hakea, Banksia, Grevillea, Telopea, Macadamia) et sur des bouts de terre remontés vers l'Asie grâce à la tectonique des plaques (note 1). Madagascar abrite une seule espèce commune avec l'Afrique du Sud. L'Amérique du Sud et l'Australie possèdent en revanche beaucoup d'espèces communes ce qui tend à prouver que la dislocation de ces régions s'est opérée bien après leur séparation de la plaque africaine.
Les Protea font partie de la végétation typique du fynbos en Afrique du Sud. Ce dernier couvre l'ensemble des chaînes montagneuses du sud-ouest de l'Afrique du Sud depuis le niveau de la mer jusqu'à 1 700 m d'altitude. Cette végétation colonise des sols de sables de quartz pauvres en matières organiques et dépasse rarement 3-4 m de haut. La strate arbustive est constituée par les 3 familles suivantes, les Protéacées (Protea), les Éricacées (bruyères) et les Restionacées (restios). De nombreux bulbes composent la strate herbacée tels que les watsonias, les lis, les iris et les amaryllis. Ces milieux sont composés pour 68 % d'espèces endémiques avec souvent des espèces différentes dans chacun des chaînons montagneux.
Les protées attirent l'attention des botanistes qui visitent le Cap dès les années 1600 et beaucoup d'espèces sont introduites en Europe au XVIIIe siècle. Linné enverra en 1772, un de ses étudiants Carl Peter Thunberg (1743-1828) pour explorer la flore sud-africaine jugée parmi les plus riches au monde (note 2). Un herbier est constitué 3 ans plus tard. Les premières graines de Protea sont envoyées en Europe notamment à l'Angleterre mais c'est Joséphine de Beauharnais (1763-1814), épouse de Napoléon Bonaparte qui cultive en France dans les serres de Malmaison, les premières protées. Elle charge ensuite un horticulteur de rapporter de nouvelles graines du Cap.
Note 1 : la distinction de ses 2 sous-familles vient globalement de la déhiscence ou pas de leurs fruits. Chez les Protéoidées, les fruits secs à charnus restent fermés longtemps (indéhiscents), contiennent 1 ou 2 grosses graines dispersées par les animaux et les fleurs sont solitaires. Chez les Grevilloidées, les fleurs sont par paire, les fruits sont généralement des follicules à graines ailées dispersées par le vent.
Note 2 : 2 600 espèces de plantes à fleurs occupent la péninsule du Cap sur une surface de 500 km². Chez nous le département français des Alpes-Maritimes, le plus riche au niveau floristique, offre le même nombre d'espèces sur une surface presque 10 fois plus grande soit 4 000 km².
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